Poème - La retraite

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Elle a soudain cessé de vouloir expliquer :

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Elle a soudain cessé de vouloir expliquer :

À trop se justifier, on cesse d'exister.


Elle a posé sa craie et rangé ses affaires.

Elle a continué sans cesser de se taire.


Elle ne savait pas, ne pensait plus à rien,

Sinon que ça suffit, que tout ça était vain.


Elle a mis son manteau, et, sans les regarder,

Tous ces jeunes qu'on pousse à devenir adultes

Pour redresser nos torts mais que l'on fait incultes,

Elle s'est redressée pour enfin hésiter.


Quarante ans à servir, à s'éreinter sans cesse

Pour ouvrir l'avenir à toute la jeunesse,

Mais l'opprobre et l'argent, mais le monde et le temps,

Le mépris, les rumeurs, les profits, la douleur,

Le gâchis, la fureur, l'incurie, la torpeur,

La fatigue et le sang, le peuple indifférent.


Quarante ans sans faillir, mais quarante ans d'échec,

Puisque cet avenir ne vaut pas un kopeck.

Il est temps de partir et de tomber le masque :

L'École est en sursis sous cravate et matraque.


Elle a pris son manteau et regardé la porte,

Sa retraite indécente et le mépris public.

Toujours la bienveillance imposée par le fric

Nourrit la maltraitance et finit de la sorte.


Elle a pris une chaise, et, près du radiateur,

Elle l'a déposée et ouvert la fenêtre.

Le printemps gazouillait sous les bruits de moteur,

Et le ciel bleu entrait tout au fond de son être.


Si seuls les écrits restent, que les mots s'envolent,

Alors la voix des profs que nul n'écoute plus

Enjambe le murets et chevauche les nues

Pour s'élever enfin loin de ce qui désole.


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