Artefact

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J'avais passé la majeur partie de ma jeunesse dans ce cabanon. En rentrant des cours, pendant les vacances, tout était prétexte à y aller. Il était installé dans notre immense jardin, perdu en son centre entre une multitude d'arbres et de buissons, non-loin d'un cours d'eau. A l'intérieur se trouvait quelques bibelots et meubles anciens, dont un grand coffre entouré de chaînes sur lequel j'appréciais grimper. Ma grande sœur ne jouait pas avec moi et préférait rester enfermée à la maison avec ses amis. Alors quand il est arrivé, je ne l'ai pour rien au monde repoussé. J'étais heureux de voir que quelqu'un voulait enfin passer des moments en ma compagnie. A l'école, les autres enfants de mon âge m'appréciaient peu, ce qui m'avait plongé dans une constante solitude. Je devais avoir six ans quand je l'ai vu, adossé aux planches de bois, entortillant un brin d'herbe autour de son doigt. Il était plus grand que moi et peinait à se tenir dans le petit abris. Ne connaissant pas vraiment les habitants de notre village, je me disais qu'il devait sûrement venir d'une des maisons voisines. Les murs de pierres entourant notre terrain n'avaient pas été rénové depuis des années et la plupart devaient s'être écroulés, laissant un passage pour quiconque voudrait entrer.

Je craignais qu'il ne revienne pas après sa première visite, mais les jours passaient et dès mon arrivée, je le trouvais non-loin de notre cabane. Nous mangions régulièrement ensemble au goûter, ma mère m'en préparait un, tandis que lui ramenait le sien. Nous escaladions les arbres, nous allions nous baigner dans l'eau, nous jouions à cache-cache et à toutes autres sortes de jeux. L'impatience de le retrouver grandissait de jour en jour et les mois ont passé. Puis, au bout d'une année, un soir d'été, après m'être rendu compte que je n'en avais pas encore parlé, j'amenai le sujet lors du dîner. Mes parents furent surpris de cette nouvelle et me demandèrent d'où venait mon ami. Je leur dis alors tout ce que je savais sur lui et racontais nos meilleurs moments passés ensemble.

Dix minutes après, je courais à plein poumons, espérant le trouver. Les herbes frôlaient la base de mon cou, des ronces m'écorchèrent les mollets, des pierres me firent trébucher mais je finis par le rejoindre. Il était là, assis sur le toit, le dos contre le tronc de l'arbre, à regarder le ciel et ses étoiles. Je criais, et je pense qu'il comprit quand les sirènes des voitures de police se mirent à retentir.

Nous étions là, attendant qu'ils partent, dans un silence oppressant. Il me tenait dans ses bras, les serrant suffisamment pour me porter sans me faire mal, dans un calme imperturbable. Mes yeux étaient focalisés sur le plafond à travers duquel je voyais les lumières de leurs lampes torches s'approcher dangereusement du coffre au-dessus de nous. 

Incomplet - Recueil d'HistoiresΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα