"Une humaine au destin scellé dans une pierre d'opale, un nain au passé sombre et un elfe qui casse les codes de la bienséance et n'a pas sa langue dans sa poche..."
Tous les ans à Azoria, le temple des guerriers de la rune ouvre ses portes à quatr...
Temple des guerriers de la rune, 8e jour de Septria, matin
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Crysta
C'est à l'aube naissante que je me retrouvai devant le sentier menant au temple. J'avais passé le reste de la nuit non loin de l'entrée, dans une clairière à proximité. Ma fatigue avait fini par prendre le dessus sur mon chagrin. Tamra ne m'avait pas suivie. Mais je soupçonnais le loup blanc de se trouver dans les parages. Je ressentais sa présence. Il continuait de m'accompagner tout en gardant ses distances.
Coiffée de ma capuche, je m'avançai vers la bâtisse, l'esprit en pagaille. Une multitude de sentiments contradictoires se livraient bataille dans ma tête : une colère envahissante, dominée par un désir de vengeance plus grand encore. Et aussi, je ne pouvais le nier, de la fierté mélangée à de l'excitation.
L'éclat du soleil levant enflammait déjà le ciel. Ses multiples nuances dorées et rosées s'imposaient sous les dernières clartés indigo de la nuit. De part et d'autre du chemin, de grandes plaines servaient de terrain d'entraînement. Leurs cibles disposées en parallèle ressemblaient à des sentinelles immobiles. Plus loin, je devinai les tentes colorées des apprentis disposées à l'avant de la cour de cérémonie. À l'est, des forêts de feuillus et de conifères, parsemaient le paysage d'un tapis vert foncé, presque noir. Derrière cette nature sauvage s'élevait le reste de la crête des Montagnes d'Ébène. Elles étendaient leur noirceur au-dessus des arbres.
Mes pas s'arrêtèrent devant l'immense porte en chêne. Elle me surplombait de toute sa hauteur. Les rayons du jour accrochèrent sa surface boisée et je pus l'admirer dans toute sa magnificence. Travaillées à la main, de fines gravures de lierre décoraient chaque coin. Les quatre blasons des nations trônaient en son centre, reconnaissables malgré l'entrelacs de dessins compliqués qui les entouraient.
Un heurtoir en forme de gueule de dragon n'attendait qu'un geste de ma part.
Mon souffle saccadé s'échappa d' entre mes lèvres en plusieurs nuages de buée opaque. Ma main resta en suspens au-dessus de la poignée et le doute s'appropria mon courage.
Depuis des années, je rêvais de me retrouver devant cette entrée. Maintenant que j'y étais, mes doigts refusaient de m'obéir. Un nœud se forma dans mon ventre. Baldric me donnerait sans doute un coup de pied en remarquant mon hésitation. Je l'entendais presque me sermonner :
Tu touches ton rêve du bout des doigts , Crysta, vas-y fonce et ne regarde pas en arrière.
Mon cœur se gonfla de bravoure à cette pensée. Je ne pouvais pas reculer.
Tandis que je prenais une profonde inspiration pour me lancer, de grandes torches s'embrasèrent l'une après l'autre comme par enchantement. Une allée de feu se mit à chatoyer de part et d'autre sur les parois de l'enceinte du temple. Puis, dans un grincement lourd, la porte s'ouvrit lentement sur un homme vêtu d'une longue cape bleu nuit flottant derrière lui.
