Chapitre 3

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Les mains ligotées, nous marchons depuis près de 20 minutes. Je me demande si nous allons un jour nous poser.

Moi qui avais simplement eu l'envie de prendre l'air car je n'arrivais pas à dormir, jamais je n'aurais imaginé que je me retrouverais à marcher à l'aveugle, dirigée par des garçons censés n'appartenir qu'à un mythe, dans une forêt sur une île qui n'existe sur aucune carte.

Je suis éreintée de cette soirée. Tout ce dont je souhaite c'est repartir d'où nous venons Caleb et moi pour retrouver nos parents. J'essaie de ne pas le montrer en gardant la tête haute devant lui mais au fond j'ai vraiment peur. À combien de reprises avons-nous échappé à la mort ce soir ? Et à combien est estimée notre survie sur cette île en compagnie de ces garçons sans âmes ?

Je veux juste rentrer chez moi et me réveiller de ce cauchemar... Les larmes dévalent mes joues dans le silence en toute intimité. Je remercie secrètement ce sac de couvrir et cacher mon état de désolation.

Depuis notre départ du rivage personne ne parle. Ce n'est qu'à présent que je distingue des voix lointaines. Que se passe-t-il ? Ce n'est qu'une fois proche des rires et paroles enjoués qu'on me stoppe. Et le sac qui servait de rempart à mes larmes m'est brutalement arraché. L'auteur de ce crime ? Peter Pan lui-même.

Il me dévisage d'une intensité propre à lui, le genre qui souhaite à nouveau percer mes secrets. Mais ne pouvant plus supporter ses iris vertes s'imprégner de ma faiblesse, je détourne le regard pour observer l'endroit où nous sommes alors qu'il coupe les liens qui retiennent mes mains avec son poignard.

Un feu de camp brûle au centre de longues bûches disposées en cercle, faisant office de bancs. À gauche se trouve un arbre plus qu'imposant, parsemé de trous sur son large tronc, relié à d'autres arbres par des ponts ou échelles amenant à des plateformes ou des cabanes en bois. Nous sommes à son repère.

— Bienvenue à l'Arbre du Pendu, s'exclame-t-il fièrement.

Il n'était pas venu avec tous les Enfants Perdus plus tôt sur la plage. Trois garçons l'accompagnaient, mais à son campement il y en a clairement dix de plus, tous âges confondus, allant probablement de 7 à 16 ans. Tous nous dévisageant avec curiosité, mais principalement moi. Il est vrai que je suis la seule fille, mais ce n'est pas une raison ! J'ai horreur d'être au centre de l'attention.

— Et voici les Garçons Perdus, me désigne-t-il tous ceux réunis autour du feu ou effectuant d'autres tâches qu'il ont stoppé pour nous scruter et nous offrir quelques signes de mains amicaux. Tous ceux qui ont décidé de ne pas grandir sont les bienvenus au Pays Imaginaire. Un endroit où tout est beau et permis, sauf ! Aller à la Montagne Interdite.

Son visage s'est assombri en énonçant le mont qui renferme cette chose qui le terrifierait d'après Crochet.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a dans la montagne ? lui demande Caleb.

— Un horrible monstre assoiffé de sang d'enfants y vit, lui répond-il tel un conteur d'histoires.

— Mais il peut quitter la montagne !

— Non, car un charme magique a été créé pour l'y emprisonner. Mais si quelqu'un passe à travers ce charme, il ne sera pas protégé une fois dans l'antre du monstre.

Caleb semble captivé par les dires de Peter, mais moi je reste sceptique. Dans tous les cas, ça ne sert à rien d'essayer de comprendre ce qui me gêne dans cette histoire car nous ne sommes que de passage.

— Comment vous vous appelez ? nous demande Peter.

— Caleb, répond mon petit frère.

— Keira.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Where stories live. Discover now