XVI. Petites étoiles.

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« - Il nous faudrait notre lieu à nous.

- Notre lieu à nous ?

- Oui. »

Je continue de tracer des formes circulaires de mon index, le bras tendu vers le plafond. Il doit être à présent 4H du matin et je ne sais pas comment Harry fait pour toujours paraitre si... Pimpant, lui qui me dit souvent comme il aime dormir. Ma conscience hausse les épaules pour me répondre et s'en va, elle, se coucher.

Je repose délicatement mon bras sur le matelas et soupire en sentant les yeux d'Harry se centrer sur ma cage thoracique qui se gonfle pour redescendre aussitôt.

Je n'ai pas l'habitude, qu'on me scrute comme ça, dans mon propre lit. Mais il a tenu à passer, parce qu'il m'a dit que ce soir on la verrait briller, notre étoile.

La semaine dernière il m'a demandé si il pouvait donner une branche de notre étoile à son père, pour qu'en la voyant il pense à deux personnes à qui il tient énormément. J'ai haussé les épaules comme ma conscience et puis j'ai accepté. Parce qu'après tout, son père à l'air gentil. Il est toujours à l'hôpital, ça va faire un mois. Ainsi donc un mois que je sais que le meilleur ami d'Harry est Zayn.

Il veut en parler. Il essaye souvent de poser les bases d'une conversation anodine pour virer vers celle-ci. Mais je le coupe court et souvent, je m'en vais. Sauf quand cette conversation se fait chez moi, alors là, je le met à la porte.

Liam revient la semaine prochaine. Mais quand je dis qu'il revient, il revient définitivement. Il s'est même inscrit à la même fac que moi pour l'année prochaine. Enfin, pour dans quelques mois, deux, exactement.

J'ai réussis mes examens de fin d'année de justesse. Les professeurs ont été fort étonnés, ils ont même parlé d'un "élément perturbateur" dans leurs appréciations. Je crois bien qu'ils parlent d'Harry. Et si je lui dirais, il me rirait au nez en me sortant une phrase du genre ; je te perturbe, moi ?

Et si il savait comme oui, il me perturbe. D'avoir prit autant de place dans ma vie. D'être là, sur son flan droit, à me regarder allongé sur mon propre lit. Je n'ai jamais fait ça, je n'ai jamais connu une telle proximité. Enfin... Si on oublie l'épisode du bisou. Ah ça par contre, il n'a pas voulu en reparler, avec son discours.

Peut-être que c'est lui qui s'est retiré volontairement d'être mon jouet que je n'utilise pas comme tel ? Ma conscience geint en enfonçant son visage dans l'oreiller. Je m'agace.

« - Oui, un lieu. Tu sais, les gens en général... Ils ont des points de référence entre eux. Lieu, date, musique...

- Quand tu dis gens, tu veux dire couple ?

- Quoi ? Non !

Je me redresse en fronçant un sourcil et en haussant l'autre, une sorte de petite danse de chenille avec mes sourcils puis le regarde. On est pas un couple, loin de là. Je pouffe de rire et lève les yeux au ciel, non mais un couple, franchement...

- Ce sont les couples qui se donnent des points de repère comme ça. Puis on a le bar sans nom.

- Mhhh. Je me rallonge, perplexe, et reprend mon admiration du plafond. Sauf que je parlais d'un lieu où on pourrait être seul. Comme dans les histoires. Un parc, un toit de bâtiment, un étang, une vieille cabane... J'en sais rien.

- Sauf que nous on est pas comme ces gens là. C'est pour ça que notre endroit, c'est un bar au carrelage en damier et assez populaire pour se remplir les soirs de week-end.

- Et notre symbole ? On a aucun symbole !

- Mh ?

Il se redresse en s'appuyant sur son coude et pointe du regard le télescope près de la fenêtre qui sert à surveiller notre étoile. Notre étoile. Bon, okay...

Let Me Feel.Where stories live. Discover now