Elle a soudain cessé de vouloir expliquer :À trop se justifier, on cesse d'exister.
Elle a posé sa craie et rangé ses affaires.
Elle a continué sans cesser de se taire.
Elle ne savait pas, ne pensait plus à rien,
Sinon que ça suffit, que tout ça était vain.
Elle a mis son manteau, et, sans les regarder,
Tous ces jeunes qu'on pousse à devenir adultes
Pour redresser nos torts mais que l'on fait incultes,
Elle s'est redressée pour enfin hésiter.
Quarante ans à servir, à s'éreinter sans cesse
Pour ouvrir l'avenir à toute la jeunesse,
Mais l'opprobre et l'argent, mais le monde et le temps,
Le mépris, les rumeurs, les profits, la douleur,
Le gâchis, la fureur, l'incurie, la torpeur,
La fatigue et le sang, le peuple indifférent.
Quarante ans sans faillir, mais quarante ans d'échec,
Puisque cet avenir ne vaut pas un kopeck.
Il est temps de partir et de tomber le masque :
L'École est en sursis sous cravate et matraque.
Elle a pris son manteau et regardé la porte,
Sa retraite indécente et le mépris public.
Toujours la bienveillance imposée par le fric
Nourrit la maltraitance et finit de la sorte.
Elle a pris une chaise, et, près du radiateur,
Elle l'a déposée et ouvert la fenêtre.
Le printemps gazouillait sous les bruits de moteur,
Et le ciel bleu entrait tout au fond de son être.
Si seuls les écrits restent, que les mots s'envolent,
Alors la voix des profs que nul n'écoute plus
Enjambe le murets et chevauche les nues
Pour s'élever enfin loin de ce qui désole.
https://www.facebook.com/ProfesseurTsunami/posts/270470398603810
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Les derniers capétiens
RandomJetés à bas de leur piédestal, les capétiens et leurs hussards de la République essuient les quolibets en place publique et finissent au pilori dès qu'ils osent redresser l'échine. Récit d'un capétien déchu, vraiment très déchu par l'exercice du pou...