Épilogue

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Une chambre d'hôpital. Des murs blancs. Une blouse blanche. Des chaussons blancs. Des gants blancs. Tout était trop parfait, ici. Une infirmière entra, un plateau à la main. Un plateau blanc. Elle me souhaita bon appétit et s'en alla aussi vite qu'elle était entrée. Mon "repas" se composait d'un vieux steak si dur qu'on aurait dit du carton et d'une purée de carottes aussi appétissante que du vomi. Délicieux. Cela faisait déjà un mois que j'étais enfermée dans cette foutue chambre blanche. D'après les témoignages que j'avais pu lire dans les journaux, j'aurais tenté de me suicider après la mort de mon père. Une vieille femme avait retrouvé mon corps maculé de sang. Et elle avait ensuite prévenu les autorités. J'avais du mal à croire tout ça. La cause? Avec le choc, j'avais perdu la mémoire. En partie, bien sûr. Je me rappelai de mon nom et de mon âge, tout de même. Et cette femme qui m'avait sauvé était connue comme la sorcière du coin. Mais j'avais l'impression qu'elle en savait plus que moi sur les raisons de mon suicide. Comme une sorte d'intuition. De pressentiment. Un mauvais pressentiment. Une voix de velours me tira de mes pensées:

- Je vois que vous êtes réveillée. Votre nom?

- Emma. Et j'ai vingt ans.

- Bien! Tout est parfait. Si vous progressez aussi rapidement, vous pourrez sortir d'ici deux mois!

Ah oui. Le docteur Lensberg. Un pauvre crétin. Intelligent, certes, mais crétin. Il m'avait fait enfermer ici, dans cette foutue chambre blanche. Dans la section psychiatrique. Et chaque semaine, un psychologue venait pour que je lui explique ce qui m'avait poussé à commettre mon pseudo-suicide. Ils pensaient tous que j'étais folle. Et que, pour mon "bien", je devais rester dans cette chambre coupée du Monde. Pour éviter que je me taille les veines avec ce qui me passerait sous la main. Non mais ho! Qu'est-ce qu'ils s'imaginaient? Je n'étais pas masochiste! Ils pensaient que j'étais une sorte d'adolescente dépressive.Je n'avais reçu aucune visite. La preuve flagrante que j'étais une tâche au milieu de cette société bourrée de fric. Et qu'ils avaient raison. L'infirmière en blouse blanche toqua une nouvelle fois et entra. Pas seule. Un espoir venait de naître en moi. Une personne venait... Pour moi? Non. Impossible. En un mois, elle aurait déjà dû se manifester. La personne entra d'un pas lent. Elle était vieille. Et tenait un petit paquet dans la main. J'avais l'impression de revivre une scène. Laquelle? Je ne saurais vous le dire. D'un seul coup, la mémoire me revint. Un flashback. Cette vieille... C'était elle. Et son paquet... La cause tout. Une larme m'échappa. L'infirmière me demanda si je voulais qu'on fasse appeler le docteur Lensberg. Je voulus approuver, mais la femme lui dit que ce n'était pas ma peine, que c'était des larmes de joie. Et cette imbécile la crût. Elle sortit et me laissa seule avec la sorcière. Avant que je ne dise quoi que ce soit, elle me sourit et me tendit le petit paquet. Je l'ouvrit et découvrit, horrifiée, la cause de toute cette sinistre affaire. La sorcière me souriait. Son cadeau la ravissait, apparemment. Pourtant, elle venait de détruire ma vie. Encore. En prononçant ce simple mot, si banal, mais terrible en même temps. Odile.

OdileUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum