CHAPITRE 4

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J'ai souri et enchaîné.

- Vous rigolez ?

- Votre ami et moi avons beaucoup parlé avant son départ, et il m'a expliqué votre situation.

- Ah ! Il a fait ça.

Elle regarda autour d'elle, balaya ma chambre du regard avec tous ces sachets plastiques remplis de déchets qui traînent partout, je crois qu'elle s'est habituée à l'odeur.

- Oui, mais il ignorait le fait que l'on vient à peine de se connaître, il semblait être très inquiet pour vous.

Toujours avec la même expression, je lui répondis.

- Ah ! Je vois.

Elle me regarda et me dit :

- C'est bien une rupture qui vous a mis dans un tel état ?

La tête toujours baissée, avec un air déconcerté, je fis un petit sourire gêné, j'ignorais l'expression de son visage, j'avais du mal à la regarder. Je lui répondis alors :

- Vous devez me trouver bien pathétique, je ne crois pas que l'on se ressemble.

Contre toute attente, elle me répondit :

- Moi aussi, j'ai déprimé, moi aussi, je voulais mourir, moi aussi, je détestais le monde entier, moi aussi, je souhaitais remonter le temps, j'ai même perdu 15 kilos dans cette histoire.

- Oui ! Je sais ce que c'est de souffrir, et je sais reconnaître quelqu'un qui souffre aussi.

Je ne savais pas quoi dire. J'étais surpris, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde ainsi.

Je relevai ma tête avec un air surpris et lui demandai :

- Vous allez bien maintenant ?

- Je n'ai pas totalement guéri, mais je peux dire que ça va, avec un sourire sincère.

Me répondit-elle.

En relevant la tête, je pus voir son visage, éclairé par la lumière obscure de la lune, et elle avait le sourire.

- C'étaient donc ça, ces cernes. Me suis-je dit.

- Et vous, où en êtes-vous ? Me demanda-t-elle aussitôt.

Je sentis immédiatement le vent frais qui entrait par la fenêtre, ça me gênait de parler de ça avec elle, moi qui ai toujours été très pudique.

Je sentis l'ombre du rideau de la chambre danser sur moi au rythme du vent.

Nous étions assis face à face avec la lumière de la nuit comme seul éclairage, les yeux dans les yeux, son regard ne lâchait pas le mien.

- Je... Je me demande comment l'oublier. Cette phrase m'échappa sous la pression.

- Vous ne pourrez jamais oublier, pardonner peut-être, passer à autre chose peut-être, mais jamais oublier. Je suis désolée. Me répondit-elle.Sa phrase avait un semblant de vérité, un semblant de désillusion, une vérité que je ne pouvais pas admettre.

- Dommage ! J'aurais tellement souhaité pouvoir tout oublier.

À ma grande surprise, la main de Muriel était sur la mienne. Ma tête baissée, mes larmes tombaient sur sa main. Elle mit ensuite l'autre main sur ma joue et souleva doucement ma tête pour me regarder dans les yeux, puis elle me dit :

- Amnésique ? m'a-t-elle demandé en me coupant.

- Oui, j'aurais voulu être amnésique volontairement. Lui ai-je répondu la tête baissée.L'air commença à se rafraîchir dans cette chambre sombre.

SAYONARA (ADIEU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant