Chapitre 6

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En l'espace d'à peine une journée, j'avais déjà battu mon record d'évanouissement. Mais là n'était pas la question. La vraie interrogation était : avais-je vraiment envie d'ouvrir les yeux si c'était seulement pour retourner dans le monde réel ? Le sceau imposé par le roi flottait encore dans ma mémoire, gravé sur mon poigné, comme un rappel morbide. Ramène-moi l'Épée ou tu le regretteras.

Comment allais-je faire ? Je ne pouvais pas lui donner cet artefact, si tant est que je le trouve. Kayle avait assassiné son frère pour le pouvoir et j'ignorai ce que cet objet pourrait lui permettre d'accomplir. Je ne voyais qu'une solution, m'enfuir.

Des fourmillements me chatouillèrent les jambes et me ramenèrent à la réalité. Je jetai un rapide coup d'œil et découvris une araignée rouge et jaune, de la taille d'un poing, rampant sur mon mollet. Je bondis et époussetai mon pantalon de toile en ne me retenant pas de hurler. Je détestais les araignées.

Mais, ce n'était pas le plus important, pourquoi est-ce que je me trouvais dans les jardins du palais ?

— Tu en as mis du temps à te réveiller. J'ai failli appeler Éthan.

Je sursautai, bon sang ! ce palais allait avoir raison de moi. Le roi me torturait et voilà que maintenant, une voix me parlait. D'ailleurs, ma tête me faisait atrocement souffrir. Cela aurait pu être pire, j'imagine, j'aurais pu être kidnappée par un autre psychopathe. Peut-être qu'ils auraient pu devenir amis dans ce cas. Le roi et le psychopathe, je veux dire. Ils auraient fait la paire, après tout.

Je me tournai et découvris un visage familier, le même que celui du jour de la Sélection, avant que je ne tombe dans les pommes.

— Tu m'as fait peur.

— Désolé, on me le dit souvent.

Je fronçai les sourcils.

— C'est une blague, fit-il en riant comme pour dédramatiser la situation.

Mouais, pensai-je en me levant.

— C'est Ryvenn, c'est ça ?

Il se tenait devant la baie vitrée qui donnait dans sa chambre. La configuration était à peu près la même que celle que j'avais trouvée dans ma propre chambre, le matin même.

— J'aurai pensé que tu te souviendrais plus rapidement de mon prénom, je suis quand même ton sauveur.

Mes yeux lui lancèrent des éclairs.

— Oh ! ça va, je rigole ! C'est pas normal que je doive autant préciser quand j'use de ce qu'on appelle l'humour — du moins pour le commun des mortels.

Je croisais les bras.

Il leva les mains en l'air.

— Tu voudrais pas arrêter de faire cet air, on dirait que tu veux me tuer...

— Maintenant que tu le dis...

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. Il fit mine de bouder, et je me dis qu'il s'agissait du bon moment pour lui être reconnaissante de tout ce qu'il avait déjà fait pour moi.

— Merci d'être venue m'aider la dernière fois et merci de ne pas m'avoir laissée dans cet escalier.

Il haussa les épaules en souriant de toute ses dents.

— Ah bah voilà, un peu de reconnaissance, ça fait pas de mal.

Je haussai un sourcil, et il se contenta de me faire un clin d'œil. Je n'eus pas le temps de réagir qu'il sortit de sa poche un récipient contenant une crème bleutée.

Le Chemin de l'ÉpéeWhere stories live. Discover now