Première bataille /2

69 15 92
                                    

Une bourrasque blanche traverse le fourgon des Briseurs. Son éternelle tablette abandonnée sur une table entre les ordinateurs de Live et Tommy, le jeune homme se jette dehors.

— Ange ! l'appelle Solal, pris de court par son intervention.

L'ignorant, il ne faut que quelques secondes au lieutenant immunisé pour comprendre la situation. Un reniflement au goût piquant de fumée et d'une autre chose qui lui obstrue la gorge, cette odeur ténue mais indéniablement présente qui lui donne les larmes aux yeux. On va avoir besoin de lui, réalise-t-il.

— Tu t'occupes de la suite sans moi, informe-t-il son chef.

Et sans donner plus d'explications, il s'enfonce dans la forêt.


— Qu'est-ce que tu vas faire ? s'étrangle Kia.

La peur lui noue le ventre.Que sous-entend-t-il ? s'effraie-t-elle. Ses amis sont en danger !

— Je vais essayer une nouvelle arme, répond le garçon, non sans un certain soupçon d'excitation.


Glaëlle ne peut plus tirer. Elle s'est tapis au sol, cachée dans la végétation, perdue entre les tirs et les cris. Tout n'est que confusion entre alliés et ennemis, tout est noyé dans la fumée. Elle ne se repère plus qu'aux équipements, couleurs dansantes qu'elle aperçoit ci et là, sans réussir à viser personne avec son pistolet.

Elle entend, mais c'est trop désordonné pour lui apprendre quoi que ce soit. Lui parvient une odeur de fer, de sang. Elle ne voit plus rien, dissimulée par les broussailles et perdue dans la fumée. Un goût de terre à peine passé sur les lèvres et la présence rassurante de son pistolet qu'elle serre de toutes ses forces dans ses mains, comme si c'était la seule chose qui pouvait la préserver de cet enfer. Elle s'étouffe. Elle ne sait pas. Où sont-ils ? Pourquoi n'arrive-t-elle plus à bouger ?

Faible, impuissante. Que doit-elle faire pour les sauver ?


Les relents du feu emplissent ses poumons. Des coups de feu fusent, des gémissements sont étouffés. Des gouttes de sueur dispersées sur son front, des larmes coulant sur ses joues, tant à cause du brouillard que de l'odeur. Ses sourcils froncés, concentré, Ange poursuit sa course dans la fumée. Il ne craint rien, lui...


— Navinn... chuchote Kia, la voix brisée par l'émotion.

Elle n'aime pas ce qu'il dit, son visage pâlit. Elle ne sait plus quoi faire. Seule avec Ombre, devant ce dictateur dément, elle n'a aucune idée de ce que ses amis ont à affronter à l'extérieur.

— Kia, répond Navinn avec amusement, tes Briseurs...


— Glaëlle ! hurle Ange au cœur de la mêlée.

Il reconnaîtrait la mitrailleuse d'Isaac entre mille —bonne idée d'enrouler un ruban rose autour de son canon. Bien qu'il ne voie pas son ami dans la fumée, il sait donc qu'il est dans les parages : le tireur n'abandonne jamais son arme. Alors la rouquine qu'Ange lui a assignée comme garde du corps a intérêt à être proche, elle aussi.

— Jette-toi sur eux ! crie-t-il, peu lui important si ses ordres atteignent leur cible ou non. Protège-les, ils ne doivent pas les toucher !


— .... vont devenir de jolis cailloux !


— Les soldats ! Ils sont infectés ! crie Ange à tous ceux qui veulent l'entendre. Ne les laissez pas vous approcher !


Kia ouvre la bouche d'effroi. Elle tente de crier, mais elle est tellement impuissante qu'elle reste muette.


Le sang de Glaëlle se glace dans ses veines, de surprise comme d'horreur. Elle devrait attaquer, mais elle est tellement effrayée qu'elle ne peut plus bouger.


Ces soldats... ces soldats... ils rendent malade !


Sauf que Glaëlle ne craint rien, elle.


Et Kia a une mission à accomplir !

N'écoutant que sa rage, la Briseuse attrape le poignard qui pend à sa ceinture et le lance de toutes ses forces vers la verrière. L'arme explose les vitres. Derrière les éclats, il poursuit sa course. C'est Fermont qui accuse le coup, le projectile s'enfonçant dans son bras au lieu d'atteindre la tête du garçon.

D'aussi loin qu'elle est, la jeune fille est certaine de voir un sourire se dessiner sur le visage du jeune dictateur. Et Navinn déclenche l'assemblage.


Viennent la peur, puis l'adrénaline. De son abri, la rouquine voit les corps de ses alliés tomber. Elle ne peut pas rester cachée.

Alors elle fonce dans la mêlée.


Une lumière éclatante emplit toute la pièce, les rétines de Kia la brûlent. Cette fois, le hurlement de douleur qu'elle entonne parvient à se faire entendre.


Glaëlle ne s'entend pas crier.

Elle saute sur le dos du premier adversaire qu'elle croise, le rouant de coups et s'agrippant à ses bras pour les déchiqueter. Ses ongles s'enfoncent dans sa peau. Ils ripent sur la surface pierreuse qui couvre ses épaules et agrippent ses vêtements. L'homme hurle. De la poussière vient maculer la jeune fille, des éclats de pierre s'étalent sur ses mains et sur son équipement. Mais elle ne s'arrête pas.


L'éclat lumineux grandit, encore et encore. Même le tissu ne protège bientôt plus les yeux de Kia. Puis il s'éteint.

Le temps de cligner des yeux, de faire disparaître cette tâche noire qui masque sa vision et la jeune fille comprend... que c'est fini. Elle a échoué par deux fois, la pièce est attachée au module.

Navinn a gagné.

☽☼☾

Coupé !

Un peu spécial ce format (oui oui, il y a trois points de vus dans le même chapitre XD). Et puis la mise en page est pas glope (merci Wattpad qui veut pas faire ce que je veux XXD) Mais vous avez réussi à suivre ? C'est pas trop dérangeant ?

C'est sans doute le dernier chapitre que je publie aussi rapidement (bon, peut-être un demain mais après, mystère x)). Avec la rentrée, mon rythme va beaucoup ralentir. Je compte sur vous pour être patients et pour m'attendre. Vous avez encore des choses à voir ! je crois qu'on en n'est même pas à la moitié XD. 

Bref, à la prochaine !

Coeur de pierreOnde as histórias ganham vida. Descobre agora