Chapitre Unique

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Rien qu'une nuit, rien qu'une étreinte. Une simple parenthèse pour s'évader l'espace de quelques heures de leurs rôles, de leurs vies étouffantes. De simples murmures, de discrets soupirs faisant rougir la lune qui ne pouvait s'empêcher de couvrir cette union d'une lumière douce et chaleureuse. Pourtant, on voyait bien qu'elle avait envie de laisser quelques larmes d'argent couler, tant les caresses qu'elle distinguait étaient empreintes de tristesse et de désespoir.

Tristesse que cette parenthèse ne puisse durer plus longtemps qu'une nuit. Désespoir que tout ceci, tout ce qu'ils ressentaient ne puisse éclater au grand jour.

Ce n'était qu'une nuit, qu'une étreinte. Ce n'était qu'une simple parenthèse pour s'évader l'espace de quelques heures. Ce n'était que cela, et rien de plus. Le lendemain, leurs vies, leurs rôles reprendront. Et à nouveau ils se feront face, chacun dans un camp. À nouveau, ils devront se frapper, se battre, hurler des choses toutes plus blessantes les unes que les autres. Mais cette fois, c'est le soleil qui dardera sur eux des rayons froids comme les larmes. Les deux seuls témoins de leurs escapades, de leurs rêves brisés, de leurs larmes, de leurs sentiments piétinés, de la détresse qu'ils éprouvent à chaque bataille, à chaque coups, à chaque mots qu'ils sont forcés de dire. Et pourtant, même si la lune souhaiterait ne jamais se coucher pour que dure à jamais la nuit, même si le soleil prierait pour éblouir le monde, les cachant à la vue de tous, ils savaient que c'était impossible. Que les seuls capable de changer cette relation de souffrance en fin heureuse n'étaient autre que les deux protagonistes de cette histoire. Les deux âmes perdues qui avaient su voir à travers les non-dits et les faux semblants. Les deux êtres qui, envers et contre tout, avaient appris à se connaître et à s'aimer.

Mais est-ce que cette fin heureuse arriverait un jour? Auront-ils le courage de trahir les leurs pour succomber à cet amour interdit? Les astres l'espéraient. Jamais ils n'avaient vu relation plus pure et plus sincère que la leur. Une relation qui méritait qu'on se batte pour elle. Même si pour cela, amis et familles devaient être trahis.

C'était si facile et si dur à la fois... Après tout, ils n'avaient qu'à rejoindre l'autre camp. Oui, mais lequel? Lequel devait trahir les siens? Lequel devait passer dans l'autre camp? Et ce camp l'accepterait-il? Ils savaient tous les deux. Ils savaient qui devait trahir sa famille. Mais ils savaient aussi que l'autre camp, les "gentils" ne l'accepteraient pas. Après tout, il n'était même pas humain... Ils penseront tous pareils. Que ce n'était qu'une ruse. Qu'il ne l'aimait pas vraiment. Et pourtant... Il ne s'imaginait plus vivre des siècles et des siècles sans lui. Sans ses sourires, sans ses cheveux blonds tressés, sans ses petites mains, sans ses baisers, sans ses caresses, sans sa voix, sans sa présence, il ne se l'imaginait plus. Et même s'il essayait, il n'y avait que vide, douleur, mort.

Alors les deux amants continuaient cette vie, cette guerre, ces batailles qui n'avaient plus aucun sens. Pourquoi devaient-ils se battre? Ne pouvaient-ils pas enfin être heureux? Il y avait eu tant de souffrance depuis si longtemps... Des années, des siècles à répandre le sang, la guerre, les conflits. Tout ça n'avait donc pas de fin? L'amour ne triomphait-il que dans les livres?

La lune aurait aimé les détromper. Leur dire que non, les romances n'étaient pas seulement des contes pour enfants. Qu'ils avaient le droit d'être heureux.

Mais le soleil ne la laissait pas faire. À quoi bon? Ils savaient tous les deux ce qui allait se passer. Ils le savaient, et ils l'appréhendaient. Mais peut-être que...?

Les jours passaient sans changement. Une étreinte certains soirs, des mots d'excuses, des mots d'amour. Puis un champ de bataille le lendemain. Un regard tendre, une caresse volée au milieu de cette violence sans sens. Qui sait, ils allaient peut-être réussir à vivre comme ça...

Mais ce jour funeste arriva. Ce jour d'une dernière bataille. Ce jour d'une violence sans précédent. Les corps tombaient, sans distinction entre les camps, les balles se croisaient, l'alchimie s'enchaînait, les coups pleuvaient. Pas de larmes. Pas encore. Des cris. De douleurs. De blessures. Mais seulement externes. Les cœurs étaient fermés. Les esprits resserrés. Une simple pensée. "Nous devons gagner". Mais à quel prix?

Le soleil ne voulait pas voir ça. Il pleurait tellement devant cette violence. Il pleurait de ne pas voir ses protégés réunis. Il pleurait de devoir supporter ça seul, la lune n'apparaissant même pas à ses côtés.

Mais soudain, la bataille sembla se stopper. Un corps tombait au ralenti. Et tout le monde ne pouvait s'empêcher de le regarder tomber. Et le soleil pâlit.

Personne ne bougeait. Un bruit sourd retentit quand, enfin, le corps toucha le sol. Un bruit qui sembla hurler dans les cœurs de tous. Un bruit au moins aussi déchirant que le cri qui suivit.

"NON!". Un simple mot. Mais un mot qui faisait si mal. Un mot qui brisait l'âme. Un mot empli de tellement de désespoir que la détresse du monde semblait n'être que douceur à côté.

"ENVY!"

Encore... Des cris, des pleurs, des paroles de supplications.

- Je suis... désolé... chibi-chan... murmura Envy, les yeux mi-clos.

- Dis pas ça! T'as pas le droit! T'avais pas le droit de faire ça! criait le garçon.

Il ne voulait pas... Pourquoi avait-il fait ça? Pourquoi l'avait-il protégé de son frère?

- T'as pas le droit de mourir pour moi... sanglota Edward.

- Mais comment... aurais-je pu... te laisser... mourir... sans rien faire? dit difficilement l'homonculus.

Edward ne savait quoi répondre. Alors il restait là, à côté de celui qu'il aimait plus que sa propre vie, serrant son corps si puissant, si doux, contre le sien.

- Je t'aime chibi-chan... souffla alors Envy.

- Je t'aime aussi baka...

Une pluie si fine qu'elle semblait n'être que mirage se répandit alors autour des âmes en peine. Le soleil laissait enfin sa tristesse s'exprimer. Pourquoi cela devrait-il finir ainsi?

Un corps maintenant sans vie contre lui, les larmes d'Edward ne cessaient de couler. Des larmes de tristesse, de détresse, de peur, de lassitude. Qu'avaient-ils donc fait pour mériter cette haine?

Certains lui auraient bien mis les péchés d'Envy sous les yeux. Pourtant, alors qu'il se lamentait, personne n'osait rien dire, ni faire.

La bataille était définitivement finie... Et personne ne l'avait gagné.

Fin

Astres TémoinsWhere stories live. Discover now