Chapitre 49

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Nous voici de retour au Pays Imaginaire, plus beau que je ne l'ai connu.

Mais cette jolie vision de calme se détourne rapidement vers un désastre total : Les arbres et les plantes flétrissent et s'effondrent, des animaux dont certains que je n'avais pas encore croisé jusque-là tels que des tigres, lions, ours et autres sont apeurés et courent dans tous les sens. Tentant de sauver leur peau de cette apocalypse sans nom.

Le sol s'ouvre sous certains qui dégringolent dans ces sombres crevasses rocailleuses. Le Grand Arbre vacille, faisant tanguer les ponts en bois et cabanes. Les autres imitent le central et s'effondrent comme un château de cartes. Les Garçons Perdus réunis au sol hurlent à tous vas, tentant de s'éloigner de ce K.O, mais certains - les moins chanceux, se retrouvent vite écrasés sous les troncs.

La falaise supportant la Réserve Indienne se fendille, la séparant du reste de l'île jusqu'à dégringoler dans la mer agitée, emportant avec elle tout le camp et ses habitants.

La Vallée des Fées, pleine de couleurs et de vivacité vient de pourrir sous mon regard tétanisé. Les fées sont affolées. Plus au loin, sur la mer, le navire du capitaine Crochet vient de se faire engloutir par une immense vague se dirigeant droit sur l'île.

Les jumeaux au bord du rivage tentent de la repousser de leur magie, mais celle-ci reste encore trop faible, et quelques secondes plus tard, l'île du Pays Imaginaire n'existe plus. Seule une vaste étendue d'eau turquoise s'étend à perte de vue.

Comme si à présent qu'elle s'est faite engloutir, le nom que porte ce monde gagne en réalité...

L'image me montre par la suite Peter, dans son bassin luminescent au cœur du Grand Arbre, les yeux fermés qui s'ouvrent en fracas. Essoufflé, il porte sa main à son cœur, tentant de réapprendre à respirer décemment.

Il est effrayé.

— Les images que tu viens de voir sont le fruit de la machination d'Inkaha, souffle le phénix. L'eau de l'arbre a été souillé par sa magie, par le biais de Thomas.

Pourquoi ne suis-je même plus étonnée de la tournure que prend les choses...

Soudainement, une voix féminine d'outre-tombe s'élève dans les airs afin d'émettre ses ordres :

— Le sang... Le sang doit couler pour faire perdurer la vie... Jeunesse doit régner dans le sang de victoire... Assouvie-moi de sang pour ma survie...

Brutalement, Peter s'extirpe de l'eau pour quitter les lieux tel un fou furieux, ignorant les appels joyeux des Garçons Perdus autour du feu.

Une nouvelle image le montre assis aux pieds d'un arbre, solitaire, le regard éteint. Il semble vidé. Cette image me brise le cœur, je ne l'avais jamais vu ainsi.

Un loup vient à sa rencontre pour se coucher à ses côtés, la tête posée sur sa cuisse. Il caresse l'animal lorsque que sa fée le rejoint pour se poser sur son unique genou relevé.

— Clochette, je ne sais plus quoi faire... Je ne peux pas tuer des innocents... Mais si je ne le fais pas, le Pays Imaginaire disparaîtra et tout le monde mourra...

— Es-tu certain que c'est ce que t'a demandé l'île ?

— Oui. J'ai encore en tête les images de sa destruction, c'était horrible si tu avais vu ça...

Il renifle en essuyant ses larmes avant que celles-ci ne s'évadent de trop. La fée le rejoint en se collant contre sa joue pour le réconforter.

— Il doit y avoir un autre moyen sans que des innocents ne meurent, non ?

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Where stories live. Discover now