Chapitre n°4, Partie I: 1914:

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- Je...Ma mère, paix à son âme, a été la seule qui m'ait donné de l'attention et de l'amour. Depuis sa mort, je me sens un peu comme vide, mon père n'est plus là depuis -il se retint de dire « la guerre- cet été, et je me retrouve seul avec ma petite sœur. Ma mère me manque énormément depuis sept ans désormais, et j'avoue que le fait que vous vous intéressiez à moi soit une marque d'attention toute particulière qui me fait chaud au cœur. En plus de cela, vous êtes bien jolie dans cette tenue.

Chloé sourit puis détourna la tête un instant. Charles était surpris de sa propre audace, mais il faut soulager de la voir rougir, un signe qui montrait qu'elle était flattée. Elle se retourna et l'observa.

- Vous avez donc une sœur ?

Charles eut un rire nerveux.

- Oui, une petite sœur. Il vit comme qui dirait à mes crochets depuis cet été, mais ne fait rien pour aider à la vie de la maison. C'est une horrible petite peste, mais je peux la comprendre, elle a perdu un grand partie de son sourire depuis la mort de notre mère. Mais parfois, elle m'insupporte tellement que j'avais envie de la virer à grand coup d'pied au...

- Calmez-vous, Charles, calmez-vous, le coupa Chloé en souriant.

Elle avait un de ces airs malicieux dans le regard lorsqu'elle souriait, comme si elle cherchait un moyen de prolonger le moment de légèreté.

Puis il y eu un silence. Un regard gêné, avant que Chloé ne se penche vers Charles et dépose sur sa joue un petit baiser avant de reculer à nouveau d'un mouvement plus rapide.

Le jeune homme était interloqué, il ne s'attendait certainement pas à un rapprochement si rapide.

- Vous...Vous êtes vraiment très jolie, bégaya-t-il sans la quitter des yeux.

- Vous trouvez ? fit-elle en souriant, rougissant à nouveau sans détourner le regard cette fois.

- Oui, vous avez des yeux magnifiques, et je ne vous parle pas de votre visage.

Elle rougit à nouveau. Que c'était plaisant de complimenter une aussi jolie femme !

- De..De quoi parlions-nous ? demanda Chloé, un peu gênée, mais apparemment flattée.

- De ma petite peste de sœur je crois, dit Charles en riant, suivit par la jeune femme.

- J'aimerais bien la rencontrer, peut-être n'est-elle pas si horrible dans le fond.

Elle avait une personnalité véritablement bonne, elle semblait accorder de l'importance à tous les détails, s'inquiéter pour tout ce qui ne pouvait pas aller. Cette femme était parfaite.

- Si nous devons devenir plus proche, c'est sûr qu'il vous faudra la rencontrer, souffla Charles en se levant. Retournons à la charrette, je vais vous emmener chez moi.

- Oh merci beaucoup !

Elle se mit sur pieds à son tour et prit Charles dans ses bras, le laissant patois. Il ne s'attendait pas à cette réaction. En fin de compte, peut-être que l'amour n'était pas réservé aux riches, mais à ceux qui savait l'attendre plutôt que de le payer.

Le soleil commençait à se coucher au loin à l'Ouest lorsque le cheval s'immobilisa devant la maison de Charles. S'il se fiait au clocher qui faisait résonner ses cloches dans la ville, il était désormais 18 heures. L'habitation se trouvait à l'écart de la ville, sur le haut d'une petite colline. Les bois s'étalaient quelques mètres derrière la clôture.

La maison qui se trouvait devant eux était une petite bicoque pouvant accueillir une petite famille, comme elle l'avait fait depuis sa construction, bien des années plus tôt. Il n'y avait pour l'instant aucune lumière trahissant une activité interne entre les murs de la maison, mais Charles savait que sa sœur s'y trouvait. Elle ne sortait que pour l'école, et ne voyait aucun ami en-dehors des cours.

Charles se dit alors que c'était bien dommage qu'une maison qui avait subi les épreuves du temps ne servent plus qu'à abriter deux personnes. C'était en grande partie pour cela qu'il avait accepté d'aider Chloé, bien que la principale raison soit sa personnalité si attachante.

Tandis qu'ils descendaient de la charrette, le jeune homme se remémora le trajet jusqu'à la maison : ils avaient marché ensemble jusqu'au moyen de transport qui était arrêté juste à côté de l'hôpital dans lequel Charles avait emmené Chloé à la suite de sa perte de connaissance. En chemin, il avait expliqué à quoi lui servait la charrette en temps normal : sa famille avait depuis quelques générations déjà des champs aux alentours de la ville, qu'il cultivait de son mieux. Il transportait les productions de la ferme au marché de la ville tous les lundis dès l'aube sur la place Jourdan, la place principale de la ville avec celle de la République. Maintenant que l'hiver approchait, elle allait surtout l'aider à transporter des gens, ou bien des marchandises spéciales de certains fabricants.

Décidant de rallonger le voyage, il lui fit visiter la ville telle qu'elle ne la connaissait pas, ou plutôt plus. Il lui montra le Champ de Juillet-Août, un magnifique parc dans lequel se promenaient souvent les gens au coucher du soleil. Le kiosque qui se situait en son centre attirait parfois poètes et peintres. De nombreuses manifestations étaient organisées sur l'herbe verte, parfois des concerts, parfois des fêtes. Ils passèrent également sur la place Jourdan, là où se tenait le marché qui permettait à Charles d'avoir quelques entrées de Francs. Ils passèrent également devant le Musée national, un bâtiment construit au siècle dernier, qui épata Chloé, au plus grand plaisir de Charles, mais également devant la gare des Bénédictins, que Chloé qualifia « d'étrangement ressemblante à celle qu'elle connaissait ». Ils arpentèrent aussi les rues, le silence étant brisé par les claquements des sabots sur les pavés du cheval, nommé Maximus par le père de Charles, et par les anecdotes de ce dernier sur tel ou tel endroit. Il était content de bien connaitre sa ville et de transmettre une autre histoire à Chloé que celle qu'elle connaissait. Il lui montra également certaines casernes militaires qui avaient été transformées en usines de munitions ou en entrepôts d'armes pour l'effort de guerre. Chloé fut surprise de toutes ces informations. Comme quoi, la guerre avait véritablement modifié la vie. 

L'avenir au passé, Tome 1Where stories live. Discover now