Elle sert un instant sa prise avant de se détendre et de lui dire

-Fais attention.

En signe de promesse, il vient se frotter à ses jambes et avec son accord résigné du regard, sort de la pièce en courant, rejoindre la position de défense.

Arwen se tourne vers ses parents et déclare, déterminée

-J'y vais aussi.

-Hors de question ! Riposte son père. Tes pouvoirs sont bien trop instables pour que tu y ailles.

-Rester passive alors que mes camarades se battent n'est pas dans mes habitudes. Et puis, il n'y a pas que la magie pour se battre, rétorque t elle, butée, prenant le chemin de la sortie, ignorant leur ordre.

Mardil vient et l'enlace par derrière, l'emprisonnant.

Arwen se crispe et se dégage rapidement de sa prise. Depuis qu'elle s'est rapprochée des loups, et surtout de Michael, elle sent que son rapprochement avec lui est dérangeant.

C'est comme si au fond d'elle elle a l'impression de trahir Michael.

Un éclair fugace de tristesse passe dans ses yeux, si bref qu'elle doute d'avoir bien vu.

-Ce n'était pas un conseil jeune fille, ajoute sa mère.

-Mais ce n'était pas un ordre non plus, rétorque t elle avec un regard meurtrier. Car vous savez pertinemment que je ne l'accepterai pas. Donc, puisque je suis suffisamment grande pour prendre des décisions seule, j'y vais.

C'est sur cette parole qu'elle atteint le seuil de la pièce et que d'un coup, sa vision disparaît.

Vite paniquée, elle se met à tâtonner ses yeux devenus aveugle, dans les deux modes de vue.

-Je t'ai privé de ta vue, explique calmement son père alors que Mardil l'emprisonne dans son étreinte.

Profitant de son contact avec elle, il profite de sa panique pour mélanger son énergie à la sienne et la calmer.

Sous l'effet bien plus minime que Lastalaica, mais efficace quand même, Mardil l'accompagne au sol, ses jambes ne la portant plus.

-Pourquoi ? Demande t elle. Pourquoi ne pas les aider ? Ne sommes nous pas les mieux placés pour le faire ? Dit elle en faisant référence à leur puissance divine.

-Parce que nous ne devons pas mourir au combat. Surtout pas toi, l'héritière du peuple. Sinon, le peuple elfique courerait à sa perte, comme tout autre peuple sans dirigeant pour faire régner l'ordre.

-Et ça justifie le fait de laisser les nôtres se sacrifier pour nous qui ne faisons que vivre dans un palais sans jamais regarder ceux qui meurent pour ça ?! S'emporte t elle, offusquée.

Sous le choc de la gifle qu'ils viennent de prendre, les deux souverains restent sans voix.

C'est vrai qu'ils rendent bien mal à leurs semblables leur dévouement et leur loyauté aveugles.

Le minimum serait de s'enquérir de leur bien être, de se présenter à eux pour les remercier de leurs services.

Ils se sont tellement crus importants pour la survie de leur Race qu'ils se sont placés au dessus de tout et de tout le monde.

Mais la vérité, c'est qu'ils sont tous sur un même pied d'égalité. Car malgré leurs origines, ils sont mortels, comme tous les êtres peuplant cette Terre.

Arwen retrouve subitement la vue et ce qui la choque est de voir la honte dans le regard des deux elfes.

-Se faire sermonner comme deux enfants par notre fille qui commence à peine à comprendre le fonctionnement de notre peuple, mais qui pourtant l'a tout de suite appréhendé... est inattendu. Et honteux... Murmure sa mère, un sourire amer sur le visage.

I. Âme sœur contre natureWhere stories live. Discover now