XXVI. Payne à la rescousse.

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« T'es complètement con, Louis. »

Je lâche un grognement en me mettant sur la pointe des pieds pour attraper le sachet de café en poudre, au fond de la haute étagère. Rah, pourquoi faut-il mettre les choses les plus importantes à des endroits inaccessibles ?

Malgré sa mauvaise humeur, Liam vient à ma rescousse pour rapprocher le sachet de café du bord, de sorte que je l'attrape et que je puisse me remettre sur mes pieds, avant de préparer la machine.

« Je ne sais vraiment pas ce qu'il t'est passé par la tête. Tu aurais pu le flanquer dans une de tes chambres d'amis où tu n'as plus fait le ménage depuis longtemps, qu'il se démerde avec les minous de poussière sous son lit mais non, t'as préféré l'installer dans ton lit : AVEC TOI EN PRIME. Si toute les meufs que j'avais trompé m'avaient fait cette faveur, je te dis pas comme j'aurai pu continuer ces mascarades un moment. »

Je lève les yeux au ciel en glissant une tasse en verre avant d'ouvrir la porte du frigo et de sortir toute sorte de confiture que je ne goûte presque jamais, ainsi que du lait demi-écrémé et du jus d'orange. J'ai l'impression de préparer le petit-déjeuner de l'année, tellement les plans de travail sont remplis de miette de pain, de pot de confiture, de beurre, de tasse. Ça donne... De la présence au lieu. On dirait un petit-déjeuner de régiment ; de famille.

Il me frappe l'épaule et je geins en la frottement, me tournant vers le châtains aux sourcils froncés. Qu'il est chiant celui-là... Toujours à vouloir des réponses à tout.

« - Quoi ?!

- Réponds-moi !

- Tu veux que je te réponde quoi ? Je souffle en passant une main dans mes cheveux en bataille, légèrement sales.

- Dis-moi pourquoi tu l'as laissé entrer, pourquoi tu ne l'as pas frappé comme je viens de le faire pour toi pour le réveiller, pourquoi t'as pas laissé les limaces grignoter sa chair pendant son sommeil si c'est possible, ou pourquoi tout simplement t'as dormi avec lui ?

J'appuie mes deux poings sur le comptoir face à moi et ferme un instant les yeux ; j'ai le droit de faire ce que bon me semble, non ? Je suis majeur et vacciné. De plus, ce n'est pas cette tête de pioche qui le dit si bien comme il est fidèle, qui m'apprendra comment traiter mon couple. Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Je ris sarcastiquement en me remémorant cette fameuse phrase de mon père. C'est clair qu'en aucun cas je ne veux finir comme lui, et laisser, si un jour cela m'arrive, un enfant orphelin derrière moi. Autant voir le bon côté des choses : ma vie est assurée avec toute les économies qu'il me reste et que ma tante ne claque pas dans une nouvelle chirurgie pour essayer de perdre quelques années, même si ça lui donne l'effet contraire.

- Il a... Il a fait quelque chose qui ne se fait sûrement pas.

- Ah bah ça...

Il pouffe avant de rapidement étouffer ses rires en continuant de boire son thé à la vanille.

- Mais, il n'était pas dans son état normal. Il avait bu et l'alcool nous fait faire des choses qui ne sont pas volontaires. Ou du moins pas à 100%. Alors je veux bien l'avouer, ça ne se fait pas, et d'autres diront que je suis le roi des cons de réagir comme ça. Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise, Liam ? Je m'en fiche qu'il aille voir ailleurs, tant qu'il est là pour moi. Le simple fait de l'avoir vu dans les bras de cette... J'ai même pas de nom pour la définir, mais c'est juste pour te dire que moi si on me fait un cinéma pour quelque chose de si petit, je n'attendrais pas demain pour laisser cette personne nettement trop possessive et collante pour moi. Tu comprends ? Je suis ouvert d'esprit, et ce n'est pas un simple baiser langoureux avec une inconnue dans une boite ignoble qui me fera penser que Harry sera paré à recommencer quand bon lui semble, jour comme nuit, que ce soit avec une femme comme avec un homme.

Let Me Feel.Where stories live. Discover now