XVIII. Loft story. [Part 2]

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« - Que veux-tu que je te dise ?

- Je ne sais pas. Tout.

- Il y a tellement de choses à dire, si on part de ce point là.

- Alors commence par le début.

- Mon père a quitté ma mère quand j'avais six ans.

- Pourquoi ? Il l'a trompé ? Je joue timidement avec ma serviette en tissu, de plus belle qualité de la dernière fois, et baisse le regard. J'ai peur de m'aventurer dans une pente qui ne m'intéresse finalement plus tant que ça.

- Non. Par contre ma mère, elle, ne s'en gênait pas. J'ai dû croiser une vingtaine de ses amants quand je vivais chez elle.

Et en un geste maladroit je fais tomber ma serviette. Je rougis bêtement, m'abaisse pour rapidement la reprendre et me racle la gorge. Je suis horriblement gêné et j'aimerais réellement dériver sur un autre sujet. Je n'ai vraiment plus envie d'en savoir tant que ça sur sa vie d'avant...

- Mh, d'accord... Tu sais quel est le menu du jour ?

Je l'entend rire en plaçant sa main contre sa bouche pour étouffer le gloussement. Il se moque de moi ! Ce n'est pas de ma faute, si bien pour la première fois, quelqu'un arrive à me mettre mal à l'aise. Pourtant ce n'est rien... C'est vrai quoi, une femme qui trompe son mari. L'infidélité est tellement devenu anodine de nos jours.

- Non, je ne sais pas non. Ferme les yeux, et pointe un menu au hasard sur la carte, c'est celui-là que tu prendras. Ce sera notre façon à nous de trouver le menu du jour, allez. »

J'hausse les sourcils en le regardant alors qu'il garde son petit sourire malice au coin des lèvres. On dirait un petit enfant tout fier d'avoir trouvé un jeu. Et si je tombe sur un plat complètement ignoble ? Je soupire d'agacement et repose mon attention sur la carte des menus. Je les balaie distraitement du regard avant de fermer les yeux et de faire glisser mon index sur le papier recouvert d'un plastique épais. Je souris, un sourire légèrement retenu parce que, comme Harry, j'ai l'impression d'être un petit enfant. Je finis par poser mon doigt en haut à droite de la carte. Je sens Harry se pencher au dessus de la table en tournanrt légèrement la carte vers lui pour voir mon choix, et ses boucles caressent mon front. Mon sourire s'agrandit légèrement mais se décompose complètement quand je l'entend glousser. J'ai choisi putain ?

« Ouvre les yeux. »

Et quand je m'éxecute, je ne sais même pas si il est possible d'ouvrir plus les yeux comme je l'ai fait. Harry part dans un énorme fou rire alors qu'une grosse moue se dessine sur mon visage. Il n'y a qu'UNE SEULE case où se trouve un plat originaire d'un pays du monde entier, et je tombe sur cette case là. Et bien sûr, le plat originaire des Etats-Unis est pire qu'ignoble.

" La cervelle d'écureuil aux États-Unis : Cette spécialité surtout répandue dans le sud des États-Unis nous rappelle que ce beau pays s'est construit grâce à la détermination de pionniers qui un jour se sont dit : "Oh, un écureuil... Si on lui pétait le crâne pour manger ce qu'il y a dedans?" "

Harry appelle le serveur pour commander deux plats de cervelle d'écureuil et l'employé nous dévisage clairement sans retenu. Plus jamais je n'irais manger dehors avec lui, c'est décidé.

Et alors on le goûte, à ce plat. Et il se classe largement dans le top cinq des pires plats que je n'ai jamais gôuter. Mais ça fait tellement rire Harry ! Et ça le rajeunit tellement aussi. Alors Je le suis, nos rires s'enmmêlent tout au long de la soirée et je me sens incroyablement bien... Et alors qu'on déguste une glace pour faire passer le goût de notre plat principal, je gigote un peu pour enlever mon petit paquet de la grande poche de ma veste. Je fais une légère moue en le voyant froissé sur les côté puis fini par hausser les épaules pour moi-même avant de timidement lui tendre.

Let Me Feel.Where stories live. Discover now