Préjudices

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Je m'appelle Emma, et je suis passionnée de sculptre. Depuis deux ans, je vis seule avec mon père, car ma mère est morte dans un accident. Il y a aussi mon chat, Satan. C'est un nom étrange, je sais, mais dans notre famille, on est des partisans du Mal. Ce sont les deux "hommes" de ma vie. Pas de petit copain en vue. J'ai arrêté les cours pour faire des études spécialisées. Des études d'art. Mon père ne cautionne pas vraiment le fait que j'arrête les cours pour faire de l'art. Mais si j'ai fait ça, c'était en l'honneur de ma mère. Elle était peintre, mais elle aussi adorait la sculpture. Petite, elle me racontait que chaque statue renfermait une âme. Cette âme pouvait en sortir si elle pensait que son propriétaire le méritait. Elle semblait y croire dur comme du fer. Je lui avais demandé si c'était vrai, et elle m'avait répondu qu'elle me le dirait quand je serais plus grande. Malheureusement, elle est morte avant d'avoir eu le temps de me répondre. Maintenant, j'y crois moi aussi. J'habite dans une petite maison, et ma seule voisine est une "sorcière" un peu folle. À ce qu'on dit, elle aurait réussi à réanimer des morts et à conjurer des malédictions. C'est ce qui se dit. Je l'ai croisé une seule fois en allant chercher de la nourriture pour Satan, et elle ne m'a pas parue franchement malfaisante. Elle me faisait un peu pitié, avec son sac de courses et ses cheveux en bataille. Ses yeux fatigués lui donnaient un air de chien battu. J'allai engager une conversation avec elle, mais mon père est intervenu en me hurlant que si Satan n'avait pas à manger maintenant, il ferait un carnage. En voyant que je m'aprêtai à engager une discussion avec la "sorcière", il me prit par le bras et me ramena à la maison. Les seuls mots que j'entendirent de cette vieille dame furent: "fait attention, on ne sait jamais quand le Mal nous guette, et je le sens, il est tout près de toi". Cette phrase aussi insignifiante soit-elle, ne cesse de me hanter, aujourd'hui encore, elle résonne dans ma tête, comme une sorte de prophétie. Ce jour-là, mon père m'a demandé ce qui m'était passé par la tête. Ah. Lui aussi,il croyait à ces stupides rumeurs. Je repensais à ces mots. Ils avaient un sens, mais je ne savais pas encore lequel. Je ne pouvais pas prévoir ce qui allait arriver. Personne n'aurait pût le deviner. Personne, sauf elle. Elle m'avait mise en garde, mais je ne l'avais pas écoutée. Et ça, j'allais amèrement le regretter.

OdileWhere stories live. Discover now