CHAPITRE 1

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Entre deux cours Zoë, Lisa, Johan et moi avons décidé de nous poser dans le parc de luniversité et de se commander des cafés ainsi que des sucreries, après tout on avait quatre heures de permanences avant de suivre le cours léthargique de géopolitique.

Une fois installé sur la pelouse, on papote et critique nos camarades et professeurs avec humour. On profite de la douce brise de mai pour souffler entre les cours et les révisions pour les partiels de fin dannées, qui auront lieux dans à peine deux semaines. On rit à gorge déployée, on profite tout simplement de ces quelques moment de simplicité entre amis avant de repartir la tête plongée dans les bouquins et manuels ou encore coincé dans un cours magistral de géopolitique ou dhistoire médiévale. Cela fait seulement quelques mois, plus précisément depuis la rentrée scolaire de septembre que je connais Lisa, Johan et Zoë; et pourtant jai l'impression de les connaître depuis toujours. Nous sommes devenu un quatuor inséparable dès la première semaine de cours. Il me sont indispensable depuis notre rencontre. On se sert les coudes, saident mutuellement et on se considère tous égaux. Je ne sais pas ce que ferais sans eux, si jaurais survécu le premier semestre universitaire sans laide de Lisa, les conseils avisés de Zoë ou encore lhumour noir de Johan. On passe une bonne heure dans lherbe à discuter, protégé par lombre des saules pleureur quand soudain Zoë se retourne subitement et me tire la manche. Je manque de métouffer avec la gorgée de café que jai dans la bouche et renverse quelque goutes de la boisson sur mon chemisier.

" - Zoë ! Mon chemisier !

- Arrêtes de pleurnicher Olympe, regardes, répliqua-t-elle en pointant du doigt laile gauche de luniversité.

Je me tourne comme je peux sur la gauche pour voir l'entrée Ouest de la fac. Je suis dabord éblouie par les murs en verres de létablissement. Une fois ma vision habituée, jécarquille les yeux quand j'aperçois un groupe de militaires qui marche dune droiture inhumaine vers la porte vitrée. Le groupe constitué dune soixantaine dindividus avance dun pas confiant et déterminé. Ils sont vêtus de la tête au pied de noir, ce qui nest pas habituel. Cela doit être une occasion spéciale pour quils aient troqué leurs uniformes verts kaki pour une tenue noire de geai. Ils ont à leur épaule une arme à feu et à leur ceinturon une matraque ainsi quun couteau.

Je me retourne vers mes trois amis et leur lance un regard inquiet.

- Il y a un problème, cest sûr lance Johan.

- Peut-être un élève armé ? Demande Lisa.

- Quelque chose ne colle pas. Pourquoi la sécurité du campus ne nous a pas mis à labri si un élève est armée ? Pourquoi avoir fait venir des militaires alors que nous avons des agents de sécurité sur le campus ? Nous questionne Zoë.

- Elle a raison. Un truc cloche. Pourquoi ont-ils des armes dans un lieu public ? Les gars, prenez vos affaires. Ne vous précipitez pas, faites-le le plus naturellement possible.

- Olympe chuchota John.

Je prends mon sac-à-dos et jettes à la poubelle mon gobelet. Une fois arrivé à la poubelle, je lance un bref coup d'il par dessus mon épaule. Luniversité, faite de parois vitrées, jarrive à voir tout ce qui se passe à l'intérieur. Le doyen vient à la rencontre du groupe de militaires. Il tend la main au soldat qui est en tête du groupe. Celui-ci le regard et ne lui sert pas la main. L'atmosphère est tendue, le responsable de luniversité fait des grands gestes et semble très énervé. Un des militaires lattrape par le bras et lattire vers lui. Les personnes présentent dans le hall du rez-de-chaussée sarrêtent et sagglutinent autour de la troupe armée et observe le doyen. Il tire un couteau de son ceinturon et égorge le doyen dun coup sec. De loin, je vois le doyen agripper son cou ensanglanté et tomber à genou devant lofficier qui le regarde dun air triomphant. Personne ne réagit au départ dans le hall. Une fraction de seconde plus tard, la panique gagne les élèves qui courent vers la sortie la plus proche. Un agent de sécurité sapproche du corps du doyen et déchire la chemise de son uniforme. Il dépose le pan de tissu sur la plaie et fait pression pour arrêter l'hémorragie. Il prend le pout du chef détablissement, baisse la tête et arrête la pression sur la plaie. Cest trop tard, il est mort. Je place ma main sur ma bouche et les larmes me montent aux yeux. Lisa pousse un petit cris, Johan et Zoë se prennent lun lautre dans les bras. Dans le hall, les élèves présent essayent de senfuir mais une quinzaine de militaires sortent leur matraque et bloquent laccès aux portes et aux ascenseurs.

- On ne doit pas rester là dis-je en rejoignant mes amis.

- On se cache tout les quatre derrière un des saules pleureur.

- On va devoir rejoindre le plus discrètement possible la gare ajoute Lisa. On ne peut pas prendre de bus, cest trop dangereux. On prend le premier train, peu importe où il nous emmène. On doit absolument partir !

Johan se frotte les tempes pensif et tire son téléphone de sa poche. Il le regarde, incrédule et relève sa tête vers nous.

- Quoi ?! demande Zoë, la voix tremblante.

-Ya pas de réseaux, on peut contacter personne dit-il en nous montrant l'écran de son smartphone. Aucune barre !

- Essaie la wi-fi, ordonna Lisa. On peut peut-être contacter quelquun via Whatsapp ou une autre application

- La wi-fi du luni a été coupée ajouta Johan.

Cest la goutte de trop pour Zoë, qui se met à pleurer à chaud de larmes.

- Parler moins fort ordonnais-je à mes amis.

Pendant quils essayaient de contacter les autorités compétentes, jobserve ce qui se passe derrière les portes en verres de lentrée Ouest. Les militaires ont fait sortir tout le monde des classes. Des élèves ainsi que leurs enseignants descendent les escaliers quatre par quatres, escortés par plusieurs soldats. Les employés de luniversité sont regroupés dans un coin près du réfectoire. Les professeurs sont forcés de se mettre en file indienne devant un des militaires, celui qui à tué le doyen de sang froid. Il vérifie les badges des enseignants. Une petite vingtaine de soldats dispersent les élèves en deux groupes, les hommes dun côté et les femmes de lautre. Du moins, ils essaient de les disperser. Une jeune fille s'accroche au cou dun jeune homme, sûrement son petit-copain. Un des militaires attrape la jeune fille par le bras et la tire de force vers le groupe de femmes. Elle s'agrippe de plus bel, se qui énerve son agresseur qui lui met une gifle. Son petit-ami se débat et tente de la rassurer. Un des collègue du soldat sapproche par derrière du jeune-homme. Il dégaine dun coup sec son arme et assomme le jeune homme dun coup de crosse derrière la tête. Il sécroule, inanimé. Sa petite-amie le regarde étendu par terre pendant qu'elle se fait emmenée de force par lofficier. Le militaire qui soccupe des professeurs se retourne vers les soldats qui essayaient désespérément de contenir les élèves et aboie des ordres tout en gesticulant et pointant du doigt les portes; cest donc lui le chef et le cerveau de lopération. Deux soldats se placent à droite de leur responsable et entraînent les enseignants dehors.

Mes amis et moi nous nous dispersons en deux groupes. Johan et moi derrière un arbre ensemble, Lisa et Zoë derrière larbre à notre gauche. Je penche ma tête pour continuer dobserver la scène. Je prie silencieusement pour que personne ne nous ait vu nous cacher ou nous disperser derrières les saules.

J'essaye tant bien que mal d'espionner ce qui se passe. Les professeurs sont disposés en ligne droite contre la paroi en verre du bâtiment. Ils sont au moins au petite cinquantaine. Certaines se tiennent la main, pendant que dautre pleurent en silence. Je reconnais quelques personnes, dont notre professeurs de géopolitique, que nous devions rejoindre dans à peine deux heures. Les deux soldats se placent devant le groupe, impassibles. Ils retirent leur arme de leur épaules et les disposent avec précautions devant eux. Les professeurs hurlent et essayent de senfuirent. Des coups de feu retentissent, et je vois tombé à terre, un part un, les corps sans vies des enseignants qui avaient dédié leur vies à leurs élèves.

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