"Caricatures du prophète"

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La polémique des "caricatures du prophète" n'est que l'arbre sensationnaliste qui cache la forêt d'incompréhension et d'intolérance qu'est notre monde après des siècles de tabous sur l'esclavage, les génocides et le racisme plus ou moins légitimé ...

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La polémique des "caricatures du prophète" n'est que l'arbre sensationnaliste qui cache la forêt d'incompréhension et d'intolérance qu'est notre monde après des siècles de tabous sur l'esclavage, les génocides et le racisme plus ou moins légitimé par des société égalitaires et donc iniques, puisque niant les injustices de fait.


Et on se perd en accusations contre les laïcards provocateurs ou les musulmans fanatiques sans voir que le problème vient d'un défaut de vivre ensemble parce qu'on n'a plus de projet commun ni même d'héritage, à force de tout ramener au pouvoir d'achat, à la croissance économique et à l'argent. A mort la culture, l'histoire, les sciences et l'art qui font le ciment de notre humanité grâce au partage et à l'échange. N'oublions pas que de nombreux grands savants à qui l'on doit que l'humanité ait grandi en sagesse étaient juifs, musulmans, chinois, indiens, arabes, noirs... Notre présent, on le doit aux générations passées de toutes époques et de toutes origines. Mais les programmes scolaires et les médias font la part belle à l'histoire du pays, laissant dans l'angle mort 99% du reste du réel.


Il est essentiel pour pouvoir enseigner à des jeunes de se mettre à leur niveau, de leur parler d'eux. Ensuite on peut élargir en partant de ce qui les constitue. Utiliser un support qui les touche est évidemment essentiel.


Les caricatures de Charlie Hebdo ne se moquent pas : elles dénoncent par l'humour et la satire. Les "caricatures du prophète" est un raccourci médiatique et populaire pour désigner des dessins ridiculisant les terroristes et ceux qui, affiliés à eux, prétendent tuer pour leur foi alors qu'ils font le jeu de criminels et de gourous qui ne visent que leurs profits.


Cela fait des millénaires qu'on se moque des travers de personnes caricaturales pour faire comprendre les danger du vice, du fanatisme, de l'hypocrisie. Il n'y a qu'à penser au "Tartuffe" de Molière, qu'il ne viendrait à personne aujourd'hui de critiquer, et qui pourtant a été censuré au début parce que l'Eglise se sentait insultée.


Les caricatures sont un outil d'éducation populaire, parce que l'immédiateté du trait touche les non-lecteurs, et que l'humour accroche et fait réagir, donc implique, engage. Mais il faut néanmoins utiliser sa tête pour comprendre le message. On aime ou on n'aime pas cette technique, mais elle existe depuis des siècles, pour le meilleur et pour le pire, et il est tout aussi essentiel à l'école d'enseigner les mécanismes de ce moyen d'expression que de déconditionner les croyances et mauvaises informations qui circulent, tout comme il est vital de combattre la radicalisation et le communautarisme, qu'il soit "islamiste", misogyne, raciste ou homophobe.


La liberté d'expression est la condition sine qua non pour faire société, se rencontrer et créer du lien. Mais cette liberté d'expression n'est pas l'impunité de celui qui diffame ou calomnie : c'est la garantie de pouvoir exprimer ce qui est important pour nous afin d'exister au monde, mais ça devrait surtout être la posture de chacun face aux ressentis et opinions de tous : écouter, accueillir, discuter, argumenter, s'opposer. Voilà les facteurs sains d'une démocratie en bonne santé. Le silence, le jugement, la haine, l'injure et le tabous en sont les maladies létales. Dont nous succombons à petits-feux.

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