Chapitre 22 : Les blessures du passé

446 37 461
                                    

Bois de Krynn, 12e jour de Novram, fin de journée

Bois de Krynn, 12e jour de Novram, fin de journée

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Crysta


Les paroles de Bjorn m'arrachèrent à mes pensées. Je le regardai, interloquée par ses propos.

- Comme toi, ma colère a pris le dessus un jour, expliqua-t-il le regard fuyant. Ça s'est passé peu de temps avant mon entrée au temple. Deux ans après la mort de mon père. Il adorait son métier. C'était un machiniste, un assembleur de fer. Le plus réputé de la baie de Tenavra. Il s'occupait de créer des machines combinant le fer et l'eau. Les engins qu'il créait permettaient de remonter les chariots de joyaux en limitant les efforts des gravilleurs, ceux qui piochent dans les mines. Il aspirait toujours à trouver quelque chose qui puisse les soulager dans leur tâche.

Il marqua une pause, son visage s'assombrit puis il sourit tristement à l'évocation de ses souvenirs.

- Je me souviens qu'il passait parfois des après-midi entiers, jusqu'à la tombée de la nuit, affairé à son atelier. Assemblant des centaines et des centaines de mètres de cuivre et de fer. Il m'a raconté que bien avant ma naissance, lors d'un festival, il a présenté les plans de ses machines. Le roi Hangôr lui-même a entendu parler de lui, il lui a même proposé un travail. Mon père a refusé. En s'engageant pour les nains de Dolgarîn, il aurait dû quitter son village natal et il ne voulait pas quitter ceux qui lui étaient chers. C'est lors de ce festival qu'il a rencontré ma mère...

À l 'évocation de ce terme, sa voix se brisa. Il me considéra un instant, les yeux humides. Sa peine me gagna comme un torrent d'écumes dans un océan paisible. Je voulus rapprocher ma main de la sienne, mais il se décala pour l'éviter.

- Elle s'appelle Serendil et vient de Fraïn, murmura-t-il en regardant les gorges du ravin.

L'étonnement crispa mes traits. Je l'observais, interdite.

- Tu as donc compris ce que je suis vraiment ? devina-t-il en me fixant avec intensité.

Il n'attendit pas ma réponse et ses iris bruns parurent devenir noirs, se dérobant de nouveau pour échapper aux miens.

- Un demi-elfe. Mi-nain, mi-elfe. Voilà ce que je suis. C'est pour ça que je suis plus grand que la normale. J'ai hérité de la grandeur de ma mère.

Il serra les poings et la rancœur perça dans ses paroles quand il poursuivit :

- La différence c'est que ce n'est pas vraiment ma mère, non. Une mère n'aurait jamais laissé son enfant grandir seul sans chercher à le revoir. Dès l'instant où il l'a vue, mon père en est tombé fou amoureux. Il a tout fait pour attirer son attention. Peu à peu, ils ont lié une amitié très proche, puis finalement ils sont devenus plus que ça. Pendant plusieurs mois, ils ont été heureux ensemble. Il lui a demandé de l'épouser, mais Serendil a toujours refusé à cause de leur différence raciale. Pour subvenir à ses besoins, mon père a même finalement accepté de travailler pour le roi Hangôr. Il a signé un contrat pour fournir des machines aux gravilleurs. Et quiconque connaît la cité des nains, sait que le peuple de Dolgarîn paraît s'étendre jusqu'aux racines de la montagne. Autrement dit, mon père devrait travailler jusqu'à sa mort. Quand il a appris la nouvelle, Greymor, mon oncle, lui a tourné le dos. Il ne supportait pas l'idée que son unique frère puisse vivre avec une elfe, une union contre nature selon lui.

L'avènement de l'ombre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant