34. « Ceci est un rendez-vous »

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À nouveau cette maison. Je l'aurais reconnu entre mille. Olivio m'avait conduit à l'étage, sur le même balcon que la dernière fois, bien qu'à cet instant, tout soit différent. La fois précédente, j'avais une boule au ventre, stressée par le fait de devoir lui parler, mais là, mes entrailles se tordent en présence de ce sentiment nouveau.

Le vent de cette soirée caresse mon carré long, tout en s'immisçant sous ma veste d'automne, ce qui me fait en partie frissonner, mais le pire de tout c'est de sentir la présence timide de Oli dans mon dos. Pourquoi m'amener à l'écart si ce n'est pour ne rien dire ?

Pourquoi est-ce qu'on est venu ici ? je demande doucement, me tournant vers lui.

Il est encore à l'entrée de la terrasse, caché par l'obscurité. Je n'aperçois que le brun de ses yeux qui me scrutent. Il m'en fait presque peur.

Tu la joues Edward le vampire ? T'es flippant comme ça, je grimace.

Soudainement, les lumières de la terrasse s'allument, suivies de celles de l'intérieur, au second étage.

Comment est-ce qu'il a fait pour obtenir l'électricité ici ? Cette maison est censée être abandonnée, alors ça m'étonnerait qu'un fournisseur d'électricité intervienne encore ici.

T'en penses quoi ?

Je lève la tête vers les guirlandes qu'il a installé. Ce sont des petites boules de couleur pastel, dont la lumière se reflète sur le carrelage. C'est vraiment joli, mais d'un goût qui ne correspond pas vraiment à Oli.

Comment est-ce que tu as fait ? Je veux dire, pour la lumière, je le questionne.

Olivio m'explique alors qu'il a retrouvé les derniers propriétaires de la maison, et qu'ils ont accepté de lui vendre la demeure il y a presque un mois. Il a alors engagé une entreprise pour remettre aux normes les conduites d'eau ainsi que l'électricité.

Tu ne veux plus de ton appart ? je demande, très curieuse.

Si, mais cette maison a quelque chose de vraiment particulier.

— Tu sais reconnaître le cachet d'une maison, toi ? je ricane dans mon coin.

Olivio s'approche doucement de moi, sa lèvre inférieure pincée entre ses dents. Il me regarde d'une manière étrange, d'une intensité que je ne lui ai jamais connu. Il se poste devant moi et je peux sentir ses iris me transpercer.

Mon coeur loupe un battement, mon estomac se resserre tandis qu'il pose une main sur mon avant-bras droit. Je sens une sensation étrange parcourir mon corps, s'insinuer dans mes veines. Je me sens comme paralysée, prise au piège par le simple regard de ce garçon.

C'est toi qui m'a ouvert les yeux sur cet endroit, murmure-t-il en posant son autre main sur ma joue.

J'aimerais avoir une discussion normale avec lui, mais les mots ne sortent pas. Je suis figée, mes cordes vocales sont hors d'usage. Mes yeux ne peuvent pas se dégager de son visage, et pourtant j'aurais tendance à fuir son regard.

M-Moi ? je finis par réussir à prononcer après un effort considérable.

Et là, Olivio ne prend pas la peine de me répondre. Du moins, s'il le fait, je ne le remarque pas, ne sentant que la chaleur de ses lèvres sur les miennes.

Je perds rapidement pieds, mon coeur danse et tente de se défaire de ma poitrine. Je me sens tellement bien, avec une impression de voler, et aussitôt je réponds à son baiser avec hardeur. Je finis par reculer contre la rambarde de la terrasse, l'entraînant avec moi dans ma danse.

Poliroid (Bigflo & Oli)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon