Chapitre 11-Louise (Réécrit)

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L'invitation, disons que c'est un début. La vision d'une scène avec un lieu et des personnages : mais qui ne va pas plus loin que ça. Ça peut être une idée avortée, tout comme ça peut déboucher sur une histoire. Nous le saurons plus tard.

On est peut-être dans une fusée mais je n'oublie pas la terre d'où je viens. Il faut vraiment que je me remettre à écrire avant que je ne sorte ce genre de phrases à voix haute. Ce que je voulais dire c'est qu'il vaut mieux que je prévienne mes parents que ce soir je « dors chez Garance ». Ce qui me vaut une réponse en texto dans la seconde qui suit :

‒ Ok.

Parfait.

‒ Merde ! s'écrie Christian, avant de se rendre compte que sa pensée s'est matérialisée.

Il se passe une main dans les cheveux, l'air très embarrassé. S'il peut nous épargner une autre mauvaise nouvelle j'en serais très reconnaissante. C'est exactement ce qu'il se produit puisqu'il ne donne pas de suite à son juron et tout le monde vaque de nouveau à ses occupations.

Je suis engourdie des pieds à la tête et j'ai la bouche pâteuse. J'émerge en quelques secondes quand je prends conscience que je ne suis pas dans mon lit, donc pas en terrain familier. Le problème, parce qu'il faut qu'il y en ait un, c'est que je relève ma tête de l'épaule de Laurène. Et mon cœur commence une course contre mon imagination. Il essaie de se barrer avant que je n'aie le temps d'envisager les pires situations. Trop tard, celle-ci est venue à moi toute seule : la pire chose qui puisse arriver c'est que je bave pendant que j'ai dormi. Je prie pour que ça ne soit pas le cas.

Je passe mes doigts autour de ma bouche pour vérifier qu'aucune substance salivaire n'aie séchée : RAS. Je respire enfin. Puis ma cage thoracique se comprime de nouveau lorsque je réalise à peine que j'étais couchée sur l'épaule de LAURÈNE. Oh mon Dieu ! Le rouge me monte aux joues comme si je prenais feu.

Que va-t-elle penser maintenant ?

Il faut que je trouve une explication et tout de suite car je sens qu'elle s'aperçoit de mon réveil. Vite ! Et lorsque son regard rencontre le mien, je dis la première chose sincère qui me vient à l'esprit :

‒ Oups. Je me suis trompée d'épaule !

J'essaie d'être convaincante mais la phrase en elle-même ne m'aide pas beaucoup.

‒ Tu sais, les deux sont pareilles, réplique-t-elle avec un rictus au creux de la lèvre.

‒ Ce n'est pas ce que je voulais dire ! insisté-je en croisant les bras autour de ma poitrine.

‒ Je t'écoute, poursuit-elle avec une voix chaleureuse qui pousserait tous les criminels à avouer leurs crimes.

‒ Je voulais dire que d'habitude je dors sur l'épaule de Garance.

‒ Oui, je sais tu n'es pas lesbienne. Mais je te jure que dormir sur mon épaule ne t'engage en rien, poursuit-t-elle un peu plus sérieuse.

Je me retrouve un peu confuse. Est-ce vraiment ce que je sous-entendais ? Je ne sais plus moi-même. Je ne sais plus comment réagir et je laisse un blanc s'installer malgré-moi. Garance vient à notre secours en intervenant.

‒ Dites les filles, cette formulation me fait bizarre, elle nous appelle comme si nous étions amies depuis toujours, vous comptez vraiment inviter ce gros homophobe ? demande-t-elle.

Laurène acquiesce.

‒ Et tu viens avec nous ! continué-je.

‒ Mais... tente-t-elle.

‒ T'inquiète pas, tu viendras avec ton Roméo, dis-je.

Son regard s'illumine.

‒ Ce n'est pas mon Roméo, c'est mon ex Roméo, s'indigne-t-elle.

OTHER GIRLS 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant