Chapitre 31 : L'ultime vision

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Citadelle d'Elhant, 29e jour de Novram, soir

Citadelle d'Elhant, 29e jour de Novram, soir

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Bjorn

Les soldats nous emmenèrent de force dans les profondeurs du palais. Ils portèrent Crysta derrière moi, inconsciente, dans les escaliers en colimaçon, ne cherchant même pas à savoir ce qui lui arrivait. Un sentiment mêlé d'admiration et d'amertume me gagna lorsque je repensai au courage dont elle avait fait preuve depuis que je la connaissais. Même face à la mort, sa vaillance ne l'abandonnait pas. J'aurais tellement voulu être celui qui se battait pour elle autant qu'elle se démenait pour moi. Celui qui trouve un moyen de nous sortir de cette impasse.

Au lieu de ça, nous avions échoué. Tous les deux. Lamentablement.

Les cachots se trouvaient en dehors du bâtiment royal dans une aile souterraine du côté est. Je ne comptai pas le nombre de marches pour y arriver, plutôt les secondes durant lesquelles Crysta gardait les yeux clos. Je ne tentai pas de reprendre mon souffle, guettant à la place le sien, le cœur battant d'angoisse. Dans les bras des gardes, sa tête dodelinait dans le vide. Mes lèvres pincées la suppliaient silencieusement de revenir à elle.

- Regarde devant toi, le nain !

La frappe cueillit l'arrière de mon crâne d'un coup brutal. Je détournai mon attention, luttant contre la fureur qui sommeillait en moi. Luttant contre l'envie de veiller sur elle malgré les menaces des soldats. Mais mon imprudence à vouloir la protéger pourrait lui coûter encore plus cher. L'impassibilité était ma meilleure arme...

Nous débouchâmes sur un long couloir où l'égouttement agaçant des perles humides accompagna mes pas comme un chant de défaite. Un son rythmé et sinistre jusqu'à notre dernier lieu, celui de notre dernière nuit.

En marchant, je ressentis la chaleur brûlante des torches enflammées sur mon visage. La couleur du feu se répercutait sur les parois du tunnel. Un halo doré et frémissant dans la pénombre. Nous rejoignîmes Nofavrell, déjà enfermé. La mine abattue, il faisait les cent pas comme un animal en cage. Il se redressa à notre arrivée.

- On t'amène de la compagnie, l'elfe, dit un des gardes en détachant mes liens.

- Comme c'est attentionné de votre part, approuva notre guide avec sarcasme. Les murs ne sont pas très bavards. Je vous avoue que je commençais à trouver le temps long.

La porte grillagée s 'ouvrit et l'homme me poussa sans ménagement dans un cachot juste à côté de celui de l'elfe. Puis, ils s'occupèrent de Crysta. Ils l'allongèrent sur la pierre froide dans la cellule d'en face sans la moindre once de confort. Un cliquetis métallique retentit, signifiant qu'ils scellaient les serrures.

Avant de quitter l'endroit, un des individus balança à chacun de nous une assiette débordante d'une potée peu ragoûtante.

- Avec les compliments de Rayën, je vous souhaite un bon appétit, messieurs, persifla-t- il. Profitez bien de chaque bouchée surtout...

L'avènement de l'ombre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant