VI - Premier partage.

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"Find light in a beautiful sea."

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Il pleuvait des cordes, et comme une débile, j'avais oublié mon parapluie. Je crois bien que j'étais trempée jusqu'aux os. C'était la deuxième douche de la journée que je prenais, et je m'en serais bien passée. Tout ce que j'avais à prendre, c'était un parapluie. Et à l'heure actuelle, il était sûrement sur la table devant l'entrée. Tête en l'air que je suis. Finalement, je l'ai peut-être bien mérité cette deuxième douche. Ça m'apprendra à tout oublier. Alors je suis là, sous un arbre, comme une débile, parce que oui c'était le meilleur endroit que j'avais trouvé pour m'abriter. D'abord la sortie en tenue sac poubelle, et maintenant sous un arbre pour se protéger de la pluie. C'est le meilleur abris de tous les temps, personne n'aurait fait mieux je pense. Les gens doivent vraiment penser du bien de moi, et je dois paraître vraiment épurée et intelligente. Clairement.

Je fixe les gouttelettes d'eau glisser sur les feuilles d'arbres, je suis tout leurs parcours tellement je m'ennuie. J'aurais peut-être dû me trouver un endroit couvert où rester en attendant que la pluie se calme mais, je ne trouvais pas le courage de bouger. Je vois des gens armés de leur parapluie passer devant moi. Je vois aussi des couples sous un même parapluie passer devant moi. Et là, un sentiment de solitude me reprend à nouveau. Je m'étais promis d'arrêter mais c'était plus fort que moi. Le petit couple a l'air tellement heureux et complice. Je crois bien que je les enviais plus que tout au monde. Et puis je me rappelle combien je déteste la pluie, combien je déteste le fait que mes habits s'imprègnent de la pluie. Je déteste vraiment énormément de choses, et je ne sais plus ce que je fais ici, ni pourquoi je suis sortie de chez moi. Je ne sais plus pourquoi les événements de ma vie ont pris cette tournure. Je ne sais plus comment tout m'a échappé.

La pluie m'a toujours rendue triste et nostalgique. Les gouttes qui tombent me rappellent des larmes. Alors, quand il pleut, j'ai l'impression que le ciel, ou la Terre pleure quelque chose, ou quelqu'un, qu'ils sont tristes, et parfois même, qu'ils pleurent à ma place. Et ça me rend encore plus triste. Je sais que ce que je raconte est complètement dénué de sens, et sort totalement de mon imaginaire, mais c'est de cette façon là que je vois les choses. Je pense que la Terre a une âme, et qu'elle aussi a le droit d'avoir ses états d'âme. Je sais aussi que ce que je raconte est complètement débile, et que j'ai lu trop de livres. Il faut vraiment que j'arrête de faire de la philosophie. C'est pas pour moi, je déblatère que des conneries. Mais je déteste ce temps, je déteste le fait que je sois trempée jusqu'aux os.

Je ne sais pas pourquoi je ne bouge pas de cet abris. C'est comme si je ne le voulais pas, et que j'attendais quelqu'un, ou quelque chose de vraiment important qui m'empêchait de m'en aller. Et je me rends aussi compte, que les bêtises que j'ai pu sortir plus tôt dans mon esprit étaient dû à la certaine fièvre que j'avais sans doute parce que ça faisait déjà quelques heures que j'étais sous la pluie. Enfin, sous cet arbre qui me protège plus ou moins des gouttes. La rue est désormais vide, chaque personne est allée se réfugier dans un endroit sûr, et j'ai l'air d'une vraie débile, à rester là, seule. Et puis, je ne sais pas comment je suis arrivée à repenser à hier. A ce qu'avait pu me dire Louis. Il m'avait demandé si j'étais la fille du balcon, et puis il a eu l'air de s'en vouloir, comme s'il avait fait une gaffe. Et il avait tout de suite changé de sujet, du coup je n'avais pas eu le temps de lui demander si c'était lui le joggeur. Mais je le pense. Je n'en suis pas certaine mais..

Une chose me recouvrit. On avait encore réussi à m'interrompre dans mes pensées. Et au fond, c'était pas plus mal. Lorsque je me retournais, je vis Harry, l'air un peu triste. Il tenait un parapluie dans ses mains, qui me recouvrait plus moi, que lui même. Il était encore arrivé au bon moment. Et puis, on partageait un parapluie, comme le couple mignon de tout à l'heure. Peut-être que c'était lui que j'attendais, et que je savais qu'il allait arriver, comme à chaque fois que j'avais besoin de quelqu'un, de lui. Il ne dit rien, il sortit juste un mouchoir de sa poche avant de me le donner.

«_Joli abri.

_Je ne te le fais pas dire.

_Ça ne m'étonne même pas de toi.

_Moi non plus, franchement.»

Et on se mit à rire. Il ne m'avait pas demandé ce que je faisais là, ni pourquoi j'étais restée ici. Il s'était contenté de se moquer de moi, et c'était pas plus mal, parce que je n'aurais pas su répondre à ses questions. Je ne savais pas moi même. Je ne lui avais pas non plus demandé ce qu'il faisait là, ni comment il m'avait trouvé. Je lui étais bien trop reconnaissante de sa compréhension. Et puis, je n'en avais pas envie, je ne voulais pas gâcher la magie du moment.

«_Merci pour le parapluie. Ou de m'avoir trouvée.

_Merci d'être toi.»

Je crois qu'il n'a pas réellement le moral lui non plus. Je pouvais le voir à travers les traits durs de son visage. Habituellement, il semble un peu plus doux. Je me rends alors compte qu'il ne va sûrement pas très bien. J'ai vraiment été égoïste de penser qu'à moi. Lui non plus, ne va pas si bien qu'il le prétend au final. Et qu'est-ce que j'ai envie de le voir sourire. J'ai envie d'être la raison de son sourire. Je ne sais pas pourquoi, c'est juste une envie. Je lui prends alors son parapluie des mains et le tend un peu plus vers lui.

«_On partage un parapluie. Il n'y en a pas un qui devrait être plus couvert plus que l'autre. Si on doit être trempé, ça doit être équitablement.»

Il a souri. J'ai gagné. Je crois même que toute ma peine s'est envolée. C'est magique.

«_On partage équitablement un parapluie. Il sourit, encore plus que tout à l'heure.

_Te moque pas de moi. je fis mine de bouder.

_Donne, tu vas te fatiguer avec le parapluie, je suis beaucoup trop grand pour toi.»

Je lève les yeux au ciel, était-il vraiment en train de se moquer de ma taille? Je n'étais pas réellement petite comme fille. Un mètre soixante neuf, c'est assez grand. Il n'y a pas de quoi se moquer. Mais au fond je m'en fiche, j'ai réussi à le faire sourire. Petite ou pas, ses fossettes sont apparus. Et c'est tout ce que je voulais. J'ai l'impression qu'il veut me demander quelque chose, mais qu'il n'ose pas. J'ai aussi l'impression que ça le tracasse mais j'ai pas envie de le forcer. Alors, j'attends, et je rigole avec lui.

«_Je suis désolé pour hier.

_Non c'est moi, c'est de ma faute. Je suis désolée.

_Louis t'aime bien.

_Moi aussi.

_Tu t'aimes bien? Il rigole.

_Je l'aime bien aussi.»

Je vois dans ses yeux qu'il est reconnaissant. Je pense qu'il est heureux que je m'entende bien avec quelqu'un qu'il apprécie énormément, -comme son frère, j'imagine-. Mon impression était bonne, Harry hésitait vraiment à me demander quelque chose, et c'était la première fois que je le voyais aussi hésitant. Je découvrais une nouvelle facette de lui, chaque fois. Je ne disais rien parce que j'essayais d'être aussi compréhensive qu'il l'était avec moi. Et je savais également qu'aucun de nous deux en voulait à l'autre, pour hier, ou même pour aujourd'hui.

«_Est-ce que tu fais quelque chose pour Noël? Je peux comprendre si tu es occupée.

_Non, je.. Je suis seule.

_Louis a des plans avec sa copine.»

Oh, ça doit être sa manière de me dire qu'il est seul. Et pour dire vrai, je suis plus triste pour lui que pour moi. Vraiment. Cette fois, j'ai envie que les rôles s'inversent, j'ai envie d'être la personne qui le réconforte.

«_Et Harry a des plans avec Manon.»

Heal you [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant