Incomplet - Recueil d'Histoires

Juin - Originale

Après plusieurs années passées à échouer, leur vie prit enfin le tournant souhaité quand cette petite créature rousse vint au monde, lors d'une nuit étoilée d'un mois de juin. Les jeunes parents étaient véritablement heureux, ce qu'ils avaient tant espéré était là, juste devant leurs yeux. Son nom était une évidence, ils allaient bénir sa naissance, en nommant cette petite fille : Juin.

Chaque jour qui passait était plus merveilleux que le précédent pour eux. Ils chérissaient chaque moment, comme si c'était le dernier. Leur amour était débordant, ils la couvaient, la protégeaient de tous les dangers que le monde pouvait contenir. Ses courts cheveux ébouriffés étaient constamment attachés au-dessus de son crâne afin qu'elle ne s'en arrache pas un ou qu'ils ne se coincent pas quelque part. Elle n'était pas libre de faire la moindre petite chose seule, car si elle avait le malheur de se blesser ou même de simplement trébucher, cela se transformait en une calamité pour eux. Ils étaient devenus plus que prévoyants. Elle pouvait faire ce qu'elle souhaitait, tant qu'ils étaient présents pour veiller sur son âme.

À ses quatre ans, elle allait faire son arrivée en maternelle. Sa vraie vie pouvait enfin réellement commencer, elle allait rencontrer de nouvelles personnes, se faire des amis, apprendre et se construire le meilleur des avenirs. Tous les autres enfants étaient gentils et attentionnés envers elle, aucun ne lui causait du tort. Elle se créa rapidement un petit groupe avec qui elle passait tout son temps en dehors des heures de classe. Même ses professeurs étaient cléments et protecteurs. Les jours et les semaines défilaient, et ses parents étaient heureux de s'apercevoir que tout allait pour le mieux, que rien de négatif ne leur était rapporté. Leur petit trésor avait tout ce qu'il lui fallait et c'était tout ce qui importait. Car de cette façon, elle ne pouvait qu'allait bien.

Les années passèrent et la plupart de ses anciens camarades se retrouvèrent dans la même école primaire qu'elle. L'histoire se répéta. Dès la rentrée, tous se comportaient gentiment avec elle. Elle avait toujours ce petit groupe d'amis à ses côtés, jamais la solitude ne venait la côtoyer. Aller étudier n'était pas un souci. Peu importe ce qu'elle faisait, elle était bien traitée, ses petites erreurs étaient pardonnées. Au début, elle gardait cette crainte à chaque mauvaise action qu'il lui arrivait de faire, mais voyant qu'ils étaient tous conciliants avec elle, cette dernière disparut bien vite. Le monde tournait autour d'elle, ce qui, vers sa troisième année dans cet établissement, commença à lui sincèrement plaire.

Malheureusement, une fois au collège, les langues commencèrent à se délier. Elle retrouvait quelques-uns de ses amis d'enfance, mais ces derniers avaient l'air de lui tourner le dos. Une injustice qu'elle ne parvenait pas à comprendre se mettait en place. Son entourage, et même les professeurs, avait l'air de l'ignorer. Elle avait toujours été mise sur ce piédestal, pourquoi devrait-elle en descendre maintenant ? Les moqueries ne tardèrent pas à arriver et elle apprit ce qu'avaient fait ses parents depuis son entrée en maternelle. Ces derniers insistaient auprès de la direction, des professeurs et des élèves pour que leur fille soit traitée du mieux qu'il soit. À onze ans, les enfants commencent à en avoir assez de respecter les règles et les restrictions imposées, alors ils arrêtèrent de tous bien se tenir avec elle. Pourquoi devraient-ils continuer à faire semblant d'être son ami ? Pourquoi devrait-elle mériter ces privilèges ? Qu'avait-elle de plus que les autres, de différent ? Même les professeurs finirent par se comporter de la même manière qu'avec n'importe quel autre élève. Elle était au collège maintenant, ce n'était plus une pauvre enfant sans défense, la surprotection devenait inutile.

Cela était une injustice, ce n'était pas de sa faute si ses parents agissaient de cette manière. Il n'y avait d'ailleurs aucun intérêt, elle était capable de se faire des amis et respecter sans l'aide de personne. Jamais ils ne l'avaient mis au courant de cela et elle en payait maintenant les conséquences. Tout le monde lui tournait le dos, elle se retrouvait seule et abandonnée de tous. À chaque erreur, elle était punie, comme les autres, plus aucune faveur ne lui était accordée. Ses parents firent tout ce qui était en leur pouvoir pour réparer cela auprès de son établissement et des élèves s'y trouvant, mais rien y faisait. Plus personne ne venait à la maison et elle n'avait pas le droit de sortir sans surveillance, cela devenait un véritable isolement. Leur mode de vie était banal, modeste, elle ne trouvait rien pour s'occuper, se divertir. Les mois passaient et elle fuyait sa famille comme la peste.