LES OMBRES DU PASSE

chapitre 13

Après les révélations d'Isaya, je crois qu'on peut dire que Pablo Munoz est loin d'être un homme bon. Si ce qu'elle assure est vrai, cela veut dire que toutes les filles du club sont potentiellement en danger. Je suis en danger.

Il fait nuit, seuls les lampadaires et les phares des quelques voitures me permettent de voir quelque chose. Il faut que je reprenne la route. Les policiers doivent se demander ce que je fabrique et il fait un froid de canard. Mon portable affiche des dizaines de messages et d'appels manqués, la plupart provenant de Ryan. 

J'enfile un vieux sweat-shirt en sortant de ma voiture. La station de police se dresse devant moi. Le lieu qui devrait être rassurant, la nuit, c'est une toute autre chose. Je gravis les marches grises qui deviennent au fil du temps noires. A peine entrée, je suis assaillie par plusieurs personnes. Boggs, Ryan, Kristen, et même Garrett : mon sauveur en ce moment au night-club.

« Tu peux me dire où tu étais ?

— J'ai eu pas mal d'informations. »

Mes quelques mots les intéressent immédiatement. Plus personne ne parle, cependant, ils me regardent d'une façon très étrange, comme s'ils étaient prêts à me sauter dessus et à me dévorer.

Sans un mot, je me dirige vers le distributeur automatique et m'achète quelque chose. Tout ça m'a donné faim.

Finalement, je leur raconte dans les moindres détails ma conversation avec Isaya. Ils semblent peu surpris de mes révélations. On savait que Pablo n'était pas un enfant de cœur.

« Elle pense que Pablo fait du trafic d'être humain.

— Avec les filles du club.

— Oui, j'affirme. Il y a beaucoup de filles qui disparaissent d'un coup, mais souvent, c'est parce qu'elles changent de vie radicalement. Seulement, Isaya a cherché les traces de toutes les filles qui ont disparu depuis qu'elle est au club. Elle en a retrouvé certaines, mais d'autres sont introuvables, comme si elles n'avaient jamais existé. Et c'est le cas de cette Marilyn.

— Il faut qu'on sache avec quel gang Munoz travaille, annonce Kristen. Les Bloody Screamers ont leur QG à Rainer Valley et en plus du trafic de drogues, ils font dans le trafic d'êtres humains.

— Et ça se trouve, Munoz lui envoie ses filles.

— Ça se tient, conclut Boggs. On va s'attaquer à ça dès la première heure. En attendant, rentrez tous et reposez vous. »

La salle se vide à une vitesse hallucinante. Je peux comprendre qu'ils soient tous pressés de partir après avoir travaillé toute la journée et une partie de la nuit pour faire de même le lendemain. Le rythme doit être crevant. Je pense que tous ont hâte de coincer Pablo pour rependre un rythme plus tranquille.

A mon tour, je me retire, heureuse de pouvoir mettre fin à cette journée. Malheureusement, mon bonheur est de courte durée. On me tire par le bras, me forçant à suivre la personne, puis la porte claque.

« Quoi encore ?

— Tu aurais pu nous prévenir ! C'était complètement imprudent de ta part ! Et en plus, tu as enlevé ton mouchard. Imagine une seconde qu'Isaya se soit foutue de toi et qu'elle soit avec Pablo. Punaise, tu vas me rendre fou, Charlie ! »

Isaya du côté de Pablo ? Non, aucune chance. Elle s'est pointée au club l'autre jour avec une envie dévorante de le tuer sur place. À moins que cela ait été un coup monté. Non, impossible. Isaya a bien trop à perdre.

En pleine réflexion, je ne vois pas venir les lèvres de Ryan qui fondent sur les miennes. Ses mains puissantes attrapent mes hanches, me collant à lui. Les choses sont encore en train de déraper, mais je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à son odeur, son corps contre le mien, ses longs doigts qui se fraient un passage sous mon sweat-shirt. Ryan est envoûtant, il n'y aucune autre façon pour le décrire. Le contact avec sa peau brûlante me donne des frissons. J'ai tant de fois rêvé partager ce genre de moment avec lui quand j'étais adolescente, mais on ne peut pas. On a déjà fait la bêtise une fois. C'est à croire que nous n'arrivons pas à tirer des leçons de nos erreurs passées.

Son corps me réchauffe bien plus que n'importe quel feu pourrait le faire. Ce type pourrait me faire faire n'importe quoi s'il le voulait. Et malgré toute l'envie que j'éprouve à son égard, je le repousse tant bien que mal.

« On a déjà fait l'erreur une fois. Ça ne peut pas se reproduire. »

Ses lèvres gonflées m'appellent, me font de l'œil, mais je fais dans ma tête la liste de tout ce qui pourrait mal se passer si nous franchissons les barrières.

« C'est de ta faute.

— Ma faute ? Je m'indigne. Non, mais ça ne va pas la tête !

— Tu me rends dingue à n'en faire qu'à tête ! Il faut toujours que tu ne fasses que ce que tu veux quitte à te mettre en danger. Et quand tu fais ça, je ne peux pas te protéger.

— Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me protéger, j'insiste sur chaque mot pour essayer de faire passer le message. Je ne suis plus cette gamine, Ryan. Je ne suis plus la petite fille que tu as sauvé des griffes de ses parents. Cette fille, elle est morte.

— Je n'en suis pas certain. »

Il est vraiment en train d'essayer de me mettre en colère au milieu de la nuit après avoir passé une journée à bosser au Morning et une soirée plus que fatigante. Et après, c'est lui qui se plaint que je le rends fou. C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Et bon sang, malgré ça, j'arrive encore à avoir envie de lui sauter dessus.

Que m'arrive-t-il ?

« Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— J'hésite entre te trancher la tête ou te sauter dessus, je réponds sincèrement.

— Je préfère l'option numéro deux. »

Oui, moi aussi.

Il faut seulement une seconde pour que nos bouches se joignent à nouveau. Cet homme va me faire perdre la tête un de ces jours.

bonjour !
LODP a repris du service la semaine dernière si vous n'avez pas manqué la notif

aujourd'hui on en apprend un peu plus sur les affaires de Munoz, qu'en avez-vous pensé ? et cette relation un peu chat et chien entre charlie et ryan ?

je vous dis à la semaine prochaine !
prenez soin de vous xx ❤️