Haut

6 1 0
                                    

Il était ce temps où nous étions ce tout. Sept, seules et mêmes. Le calme en maître diffère du tien. Mon pouls s'est stabilisé ici, comme si j'avais dû courir pour arriver d'où je n'étais jamais parti. Le vent me traverse, les sons ne me parviennent pas. Ton absence prend l'ampleur que ta présence ne prend plus. Elle grandit à mes côtés et m'enveloppe, ces elles s'enfoncent comme des serres. Mes yeux ont des œillères. Le gouffre se referme et ils se fixent. Il n'est plus. Le silence comme berceuse, la nature change ses draps. La flore meurt et renait, incapable de décompter. Les instants défilent et défient toutes tes pensées. Bridé par l'incapacité, je croule sous les coups pendant que ton âme coule sûrement encore sous ces flots. Les galeries se creusent dans ta chair. Comme cette peine sans fin, ton corps sans faim n'effleurera pas le sol. Tu t'élèveras aux sommets. Il n'y a qu'elle, toi, moi et nous.
Comme si tu vivais toujours, que je te voyais encore. Comme si tu demeurais atteignable, quelque part. Comme si ton idée veillait sur ces os et apaisait notre âme, qu'il suffisait que tu tendes la main pour que je la saisisse. Viens, oui. J'ai étouffé les sons et libéré l'espace. Mon questionnement plane sur tes tentatives. Piètre acteur, j'ai dû fauter. Par dons j'ai enterré tes gênes. Réitérons le cycle. Goûtons la complémentarité. Fière marche neuve. Gardienne de notre astre, ton enveloppe silencieuse brille encore. Les rayons dessinent tes formes, leur chaleur te donne cette vie et ton souffle t'empêche de brûler. Ta silhouette se dévoile sous la brume. Reviens-nous pour l'après.
Mais s'ils t'abattent, que la couleur de ta passion jaillit, qu'advient-il de tout ? Si la paix ne se créer, ta respiration saccaderait. Tu mourrais d'un clignement. Tes morceaux frapperaient le sol comme une première pluie. L'eau s'enflammerait sous la pression, la nuit viendrait d'en dessous et aspirerait ton jour.
Alors qu'importe le monde, qu'importe l'endroit. Ici ou ailleurs. Même si tu es bloquée, je viendrais te chercher. J'entendrai tes appels. Je briserais ces chaînes qui te retiennent, cette ancre qui t'entraîne au tréfonds. Je fondrai l'acier. L'encre grise donnera naissance à l'air. Sans attente. Je puiserais mes dernières lames si ça me permet de nous retrouver. J'irais moi-même. Si le courant m'emporte, je lutterai. Je me guiderais seul à travers l'abîme. Et même aveugle, ta flamme ne cessera de m'éclairer. Qu'importe si je me noie à mon tour. Je battrais des ailes à m'en arracher les plumes pour te libérer. Et si depuis ces cieux tes yeux me transpercent, que la brise ne trouve plus corps à caresser, alors je danserais avec ton reflet dans cet océan d'infini.

Incomplet - Recueil d'HistoiresTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon