Kilo-drames TOME II

Partie 17 - « Nid à problème »

Elle me sourit comme pour effacer sa tristesse. Contrainte par la politesse, je prends de ses nouvelles. Elle se contente de hocher la tête pour prouver qu'elle va bien.

Sa candeur est telle qu'on croirait avoir à faire à une poupée russe. En la voyant, on ne se méfierait pas. Je pense que c'est ce qui fait ce qu'elle est devenue.

- Je voulais pas déranger, rajoutais-je pour être diplomate.

- Tu déranges pas, j'allais partir.

Avant de s'en aller, elle se permet de prendre un post-it sur le bureau et un stylo. Elle y note quelque chose.

- S'il te plaît... si tu peux appelle-moi.

J'ai même pas eu le temps de me retourner qu'elle avait déjà refermé derrière elle. Djibril passe ses mains sur son visage. Je m'assois là où elle était assise plus tôt. Je regarde la note qu'elle a laissé : un numéro de téléphone. Je suppose que c'est le sien...

La jalousie commence à se nicher dans chaque parcelle de mon corps. Et l'état de Djibril n'arrange pas les choses.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi elle était là ?

- Les services sociaux veulent lui prendre son fils. Elle a besoin d'argent et d'un travail. Un travail légal.

- Tu vas faire quoi ?

- Lui donner de l'argent et du travail. Tu veux que j'fasse quoi d'autre ?

Je suis très mal à l'aise. Il enchaîne :

- Son mari peut pas l'aider, t'y crois ? Il a une femme et un enfant, il peut même pas s'en occuper correctement !

- Il y a des gens comme ça...

- C'est Rica qui t'as prévenu ?

- Oui. Elle t'a dit pourquoi elle faisait tout ça ?

- Non, rien.

- Elle devrait aussi demander de l'aide à sa famille...

- D'après ce qu'elle m'a dit, personne peut l'aider.

- C'est bizarre... et ses frères ?

- Y en a deux qui ont quitté la ville, les deux autres imbéciles vivent leur vie tranquillement sans se soucier de leur sœur.

- Les deux autres imbéciles c'est ceux qui t'ont frappé ?

- Ouais. Ils ont niqué sa vie.

- Elle a eu le choix de prendre une autre voie. C'est elle qui...

- Elle a pas eu le choix Rehana. Si elle avait eu le choix crois-moi qu'elle serait pas dans cet état là.

- Tu parles de la femme que t'as connu, les années sont passées, elle a changé. Donc tu peux pas être sûr de ce que t'avances.

Il m'analyse mais il ne contre pas mon argument. Je sais que ce que je viens de lui dire l'a touché... la vérité fait mal quand elle est dite et il le sait parfaitement.

- Tu vas lui trouver du travail où Djibril ?

- Ici. J'vais voir avec...

- Ici ?

Je l'ai coupé sans préavis. Comment ça ici ? Sois j'ai mal entendu, sois c'est le fruit de mon imagination. Il me répond simplement :

- Ouais.

- Pourquoi ici ? T'as des contacts, tu peux lui trouver quelque chose ailleurs.

- Pour pas qu'elle soit dans l'inconnu et pour qu'elle se sente bien. Vu ses antécédents j'peux pas me permettre de la confier à n'importe qui.