Laurène-019

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Il est bien mignon avec son drame sentimental mais ça ne justifie pas sa haine. Aussi grande soit sa blessure ou sa déception. Il est assez grand pour faire la part des choses. Mais je ne m'inquiète pas trop à son sujet, il ne semble pas méchant mais juste pommé et peu réfléchi. Cependant je ne tolère pas ce genre de comportement. Est-ce que je suis censée faire changer les choses ou laisser tomber ? Est-ce que je dois me battre ou ignorer ? Tout en me protégeant. Je me suis un peu écartée du groupe sans m'en rendre compte, à quelques mètres de la fusée. Le calme m'envahit malgré mes doutes. La solution : me détacher de tout ça. Ce n'est qu'un trajet le temps de rencontrer @vingt-cinq-ans. Bientôt toutes ces histoires seront finies. Plus de Louise et de sa bande. Plus de Mathieu et tant mieux. Plus rien. Juste la liberté. Et peut être l'amour, je l'espère. Plus de "mademoiselle hétéro" qui me collent à la peau pour me la faire à l'envers.

Louise, Garance et Vivian papotent, tandis que j'entends des pas derrière moi. Sur le vif, je me retourne et croise le regard de l'homophobe. Si je pouvais envoyer des éclairs avec mes yeux je le ferais. Mais ce n'est pas le cas. Alors je le prend par le bras et le tire afin de lui dire ma façon de penser. La vraie. Celle que j'ai retenu pour une raison inconnue au bataillon.

Je le tire et m'approche de son oreille en chuchotant distinctement.

‒ Écoute, je vois clair dans ton jeu. Des gens comme toi j'en ai croisé et je ne compte pas en accueillir dans ma vie.

Je continue sans qu'il n'ai le temps de me couper et je sais qu'il écoute attentivement. Il n'en a pas le choix.

‒ Je suis désolée pour ton histoire avec Candace mais il faut songer à tourner la page ! Tu n'es pas le seul ayant eu une déception, ni une rupture et tu ne peux pas diffuser la haine autour de toi ! Pour aucune raison ! Tu pensais que j'allais marcher dans ton manège, que j'allais te prendre en pitié mais fais gaffe. Je t'ai a l'oeil.

Il semble imperturbable mais il ne l'est pas. Et je l'ai touché en plein dans le mille. Je le sais.

‒ Il n'y a aucune excuse sur terre qui justifie la violence, je dis. Tu touches à ma bande ou à moi...

Le ciel s'assombrit. L'air se rafraîchit.

‒ Je suis désolée, de base je ne suis pas comme ça, avoue-t-il comme un enfant. Je l'ai tellement aimé.

Je roule des yeux.

‒ Ok tant mieux. Mais je suis pas là pour te faire la morale, t'as le double de mon âge et tu n'as pas honte de faire passer des messages de haine ? Je ne devrais même pas avoir à faire ça, je m'indigne. C'est parce que t'as été blessé que tu blesses les autres ? Quel fort caractère ! Ah et sinon tu me prends au sérieux ou je suis trop belle pour ça ?

J'en reste là et tourne les talons pour retrouver les miens. La silhouette de Mathieu s'évanouie dans une autre direction.

‒ Les gars, il faudrait retrouver le reste de la population, non ?

Ils acquiescent. Puisque personne n'a regagné la fusée, nous allons regagner l'équipage nous-mêmes. Encore faut-il le trouver...

Au même moment, une notification retentit dans mon téléphone. Ouf. Lorsque mes yeux se posent sur l'écran c'est une vague de soulagement qui m'envahit. Et je laisse mes cheveux danser avec le petit vent d'été. Je respire de nouveau.

Le message est de Christian. Il est peut être pénible avec ses annonces au micro toutes les deux minutes mais on peut dire qu'il est là quand il faut. On entend les téléphones de Louise, et des deux ex retentir dans une symphonie rassurante : nous ne sommes pas seuls au monde.

Il nous donne une adresse. Apparemment ils sont déjà tous là-bas. Nous prenons la décision d'arrêter un taxi pour nous conduire au lieu en question. Je laisse Vivian s'assoir côté passager : je n'ai pas envie de recevoir les restes de sa pizza sur mes escarpins.

A l'arrière je vois que Garance est à la gauche, Louise au milieu, alors je prends la place qu'il reste et indique l'adresse au chauffeur. La voiture jaune démarre et une dizaine de minutes plus tard, après avoir traversé le centre ville, nous arrivons à destination. Enfin à une destination improvisée.

J'espère que le circuit ne sera pas annulé à cause de cet incident. J'ai vraiment envie de rencontrer cette femme qui m'intrigue tellement. Pourquoi son pseudo est-il si mystérieux. En même temps, de nos jours on ne cherche plus le sens d'un pseudo. Le but étant qu'il soit disponible parce que ça devient une denrée rare.

Nous remercions le chauffeur et descendons du véhicule. Vers l'inconnu. Mais vers des personnes familières : chose précieuse en ce terrain peu apprivoisé de nous cinq.

C'est presque comme si nous allions retrouver de la famille : c'est vraiment rassurant. J'en serais presque enthousiasmée. Mais je n'oublie pas mon objectif qui est contraint par cette situation. A l'heure qu'il est j'aurais déjà dû trouver l'âme soeur et me la disputer avec ses maîtresses inconnues dont Louise fait partie. A cause de cette compatibilité que nous avons en commun. Mais ce n'est pas le moment d'y penser.

Et le lieu du rendez-vous nous saute aux yeux. C'est plutôt clair comme message : HÔTEL. C'est le mot qui est écrit en géant sur la façade, en néons mauves on ne peut pas le louper. La couleur ne me surprend qu'à moitié. Je vois la vie en violet depuis que cette aventure a commencé. Et ça ne fait qu'un jour. Mais il s'en est passé des choses...

‒ C'est trop beau, s'exclame Louise.

Je suis d'accord, en ce qui concerne le reste de l'architecture, c'est comparable à une jolie villa. Tranquille même en plein centre-ville. Avant-même de rentrer il y a comme l'air qui change et qui dit "Ce lieu est à part, ça n'a rien à voir avec une discothèque enfumée même si les néons attirent l'attention."

On dirait presque une résidence de vacances. Bien plantée dans le décors, que personne n'ose déranger. Je pousse la porte pour atterir sur un tapis rouge. Accueil chaleureux. L'homme derrière le comptoir porte un costume des plus classiques avec un noeud papillon.

Il est à la limite de nous faire une révérence. Il nous salue et nous invite à poursuivre tout droit, jusqu'au bout du couloir. Nous nous exécutons. Les murs sont blancs et quelques tableaux ont été soigneusement accrochés. La fin du couloir débouche sur un grand hall avec fauteuils et tables basses. Et en face se trouve un escalier en tourbillon.

Les chambres sont certainement à l'étage. Mais Christian nous intercepte.

‒ Ah vous voilà enfin ! (Il s'essui le front, visiblement agité par cette nouvelle organisation imprévue.) Vos chambres sont à l'étage. Il en reste deux. Donc vous devez vous partager la place qu'il reste. Les premiers arrivés ont été les premiers servis. Je vous laisse, nous reparlerons des détails plus tard. Pour le moment, installez-vous.

En haut de l'escalier, il y a effectivement un nouveau couloir bordé de portes comme dans tout hôtel qui se respecte. Et seulement deux sont grandes ouvertes. Celles qui sont vides. Il ne reste plus qu'à former les duos. Et c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Il n'y a pourtant pas plus de solutions que ça, si on tient compte des affinités :
Garance et Louise.
Garance et Vivian.
Louise et... moi.

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