Chapitre 7: Drôle de coïncidence...

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« Tu joues ? »

Je ne suis pas épuisé au point de manquer que son corps se crispe tout entier à mes paroles.

Néanmoins, je ne change pas d'envie, et attend plein d'espoir sa réponse.

« Je suis occupée » souffle-t'elle, en redressant son appareil photo pour me le mettre sous le nez.

Bien sûr qu'elle bosse, puisqu'à chaque fois que le jeu me l'a permit, je lui ai jeté des coups d'œil à la dérobée. J'ai admiré son beau visage concentré, alors qu'elle mitraillait les petits avec son objectif, le léger sourire qui flottait sur ses lèvres....

Sourire qui a bien évidement disparu depuis que je suis en face d'elle.
Ses lèvres sont pincées l'une contre l'autre, ses sourcils légèrement froncés témoignent de son malaise, et ses prunelles sont de couleur si glacée qu'elles me donnent froid dans le dos.
Qu'ai-je bien pu faire pour mériter sa haine si soudainement ?

J'essaye de percer la carapace qu'elle s'est construite lentement mais sûrement, depuis des années.
Je peux comprendre qu'elle veuille fermer son monde, en réalité. L'armure que je me suis moi-même créé m'a beaucoup aidé, surtout ses derniers temps.
Mais là je suis frustré qu'elle ne me laisse pas approcher.

Une armure c'est bien, mais il faut savoir laisser certaines personnes se glisser à l'intérieur.
C'est pour cela que, aussi dragueur et grande gueule que je suis, je ne peux m'empêcher de parler à ma mère de mes problèmes.
Elle me protège de ma solitude, en quelque sorte, puisqu'au final j'ai l'impression parfois de ne pas avoir de vrais amis sur qui compter.

Brian et Ash sont sympas, l'équipe de basket aussi, mais ce ne sont rien d'autre que des personnes avec qui je traine.
Malheureusement, quand on fait partie de « l'élite » il y'a toujours une notion de domination, des liens teintés de jalousie... Nous sommes des rapaces ou des fauves qui restent en meute pour être les alphas, mais nous pouvons tout aussi bien nous déchirer, comme des lions se jetteraient sur le dernier morceau de viande.

Je reviens sur terre alors qu'Amber réfléchit toujours à ma proposition.
Je pense qu'elle cherche les mots pour me dire non, mais sans trop attirer l'attention des membres du journal.

Si elle me hurle dessus violemment, ils n'hésiterons pas à sauter sur le potin qui se cache là-dessous. Je vois déjà le gros titre :
« Amber Cleins rembarre le mec le plus populaire du lycée : Une histoire d'amour cachée ? »

Je mentirais si je disais que je ne suis pas encore choqué de la claque mentale que je me suis pris ce matin.
Cette fille si timide m'a ignoré toute la journée, et moi je suis bien trop accro à elle.

J'aimerais être indigné, mais en même temps ce jeu m'excite.

Le défi devient chaque jour de plus en plus difficile :
Ses expressions sont comme un puzzle, un secret.
J'ai à peine eu le temps de décrypter la première qu'elle passe à la seconde.

« Tu as peur de ne pas savoir jouer » je la taquine, pour briser le silence.

Ses sourcils se froncent, et soudain une lueur de défi traverse ses iris ambrées.

« Je n'ai pas peur. Je sais que je suis nulle. »

Je rigole : « Tu ne peux pas savoir tant que tu n'as pas essayé. »

Mes yeux ne lâchent pas les siens, et j'ai un mal fou à retenir mon sourire qui s'élargit d'une oreille à l'autre.
J'avais oublié à quel point la taquiner est stimulant.

La Voleuse de Secrets Where stories live. Discover now