On les voue au bûcher
Pour n'être pas champions
De nos désirs muets
Et nos rêvolutions.
On leur refuse aussi
Nos voix, nos sous, nos poings,
Tout en étant aigris
Qu'ils n'arrivent à rien.
On laisse à quelques-uns
Le soin de nous sauver,
Le devoir de lutter,
Sans nous salir les mains.
Pourtant, à leurs côtés,
Nos aïeux ont gagné
Le chômage et la paie,
La sécu, les congés.
Partout où l'ouvrier
A su lever le poing
Parmi tous ses copains,
Il a su triompher.
Seul le prof en monarque
Règne sur son estrade,
Et son sort se dégrade
Dans un monde qui craque.
Il est seul au tableau
Pour sa récitation
Et gagne son zéro
Faute de rébellion.
Il s'est porté en faute
À se taire à la marge,
Et quand venait le vote,
Il a voté en barge...
L'École a fait son temps,
Et plus rien ne la porte :
Ni un commun élan
Ni la peur des cloportes.
Alors on rampe aussi
Pour jouer aux vivants,
Mais le soulier d'argent
Nous broie de son mépris.
***
Illustration :
Grève de mineurs dans le Pas-de-Calais en 1906 (illustration du "Petit Journal")
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Les derniers capétiens
RandomJetés à bas de leur piédestal, les capétiens et leurs hussards de la République essuient les quolibets en place publique et finissent au pilori dès qu'ils osent redresser l'échine. Récit d'un capétien déchu, vraiment très déchu par l'exercice du pou...