CHAPITRE 50

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C'est bien de l'avouer. Oui, nous devons parler. Moi aussi j'avais envie que l'on parle. Mais c'est bizarre, maintenant qu'elle est devant moi, je ne veux plus de cette conversation, je ne veux plus de ces points sur les i. La voix roque de Jenifer ne m'inspire pas confiance pour la suite de la soirée. Elle souffle. Maintenant que tu es là, parle. Je m'avance vers elle et elle ferme la porte de ma chambre. J'aimerais qu'elle m'embrasse. Que l'on ne parle pas et que l'on se retrouve sous les draps. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ça arrangerait tout entre nous. J'ai envie qu'elle veuille encore de moi.

— Je... Je suis désolée Ali, pour les vacances. Ce que j'ai dis, ce n'était pas faux. Léandre était vraiment malade. Et j'ai eu quelques soucis. Je ne voulais pas que tu sois dans mes affaires. Je ne voulais... Je ne voulais pas te voir non plus. On... on doit s'arrêter là, toi et moi.

Elle vient de me frapper ou je rêve ? Car ce n'était pas physique, mais j'ai l'impression qu'elle vient de me mettre son poing en pleine face. J'en perds l'équilibre et je m'assois sur mon lit. Jenifer fuit mon regard et je reste muette. Je ne trouve pas les mots. Je n'ai rien à lui dire. Comment ça on doit s'arrêter là ? Elle et moi ? Ça veut dire quoi ? Je suis complètement conne parce que je ne comprends pas ? Ou alors, je ne veux pas comprendre.

— Comment ça ?

Jenifer a envie de partir de la chambre, mais elle se retient. Il faut que l'on parle. Il faut qu'elle réponde à ma question.

— J'ai réfléchi. Et on ne peut plus être ensemble. Ces vacances m'ont fait prendre conscience que j'ai loupé beaucoup trop de temps avec mes garçons. En septembre, Ismaël part en études supérieures et je ne suis pas prête à le voir partir. J'ai encore besoin de passer du temps avec lui. Je préfère mettre fin à notre relation avant que l'on s'attache trop l'une à l'autre.

C'est trop tard, je suis beaucoup trop attachée à toi. Puis, c'est quoi le rapport entre tes fils et moi ? Je sais que tu as totalement la place dans ton coeur pour nous garder auprès de toi.

— Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre Jenifer ? Quelqu'un qui t'attend en Corse ?

— Non. Je te promets qu'il n'y a personne d'autre.

— Alors je ne comprends pas.

— Je suis désolée. J'ai du mal à comprendre moi aussi. Mais je sais que c'est la bonne solution.

— Je ne suis pas du même avis.

Les yeux de Jenifer se mouillent à son tour, alors que moi, je pleure depuis un bon moment maintenant.

— Ca me fait mal de te voir comme ça Ali. Tu sais, ce n'est pas contre toi. C'est pour notre bien que je préfère partir.

— Tu m'avais promis qu'on serait plus forte que les autres. Et regarde-toi, tu me quittes. Et tu me disais de ne pas croire mon mauvais pressentiment. Mais Jenifer, il était réel. Je le sentais que tu allais me quitter, on n'aurait pas dû se laisser pour les vacances.

— Je suis désolée. C'est fait maintenant. On ne revient pas en arrière. Je suis sincèrement désolée Ali. Je ne voulais pas te faire de mal. Je souffre aussi.

— Non, tu n'es pas la victime de notre histoire Jenifer. Ne tente pas de nous faire croire des conneries comme ça !

— Tu n'es pas plus la victime que moi.

— Pars Jenifer. Sors de ma chambre, s'il te plaît.

Elle m'écoute et se retourne. J'ai envie de lui faire mal, comme elle est en train de me le faire. J'ai envie de lui hurler ma peine, mais à quoi bon. Elle semble être sûre d'elle. Maintenant, elle n'a plus qu'à partir. Et on va faire comment à présent ? On va se regarder de loin pendant les trois derniers mois ? On va se fuir ? Jenifer pose sa main sur la poignée de la porte, mais ne sort pas. Vraiment, casse-toi. Elle se retourne même vers moi.

— J'aimerais que tu quittes la tournée Aliénor.

Quoi ? Non. Non, je ne peux pas faire ça.

— Ca va nous faire du mal de nous côtoyer quotidiennement. Ça m'arrangerait que tu partes.

— Oui.

Est-ce qu'elle sourit ? Non, je crois qu'elle pleure aussi. Jenifer finit par quitter ma chambre et je m'écroule en arrière, le dos sur mon lit. Je n'arrive pas à y croire. Je rêve. Je vais me réveiller de ce cauchemars et je vais retrouver les bras de Jenifer. C'est quoi ce bordel. Je ne comprends rien. Je suis complètement à côté de la plaque. Abattez-moi. Faîtes quelque chose pour que la réalité soit différente de ce que je viens d'entendre. D'abord, elle me largue, puis elle veut que je parte. Mes larmes sont plus intenses. Je ne veux pas partir, même si je ne voulais pas revenir aujourd'hui. C'est quoi ce cauchemars ? Sortez-moi de là.

— Ali ?

Le poids du corps de Romane s'assoit à côté de moi. Je ne l'ai pas entendu rentrer. Ses bras m'entourent comme elle le peut et je sens sa respiration contre mon front.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demande-t-elle doucement.

Je ne sais pas. Je ne comprends rien Romane. Je suis perdue. Garde-moi contre toi. J'ai besoin de bras autour de mon corps, j'ai besoin qu'on me porte pour m'en sortir. Elle le comprend, car elle reste juste avec moi. Elle me souffle des « ça va aller » mais je crois qu'elle a faux, ça n'ira plus jamais bien. Quand je semble me calmer, elle me regarde dans les yeux.

— Qu'est-ce qu'il se passe Ali ?

Même ce simple surnom me fait pleurer de plus belle. J'ai toujours l'impression que c'est Jenifer, j'ai toujours l'impression que je vais la retrouver, or c'est faux. Elle ne veut plus de moi dans sa vie, et même sur la tournée.

— Il faut que je parte...

— Comment ça ?

— Elle veut que je parte, que je quitte la tournée.

Je n'arrive même plus à dire son nom, trop partager par la tristesse et le dégoût.

— Jenifer ? Pourquoi ?

— Je ne sais pas. J'ai rien compris. Je crois qu'elle ne m'aime plus.

D'un coup, Romane se relève du lit, sa main toujours dans la mienne et elle veut s'en aller. Elle m'oblige à me relever. Non, je refuse, mes doigts lâchent les siens et elle se délivre. La chambre de Jenifer est celle en face de la mienne. De ma place, j'arrive à voir ce qu'il se passe dans la sienne. Romane frappe à la porte et la chanteuse ouvre rapidement, comme si elle attendait sa venue.

— Alors écoute-moi Bartoli. Je ne sais pas ce qu'il te prend. Je ne veux pas d'excuse à ton caractère de merde depuis ce matin. Mais sois sûre d'une chose, si Ali part, on est trois à partir aussi et tu vas te retrouver toute seule dans ta merde. Ça ne sera plus notre problème. T'as une nuit pour réfléchir. La nuit porte conseil Jenifer. Réfléchis bien. T'as plus à perdre qu'à gagner.

De son côté, le regard de Jenifer me trouve et je dévie le mien. Je ne peux plus la regarder, je ne veux plus qu'elle me regarde. Romane tourne les talons et revient à ma chambre. D'un coup de main, elle claque ma porte.

— Je ne sais pas ce qui lui prend, mais elle m'a soûlé aujourd'hui. C'est de pire en pire cette tournée. Vivement la fin.

— Qu'est-ce que j'ai fais de mal Romane ?

— Rien, tu n'as rien fait ma belle, je te l'assure, me lance-t-elle en s'asseyant à nouveau à côté de moi pour me prendre contre elle. Je te promets que le problème ne vient pas de toi.

— Elle a peut-être raison, il faudrait mieux que je parte.

— Non. Car elle serait heureuse que tu partes. Reste jusqu'à la fin, ça la fera chier.

— Mais on est des adultes. On doit se lâcher quand ça ne va plus.

— Non. Elle veut jouer aux cons, on va l'être encore plus qu'elle. De toute façon, je ne veux pas continuer cette tournée sans toi Ali. Je t'aime beaucoup trop.

Elle m'arrache un sourire. Elle arrive à m'arracher un sourire. C'est la meilleure Romane.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Where stories live. Discover now