- Tu comptes partir quand ? lui ai-je demandé.

- Tu m'accordes combien de temps ?

- Cinq minutes ! Cinq minutes pour quitter ma maison ! ai-je dit.

Elle s'est levée aussitôt, est allée vers son placard, l'a ouvert et a pris ses valises qui étaient déjà faites.

- Je n'y crois pas, me suis-je dit. Elle compte vraiment me quitter, me suis-je dit à cet instant.

- Depuis quand tu penses à partir ? Lui ai-je demandé.

- Cela n'a pas d'importance, m'a-t-elle répondu sèchement.

Elle se tenait debout derrière moi, de l'autre côté du lit, devant la porte de la chambre avec ses bagages toutes faites. Quelle garce ! Moi, j'étais là, assis par terre adossé au lit, les yeux fixant la lune qui me semblait être devenue grise tout à coup.Je sentais que Lisa me parlait, mais je n'entendais rien. J'étais plus attentif au son du vent qui entrait par la fenêtre qu'au son de sa voix. J'étais là, fixant le vide.

C'était comme dans le pire de mes cauchemars. Je voulais me réveiller. Je ne me rendis même pas compte quand elle est partie.Cette nuit-là, dans cette chambre sombre, tout s'est effondré autour de moi : mes rêves, mes espérances, mes efforts, mes croyances, ma patience, mon avenir, tout est parti avec elles.

À cette époque, tout ce que je voulais, c'était pouvoir remonter le temps et effacer cet incident de notre histoire. Mais aujourd'hui, je veux qu'elles ressentent mille fois chacune des douleurs que j'ai pu ressentir.

- Lisa, ai-je marmonné avant d'ouvrir les yeux. Mon regard croisa à ce moment celui de Collet, mon ami d'enfance.

- J'espère qu'il ne m'a pas entendu, me suis-je dit. Je suis toujours aussi lamentable, penser à ces événements pendant que je suis dans un bar avec mes amis. Quel homme pathétique je fais.

- Ça va ? m'a demandé Collet.

- Oui, oui, ne t'inquiète pas, ai-je répondu. Putain, il m'a entendu. Je parie qu'il doit se dire que c'est le bordel dans ma tête actuellement.

- Tu devrais rentrer, m'a-t-il dit avec l'air inquiet.

- T'as raison, je crois que je vais rentrer, ai-je répondu.

- Quoi, tu rentres déjà ? s'est écrié Franck, avec l'air étonné en me voyant me lever.

- Ce n'est pas vrai, Dionysos nous quitte déjà, a-t-il enchaîné pendant que les autres se tordaient de rire. En partant, je voyais Collet qui tentait de les empêcher de me retenir. D'un autre côté, c'est le seul qui sait par quoi je passe actuellement.

Une fois la porte du bar franchie, je me suis rendu compte que Franck n'avait pas tort. Dionysos, le dieu grec du vin, je mérite très bien ce surnom. Depuis ma rupture, j'enchaîne les soirées au bar, soir après soir.

Je rentre complètement ivre tous les soirs. En rentrant, je me suis rendu compte que la route était étonnamment vide, aucune voiture à l'horizon, et la nuit régnait sur la ville. Le sol était mouillé. Il avait sans doute plu pendant que j'étais au bar.

Je marchais, un pas après l'autre. J'essayais d'être le plus droit possible, mais c'était impossible. Je titubais comme un fou. En passant, une voiture m'a éclaboussé. J'ai voulu me retourner pour insulter le chauffeur quand le souvenir de la dernière fois où j'ai été éclaboussé ainsi m'est venu à l'esprit. C'était il y a très longtemps, quand j'étais encore avec Lisa.

- Non, pas maintenant. Pourquoi ? Pourquoi dois-je toujours me rappeler de ces moments passés avec elle ? Pourquoi ces souvenirs où elle est présente me hantent-ils tant ? me suis-je demandé avant de commencer à pleurer. J'avais mal à la gorge et mon cœur me serrait. J'avais l'impression qu'il se pliait en deux, et cette sensation d'étouffement refaisait surface.

Une fois de plus, j'étais en train de pleurer comme un gosse dans une rue déserte, pour une femme, cette femme qui m'a quitté sans jamais regarder derrière elle. Certains des lampadaires au-dessus de ma tête avaient du mal à rester allumés et clignotaient. Avec ma vision trouble, à chaque fois qu'ils s'éteignaient, je marchais dans une flaque d'eau, mais cela ne me dérangeait pas. J'en avais l'habitude maintenant.Depuis Lisa, ma vie n'a plus jamais été la même.

Tel un vampire, elle m'a pris tout le sang qu'elle voulait et m'a laissé pour mort. Depuis elle, je marche seul sans savoir où je vais, moi qui avais tout donné à la vie pour me construire un bel avenir, mais tous mes rêves ne sont désormais qu'un mirage, et rien de plus. Le bruit de mes pas résonnait au son de mes pensées sur cette route complètement déserte.

Les larmes qui coulaient à flots sur mes joues n'arrangeaient rien pour moi qui voulais à tout prix oublier le passé. Je ne savais plus depuis combien de temps je marchais. C'est quand j'ai vu le bus me dépasser que je me suis rendu compte que j'avais oublié de 

m'arrêter à l'arrêt de bus.

- Merde...

Et tout ça, c'est à cause de ces fichus souvenirs qui me torturent. Je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi je suis aussi mal. J'ai pourtant renoncé à elle, alors pourquoi je ne suis pas en paix ?

Je me suis arrêté, mais mes larmes coulaient toujours. Tout à coup, j'ai crié :"JE T'AIME, JE T'AIME, JE T'AIME, JE T'AIME LISA, REVIENS !" J'ai été surpris de l'avoir crié aussi fort.

Mais je l'ai crié encore et encore et encore...

- JE T'AIME LISA, JE T'AIME LISA, JE T'AIME LISA, JE T'AIME LISA, JE T'AIME LISA... J'ignore combien de fois je l'ai fait, mais à ma grande surprise, j'étais au pied de mon immeuble. J'étais complètement essoufflé.

J'étais tellement perdu qu'en j'en oubliais même que mon immeuble avait un ascenseur. J'ai gravi les 12 étages qui séparaient le rez-de-chaussée de mon étage par les escaliers. Arrivé devant la porte de mon appartement, j'avais du mal à l'ouvrir. La clé avait du mal à entrer dans la serrure. Je visais toujours à côté, lorsque l'ascenseur qui se trouvait au bout du couloir s'ouvrit et une personne en sortit.

Je voyais trop flou pour pouvoir distinguer la personne en question, mais j'entendais le bruit de ses pas se rapprocher de moi. La personne passa derrière moi, j'entendis le bruit de son jeu de clés.

- Bonsoir, ai-je entendu. La voix me sembla être féminine.

- Bonsoir, ai-je tenté de prononcer. J'ai finalement réussi à ouvrir la porte de mon appartement. Après l'avoir fermée derrière moi, je marchais en titubant jusqu'aux escaliers, en passant devant la cuisine et en traversant le salon. Je les gravis avec encore plus de difficulté que ceux de mon immeuble. Arrivé à l'étage de l'appartement, je me rendis directement dans ma chambre et m'écroulai sur mon lit.

SAYONARA (ADIEU)Where stories live. Discover now