Chapitre 6

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Cet enfer dans lequel nous nous trouvons me couve tel un nuage au paradis. Le vent qui s'immisce entre les feuillages est comme une berceuse à mes oreilles, rendant le cri des oiseaux un brin envoûtants.

Je ne sais depuis combien de temps je patauge dans cette eau turquoise, en faisant parfois quelques longueurs, le temps semble arrêté. J'ai la sensation d'être retournée en enfance tant je me sens bien. Ce lagon est d'une douceur irréelle, nullement froid, d'une température assez agréable qui pourrait me faire rester ici toute la journée.

Cela me rappelle ce que Peter avait dit sur l'eau d'ici, celle-ci s'adapte à la température de la personne qui rentre en contact avec elle. Je soupire de bien-être, bien que toujours vêtue. Je suis restée dans ma chemise de nuit pour ne pas mettre mal à l'aise Caleb, sinon il allait me faire une crise.

— Keira, qu'est-ce qu'on va faire ? Tu penses qu'on est coincé ici pour toujours ?

Mon frère m'observe, assis au bord de l'eau – sur un rocher, en attente d'une réponse. Je réfléchis, observant ces alentours verts et fleuris de plantes exotiques.

— Non. Écoute, dis-je en me rapprochant du rocher.

Je scrute les arbres derrière lui, tentant d'y déceler une activité anormale, mais nous avons l'air d'être seuls. Alors je lui fais signe de se rapprocher pour lui partager ce que Peter m'a confié la veille au cœur de l'Arbre du Pendu.

— Alors on est vraiment coincé ici, s'avoue-t-il vaincu.

— Non, je lui chuchote. Si on ne peut pas partir par la mer, on partira par le ciel.

Il me regarde perplexe, je continue donc mon explication.

— Étant donné qu'il est impossible de retourner sur le bateau de Crochet, en tout cas pour le moment, le seul moyen de quitter ce monde c'est par le ciel. Si nous trouvons de la poussière de fée nous pourrons partir par nos propres moyens !

— Et comment va-t-on faire pour trouver les fées ? De plus, c'est bizarre que Peter ne vole pas et que Clochette ne soit pas avec lui...

— Ne t'inquiète pas, on trouvera, je vais y réfléchir. Et toi de ton côté, essaye d'en savoir plus sur cette île auprès des Garçons Perdus.

Il hoche la tête, puis lance un caillou dans l'eau pour le faire ricocher, mais celui-ci coule lamentablement au fond du lagon.

— Pauvre petit Caleb, il ne sait pas faire de ricochet, me moqué-je de lui.

Il se renfrogne, ce qui m'amuse. Je saisis là l'occasion pour lui envoyer un puissant jet d'eau au visage, auquel il manque de s'étouffer. J'éclate de rire sous ses plaintes et recommence à le taquiner ainsi à trois reprises.

— Arrête ça, Keira ! hurle-t-il en se cachant le visage derrière ses bras.

Il arrive à se relever pour s'éloigner de moi, mais mon côté joueuse étant toujours présent, je m'empresse de sortir de l'eau pour aller l'enlacer en le coinçant entre mes bras mouillés. Il se débat en criant de toutes ses forces, mais mon âge avancé me donne l'avantage sur sa force.

Je sais que je ne pourrais plus faire ça dans quelques années quand il sera plus âgé alors j'en profite. Je suis euphorique tant je m'amuse, mais je décide de le relâcher avant qu'il ne s'étouffe pour de bon. Il s'éloigne de moi et reprend son souffle.

— Tu as faillis m'étouffer ! m'accuse-t-il plié en deux, les mains reposant sur ses genoux.

— Tu sais que je t'aime trop pour ça.

— Je suis tout mouillé maintenant.

Je lui affiche mon plus beau sourire en espérant l'attendrir, mais en retour il me toise en se redressant. Ses réactions m'amusent, il est adorable.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Where stories live. Discover now