VII. Solitude.

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J'ai toujours vécu solitaire. Je n'ai jamais aimé qui que ce soit, et je ne m'en suis jamais plains. J'ai toujours apprécié la solitude, parce qu'elle au moins, ne déçois jamais.

C'est une valeur sûre.

Et j'ai l'impression que Harry a comprit, tout ça. Tout ce que je pense sur la solitude. Parce qu'il essaye de la repousser le plus possible de moi, je crois. Alors celle-ci reste sur la bas côté durant les moments où Harold m'impose sa présence. Je n'ai toujours pas ouvert son paquet, et quand je le lui annoncé ce midi en répondant à sa question, il affichait cette mine déçue qu'il a souvent auprès de moi. J'ai toujours déçu tout le monde, de toute façon. À force c'est comme tout ce qui m'entoure, ça ne me fait plus aucun effet.

Alors quand je lui ai dis que son "cadeau" trainait toujours dans la commode de ma chambre, il m'a tourné le dos et est reparti à son cours. Parce qu'il venait souvent me parler pendant la pause déjeuner, moi qui déjeunais toujours avec solitude sur un banc. Comme aujourd'hui. Je suis assis là, avec mon sandwich au crudité ignoble entre les mains. Je ne suis pas bon cuisinier, et Harry le sait. Parce que quand il venait manger avec moi, on partageait son déjeuner à lui, mais pas cette fois-ci.

« - Qui voilà ? Tomlinson !

Je remonte mes yeux vers l'individu qui m'adresse la parole, l'air complètement lasse. Le basané que je n'avais plus croisé depuis presque trois semaine, se tenait devant moi les poins serrés et un sourire narquois attaché au visage.

- Alors, la cure de désintox, c'était cool ?

Son regard s'assombrit et me fait sourire intérieurement. J'ai l'impression de me nourrir de sa haine, quelques fois.

- Tu cherches vraiment à ce que je t'en fou une, hein ?

- Oh oui, frappe-moi ! »

Le sarcasme et la débilité empeste à plus d'un kilomètre à la ronde de cette conversation. Si Harry aurait été là il m'aurait surement soufflé un état émotionnelle à l'oreille, comme d'habitude. Sauf aujourd'hui.

Alors que je posais mon sandwich sur le banc, je sentis des mains entourer mon col et me soulever d'un coup sec. J'ai l'impression d'être dans un de ces films d'action où l'homme prend sa vengeance en tuant le méchant de l'histoire. Parce que sa force est semblable à celle que les acteurs ont dans ce genre de film, sauf que là rien n'est joué. Tout est vrai. Mais je n'en ai que peut faire, après tout. Il approche son visage du mien, essayant surement de desceller une once de peur dans mon regard.

« - Tu tiens pas à ta vie toi.

Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres des miennes. Son haleine se percutait sur ma peau. Un mélange d'alcool et de menthe. Je grimace de dégoût.

- T'as l'alcoolisme violent toi.

Un sourire se forme à mes lèvres lorsqu'il grogne de rage. J'aime le pousser à bout, j'aime toucher ses points faible. C'est comme un jeu. Le jeu de la bataille navale. Tu touches, il coule.

- Drogué, alcoolique... C'est quoi la suite, hein ?

Il resserrent ses mains sur mon col maintenant froissé, super. Je vais encore passer une soirée repassage, ce soir. Je soupire en remarquant l'état de ma chemise puis roule mes yeux vers le basané.

- Mhm... »

Je réfléchis un instant en tapotant mon index sur mon menton. Mais son impatience prend le dessus et il me projète littéralement au sol. Je reste quelques secondes inerte, allongé de tout mon long sur l'herbe humide puis porte une main à mon crâne qui tambourine un peu trop.

« Ta gueule. Tu ne me connais pas, tu ne connais rien de moi. T'es juste un putain d'antipathique qui mérite rien d'autre que la mort à s'amuser à rabaisser les gens comme ça. »

Je le vois difficilement tourner les talons et se diriger vers le bâtiment ouest. Je ne préfère pas me lever et reste allongé, presque figé, à terre. Je ferme les yeux et essaye de reprendre mes esprits. Il faudrait que je pense à reprendre la musculation...

- - - - -

Dix-huit heure. Chaque élève range ses affaires avant de se précipiter vers la sortie. Je range les miennes et fait de même lorsque les couloirs sont bel et bien vide. Je déteste être bousculé ou encore piétiné, surtout quand je ne suis pas d'humeur. Je marche lentement vers le hall d'entrée principal. Arrivé là, j'aperçois cette petite tête brune à l'accueil. J'ai l'impression que mon esprit me guide instinctivement vers lui, sans mon accord. Parce que à peine dix secondes plus tard, je suis planté devant lui.

« - Je te déçois ?

Mon compteur à débiter des conneries s'est remit en marche. Il tourne sa tête vers moi alors qu'il griffonnait sur un papier d'administration. Il fronce les sourcils avant d'ouvrir la bouche puis d'aussitôt la refermer.

- Je... Non. Non, pourquoi ?

- Parce que je n'arrive pas à ressentir.

- Je m'en veux surtout à moi, de ne pas arriver à t'aider.

Il retourne à sa vacation quelques instants avant de rendre le papier à la secrétaire et de se diriger vers la sortie. Alors je le suis.

- J'aimerai être désolé.

- Mais tu ne l'es pas. Et c'est moi qui suis désolé.

- Tu vas abandonner ?

- J'abandonnerai jamais. Je te l'ai déjà dis. »

Mon visage se transforme en une grimace. Mon ventre se tord légèrement, c'est... Désagréable et agréable à la fois.

« - Tu te sens rassuré ?

- Quoi ? Euh... Non. J'ai pas mangé de la journée, et mon ventre est entrain de se venger je crois.

Il passe une main dans sa nuque en souriant avant d'ouvrir la portière de sa Range Rover noir.

- Je t'emmène diner, si tu veux...

- Ouais, pourquoi pas. »

J'ai pas réfléchis, et je me suis installé sur le siège passager. Harry a roulé jusqu'au bar sans nom puis nous nous sommes installé à une table aux alentours de dix-neuf heure. Il n'y avait presque personne, alors le personnel nous servit assez vite. Et bordel, ce que j'avais faim.

« On dirait que t'as pas mangé depuis des années... »

Je lève mon regard, la bouche pleine de tagliatelles à la carbonara. Il rit au éclats avant de passer son pouce à la commissure de mes lèvres pour enlever la sauce qui coulait et le lécher. Je n'ai pas pu m'empêcher d'esquisser un sourire. Parce que ce geste était clairement sexuel, et ça... Alors ça... Puis son regard se posa sur ma chemise froissé. Ça fait plus d'une heure que nous étions en la compagnie de l'autre et il ne remarquait que maintenant que ma chemise ne ressemblait plus à grand chose.

« - T'as fais quoi ?

Je baisse les yeux vers celle-ci avant d'amener une énième fois ma fourchette à mes lèvres.

- Oh, rien. Une petite embrouille qui en est venu aux mains.

Il fronce les sourcils, mais beaucoup plus sévèrement que d'habitude.

- Avec qui ?

Je hausse les épaules.

- Je ne connais pas son nom. »

Le diner se finit dans le silence. J'insiste pour payer, et il finit par céder et accepter. La route se fait elle aussi dans le silence. Harry au volant, moi côté passager et... Solitude sur la banquette arrière. Attendant patiemment à ce que nous arrivons dans ma demeure, vide.

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Aimer, apprécier, savourer, détester, haïr. Chaque émotion laisse une marque. Chaque émotion laisse une trace.

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