CHAPITRE 10

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À ma grande surprise, c'était mon frère aîné et ma mère. En les voyant, Collet sortit immédiatement de la chambre. Comme toujours, mon frère aîné arborait ce visage si sévère. Ma mère se précipita sur moi, et en la voyant, j'eus les larmes aux yeux. Elle se mit à pleurer et à rendre grâce au ciel. Elle me touchait partout pour vérifier si c'était vraiment moi. Mon frère, quant à lui, restait toujours aussi imperturbable.

- Tu pourrais sourire un peu, vu le fait que je suis vivant, lui ai-je lancé. Il s'approcha, s'arrêta à l'autre bout du lit, et me fixa du regard.

- Lisa, c'est ça, hein ? me demanda-t-il.Je ne savais pas trop quoi faire de cette phrase. J'étais perplexe. Quant à ma mère, elle continuait de remercier le ciel pour ma guérison.

- Quand je pense qu'à l'époque, tu es entré en conflit avec père et que tu avais quitté précipitamment la maison pour t'installer avec elle.

- Oui, ai-je répondu timidement. En fin de compte, mon défunt père avait fini par avoir raison.

- Je suis désolé, maman, ai-je marmonné en la regardant.

- Ne le sois pas, le Seigneur t'a finalement rendu à nous, m'a-t-elle dit en souriant.Mon frère fit alors un long soupir, et je le regardai immédiatement.

- Qu'y a-t-il ? lui ai-je demandé.

- L'amour, la passion, la jeunesse, quel gâchis. Dieu merci, tu t'es réveillé, m'a-t-il répondu en souriant.

Je fus complètement surpris. Ce n'était pas du genre de mon frère de réagir ainsi. Ma mère, ok. Elle a toujours eu tendance à voir la vie du bon côté. Mais mon frère, c'était plutôt l'inverse. D'abord Collet, et ensuite l'attitude de mon frère. Que s'est-il passé pendant les quelques mois que j'ai passés dans le coma ?

Mon frère ne dit pratiquement plus rien par la suite. Toute la discussion se faisait entre ma mère et moi. Il se fit très vite tard, et Muriel vint nous interrompre. Selon elle, il fallait que je me repose. Ma mère et elle se connaissaient déjà, et à ma grande surprise, elles se mirent à se parler comme de vieilles amies.

- Un mois à veiller tous les deux chaque jour à ton chevet, à force, des liens se tissent, me dit mon frère en souriant avant que tous ne sortent.

Je restai un moment allongé dans le noir, à penser à la chance que j'avais d'être encore vivant. Depuis Lisa, j'ai longtemps marché seul. J'ai laissé mon âme s'effondrer. Je passais mes nuits à lui crier mon amour, complètement saoul. Je me suis assez offert à elle. Il est temps que je m'offre à la vie.

Le lendemain matin, en ouvrant les yeux, Muriel était assise à mes côtés. Elle fredonnait un air très envoûtant, les yeux rivés sur son téléphone. En me voyant me réveiller, elle arrêta et me sourit. Elle se leva et vérifia que j'allais bien, me posant une multitude de questions. Face à elle, j'avais honte d'être allongé dans ce lit. Quelques minutes plus tard, une autre infirmière m'envoya mon petit-déjeuner, mais au moment où j'allais le manger, Muriel m'interrompit.

- Vous aimez la nourriture des hôpitaux, vous ?

- Pas plus que tout le monde, lui répondis-je.

- Attendez, j'ai une surprise pour vous, me dit-elle en grimaçant.Elle sortit de son sac des barquettes pour emporter.

- Regardez, je vous ai fait tous vos repas de la journée.

- Sérieux ? Il ne fallait pas.

- Ce n'est pas grand-chose. Je ne suis pas un chef, mais ça doit être mieux que la nourriture de la cafétéria. Enfin, je crois.

SAYONARA (ADIEU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant