Chapitre 19 : La tigresse et le serpent

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Temple des guerriers de la rune, 7e jour de Novram, midi 

Crysta

Rohen nous octroya une courte pause afin de nous désaltérer et prendre un repas rapide. Sidahan avait fait quérir des plateaux de baguettes de pain garnies de charcuterie et de fromage. Nous mangeâmes en vitesse dans nos tentes respectives. Après tout, le public ne s’était pas déplacé pour devoir attendre.

***
  
Lorsque je repris ma place dans la cour pour me positionner face à Triska, le soleil du midi m’aveugla. Mes joues s’enflammèrent. Mais l’astre solaire n’y était pour rien.

Ce combat, je l’attendais. 

L’occasion rêvée de mettre l’apprentie de Silkâr à terre et de me venger de tout ce qu’elle nous avait fait subir à Bjorn et moi.

La silkâdrim s’avança de sa démarche féline habituelle. D’un geste provocateur, elle traça un sillon juste devant elle. Conformément aux règles, je clos les paupières et l’entendis planter sa lame dans le sol meuble de la cour. Je l’imitai et invoquai mon bouclier de protection comme pour le duel précédent. 

Mon incantation réussit dès le premier essai et je pus rouvrir les yeux. Fièrement, Triska leva sa main dans ma direction. Le sang coulait entre ses doigts griffus. Les lumières d’Astraé scintillaient également autour de son épée couleur sable, faisant luire encore plus fort les arabesques décoratives sur ses contours. En attendant le signal de Rohen, elle écarta légèrement les jambes pour se mettre en posture défensive et leva son arme. Ses deux paumes tigrées empoignèrent son pommeau incrusté de fragments de staurolite. Derrière son épée, je pouvais voir le sourire féroce qui étirait ses lèvres. Ses pupilles d’ambre me toisaient avec cruauté et je sus qu’elle attendait cet affrontement tout autant que moi. 

Face à celle qui me détestait depuis mon arrivée, je me tenais prête. Les pieds campés dans le sol. Nos épées brandies dans la hâte de se confronter. Les applaudissements du public retentissaient tout autour, mais nous n’y prêtions pas garde. Guettant juste un seul mot de Rohen pour démarrer le combat et laisser éclater notre rage.

Les battements incessants de mon cœur cognaient jusque dans ma tête. Le stress me menaçait tel un serpent qui s’enroule pour mieux étouffer sa proie. Je croisai le regard bleuté de Tamra et les iris foncés de Bjorn. J’inspirai longuement pour me défaire de cette anxiété qui me rongeait. 

— Voici notre troisième duel ! annonça le mage suprême. 

Mes mains se mirent à trembler. Triska à s’extasier.

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