Chapitre 3

7 0 0
                                    


"Mais c'est déroutant, on a parfois la sensation de voir de vieux couples agir les uns envers les autres. Avez-vous toujours été aussi tactiles ?"

- Définitivement ! acquiescé-je avec vigueur.J'avais brusqué plus d'une personne avec ma manie de contacts constants et impromptus mais j'avais grandi au milieu de soeurs en besoin d'affection permanent. C'était une simple preuve d'amour pour moi, et tout le monde méritait un peu d'amour. Tout le monde méritait d'être cajolé.
- Absolument pas ! répondent Liam et Zayn à l'unisson en se pressant l'un contre l'autre, se targuant de leur synchronisation.

- Je me suis jamais vraiment posé la question... songe Niall. Sûrement pas autant je présume.

- J'aime le contact, conclut calmement Harry, nous causant à tous des haussements de sourcils licencieux.

"Bien. Cela fait maintenant un peu plus d'un an que One Direction a été formé, sans vous connaître au préalable vous êtes devenus cette team ultra soudée aujourd'hui et on vous surprend toujours extrêmement proches...Les garçons, expliquez-nous quel genre de relation vous entretenez tous les cinq."

Un bref silence accueille son interrogation, nos regards se croisent, chacun cherchant un semblant de réponse dans les yeux des autres. Forcément Harry s'attarde sur moi, tout comme je m'attardai à deviner ce qu'il se tramait derrière ses prunelles émeraudes. Un sourire doux naît lentement et étire ses lèvres. Comment expliquer ce qui nous lie? Il est impossible de poser des mot sur notre lien, il faut le vivre pour saisir la dimension ineffable qui fait de nous un groupe, certes, mais un groupe de meilleurs amis. Et puis il a Harry et moi...


- Personne ne peut comprendre ce qui nous lie, je pense, le contexte est trop spécial et c'est ce qui nous a autant rapprochés je suppose.


Harry marque alors une pause, il est difficile de mettre des mots exacts sur des sentiments,
difficile d'expliquer une relation unique au monde.


- Mettez des jeunes, reprend-t-il hésitant comme voulant exploiter la comparaison la plus juste, pleins d'enthousiasme, ayant les mêmes rêves, la même fièvre de vivre et offrez-leur le monde, ils deviendront rapidement inséparables, étourdis par ce don inespéré.


Son sourire se fait contrit, comme désolé de ne pouvoir être plus clair et il cherche aussitôt mon regard comme gage de réconfort, je lui adresse déjà mon plus doux rictus, passant subrepticement ma main sur son genou et sens son épaule peser contre la mienne. Comment pourrions-nous traduire ça par des mots?

- Nous cinq, ça semble tellement évident aujourd'hui... On s'est réellement trouvés après X-factor, je pense. On était déjà proches et tout, mais vivre la suite ensemble, ça a semblé être le déclencheur, tente alors Liam s'enlisant en propos confus. Nous sommes plus comme des frères aujourd'hui, je ne saurais pas mieux l'expliquer, aucun lien ne nous oblige à nous aimer mais...Lorsque nous sommes ensemble, cette proximité est inévitable, incontrôlée.

- On est tous tellement différents, ensemble il y a une sorte de complémentarité évidente qui s'impose, commencé-je en passant affectueusement un bras autour des épaules de Liam. Et puis...on était tout gamin, tirés du cocon familial à seize ans -en moyenne- on avait sûrement besoin de se créer des repères alors on a formé notre famille de substitution. On traversait les mêmes choses, l'euphorie de ce tourbillon qu'est le succès, les moments de doute, l'éloignement... Affronter l'inconnu à plusieurs c'est rassurant. On s'est soutenus, on a tous joué le rôle du grand frère pour l'un d'entre-nous à un moment. On s'est construits ensemble. On se connaît par cœur alors chacun sait comment rassurer l'un, consoler l'autre ou motiver le troisième. C'est une relation que personne ne peut imiter, j'en suis certain, c'est comme...

- Abrège Louis ! me coupe Zayn en poussant tendrement mon épaule par-dessus le corps de Liam. En réalité, en trois ans, collés 24/24h c'est un véritable miracle qu'on ne se soit pas encore étripés !

- Tu dis des bêtises Zayn ! On s'aime trop pour ça, s'exclame Niall d'une candeur inespérée.

A la suite de son intervention un flot de voix retentit, se mélangeant, se répondant parfois, mais emplissant la pièce d'acclamations attendries.

- Oh mon bébé ! gémit Liam en l'enveloppant dans une étreinte de ses immenses bras.
- Tellement naïf Nialler.
- Ni' je t'aime, vocifère Harry s'adressant bien plus à la caméra qu'au blondinet.
- Aha quelle blague, émet Zayn. Crétin angélique va !

Et il tend une main par-dessus le corps de Liam avachi sur lui pour atteindre ledit Niall, et lui
ébouriffe affectueusement les cheveux.

"Et c'est sur ces témoignages d'amour et ces déclarations poignantes que nous nous quittons les amis, s'époumona l'animatrice pour couvrir nos voix. Eh bien merci à tous d'avoir suivi cette interview exclusive des One Direction sur Radio Channel ! Les cinq garçons viennent de finir leur tournée X-factor et après deux singles qui ont cartonnés leur tout premier album sort demain ! Je vous laisse donc avec un extrait exclusif de Up All Night! A bientôt sur Radio Channel où la musique est éternelle !"

Les caméras perdent leur lueur rouge et la femme repose son micro, semblant épuisée. Une moue s'inscrit sur son visage alors qu'elle s'adressait à un homme presque entièrement dissimulé derrière la caméra principale :


- J'ai hésité... j'aurais peut-être dû dire démentielle plutôt qu'éternelle... C'aurait été plus percutant pour la tranche de spectateurs qui va écouter ça, non ?
- T'en fait pas Sasha, t'étais parfaite, la rassure l'homme sans même détourner son regard de l'écran de retour.
On peut, lors de la conclusion de Sasha, nous voir étalés en arrière-plan tous les cinq les uns sur les autres, formant un amas de membres, moi au sommet embrassant les cheveux de Harry...

~
Le rire de Niall continua d'emplir la pièce bien après que Liam ait coupé la vidéo, c'est d'ailleurs ce dernier qui le fit taire en faisant basculer son buste sur ses genoux en faisant mine de l'étouffer, le faisant s'étaler sur le sofa et provoquant les grognements mécontents de Zayn.

- C'que tu pouvais être sentimental Nialler! s'exclama-t-il en le poussant à se redresser sans prévoir que le blondinet se laisserait volontairement tomber sur Zayn pour de nouveau déclencher ses plaintes intempestives.

Pour ma part, je restais fixé sur l'écran lui-même figé sur la dernière séquence vidéo, mes yeux ne pouvant se détourner de la scène aujourd'hui totalement obsolète, une scène fantasmagorique dans le contexte actuel.

- Vous réalisez que c'était il y a quatre ans les gars?

Forcément, c'est cette voix qui me sortit de mon apathie passagère, mon visage pivotant dans sa direction malgré moi.
Deux gamins inconnus à l'époque à qui il n'avait fallu que quelques semaines de cohabitation pour devenir inséparables, une seule année et déjà un lien indéfectible que personne ne parvenait à définir. Un lien indéfectible qui ne l'était pas tant que ça puisque quatre ans plus tard il n'en restait que quelques souvenirs teintés de rancune.

- Quatre putains d'années... C'est fou combien ça vous change un homme.

C'est ma voix, rauque et froide qui semblait avoir interrompu les plaisanteries et autres récits de fantasques souvenirs. Les éclats de voix se turent et tous les regards convergèrent vers moi, mais malgré leur orientation les iris verts n'osaient me regarder réellement.

- Vous concevez d'où on est partis et tout ce que ce groupe nous a apporté depuis?

Liam avait pris un ton enthousiaste à la frontière de l'hystérie ce qui trahissait malheureusement sa pitoyable tentative de diversion vers une atmosphère plus légère.

- Et ce dont il nous a privé on en parle?
- Putain ce que t'es aigri Louis!

Tiens! Le Zayn toujours à prendre ma défense semblait avoir aussi envie de me faire chier ce soir et avoir changé de côté.
Je ne lâchais plus Harry des yeux et celui-ci continuait de se soustraire à mon regard, commençant à s'agiter nerveusement sans jamais relever la tête.C'est aussi ce succès et cette merde médiatique qui se cachait derrière l'échec de notre amitié.

- Vous saoulez les gars! Sérieux c'est quoi cette nouvelle manie de vous détestez? Vous pourrissez tous nos moments à cinq, déjà qu'il se font de plus en plus rare...
- T'insinue quoi au juste là Horan?
- Détends-toi bad boy! Mais on peut pas dire qu'on se manque en ce moment!
- Mais on bosse h24 ensemble, excuse-moi si j'en ai parfois assez de voir vos gueules!
- Tu supportes assez bien la gueule de Louis pourtant vu que vous passez votre vie ensemble, intervient finalement Harry d'une voix morne, le regard fixé sur Zayn, le sol semble n'avoir qu'un intérêt limité en fin de compte...
- Te sens pas visé Zee, c'est vrai regarde-nous! Ils sont beaux les meilleurs amis à se foutrent sur la gueule à la moindre occasion, un rire froid naquit du fond de ma gorge pour se faire entendre, glaçant au milieu de mes mots. Putain, vous parlez de Harry et moi mais tous autant qu'on est on ne fait que se supporter. Tous à taire ses frustrations et à faire bonne image parce que c'est notre job de bosser ensemble. En fin de compte, à force de fermer sa gueule et de jouer aux bons petits soldats dociles on n'est rien de plus que des collègues avec un passé commun. Aucun de vous ne s'écarte jamais du personnage prédéfini dont on l'a doté. Ne pas faire de vague après tout, c'est la consigne! Vous me faites rire à tous vous voiler la face.
Aucune description ne serait suffisamment réaliste pour attester de l'ambiance polaire que mon petit monologue fit s'abattre sur notre petite réunion.

- Moi je vous aime toujours les gars...- Qu'est-ce que je disais: Niall aka la fée clochette, je soupire.

Liam me lança un regard peiné, mais mes propos étaient loin d'être erronés et c'est l'unique raison qui le retint de s'élever contre moi.Ces ersatz de réunions ne pouvaient plus suffire à prétendre que nous étions aussi soudés qu'à nos débuts. Nous nous étions éloignés, c'est un fait. Nous avions tous évolués individuellement de façon différente et aujourd'hui le groupe n'était plus toute notre vie, nous avions chacun des projets à côté, une famille, une petite-amie...Une vie en dehors du groupe. Presque comme si le groupe n'était plus notre priorité. Sauf peut-être pour Harry...Mais ça avait toujours été son rôle de porter notre nom quoi qu'il puisse se passer.La question aujourd'hui était de savoir s'il continuait de le faire par conviction, ou seulement pour coller à ce rôle, incapable de s'en défaire après tant d'années d'endoctrinement à cette place.
Il y avait Zayn, fiancé à son grand amour et qui était depuis longtemps déjà démissionnaire de son rôle au sein du groupe. Il ne prenait plus de plaisir et avait fini par n'y porter qu'un intérêt minime, préférant s'isoler et vaquer à ses propres occupations sur lesquelles personne ne savait rien. La majorité du temps on ne le voyais pas, il se faisait discret; sauf quand il était en train de traîner avec moi et d'établir notre prochaine connerie . Il s'investissait le moins possible, si bien que même nos disputes lui passaient au-dessus de la tête.
Liam était juste...Liam. On ne savait jamais trop avec lui, il semblait apprécier ce qu'on faisait, mais qui sait...il avait toujours très bien su faire semblant. Ce n'était pas pour rien qu'il avait été pressenti en tant que tête d'affiche du groupe avant qu'Harry ne fasse autant de ravage dans notre public cible et lui dérobe le job.C'était dans sa nature, il souhaitait toujours tout faire correctement quitte à faire les choses à la place des autres, toujours dans leur intérêt. Liam qui galérait continuellement dans sa vie privée bien qu'il n'en ait pas l'air. Malgré son air d'adolescent en pleine crise tout ce à quoi Liam aspirait été de trouver quelqu'un avec qui il pourrait un jour -bientôt- établir une relation sérieuse puis penser activement à construire un foyer avec elle
Bien sûr, Niall est un peu un cas à part, il vénérait littéralement notre groupe et s'y consacrait pleine.ment, mais c'était un peu différent. Il jouait un rôle crucial dans nos compositions, surtout en ce qui concernait l'écriture de la musique. Et puis il avait sa propre échappatoire, il s'évadait régulièrement en se produisant sur scène avec d'autres groupes en tant que guitariste lorsque nous n'étions pas en tournée. Il connaissait un monde impressionnant et évidemment tout le monde l'adorait et les propositions fusaient de partout, alors à défaut d'avoir une vie privée exaltante il s'éclatait littéralement dans sa vie professionnelle. Sur scène il gérait parfaitement, toujours impliqué dans ce qu'il faisait, il s'éclatait et faisait son propre show dans un coin, mais n'oubliant jamais de venir interagir avec chacun d'entre-nous pour sauver les apparences. Sauf que son attitude se voulant subtile et naturelle était des plus flagrante. Pour tout le monde.Il aurait voulu que tout ça soit sincère mais c'était encore quelque chose que nous avions perdu en route vers le succès.
Il y avait Harry. Harry que je ne cherchait plus tellement à cerner. Harry profitait de ce qu'il avait sur le moment, il avait toujours été un peu comme ça je pense. Il adorait être sur scène, être mis en avant et divertir les foules. Il aimait qu'on le regarde. C'était son côté extraverti qui prenait le dessus une fois face à un public. Il avait été formé pour ça après tout... Une fois les lumières en marche il ne se préoccupait plus de personne, il était chez lui, les gens étaient venus pour lui seul et il leur offrait le spectacle qu'ils étaient venus chercher.
Et puis il y avait moi, un peu paumé au milieu de tout cela, ne sachant plus trop quelles étaient mes priorités ni mêmes mes envies primaires... Je me sentais juste déphasé.

- Zayn a pas tort Louis, t'es devenu aigri...et con avec!

Mon ton condescendant n'avait, semble-t-il, pas beaucoup plu à Monsieur Parfait. Ma profonde introspection m'avait empêché de remarquer sa tentative de sortie théâtrale. C'est plus mon genre de la jouer dramatique d'habitude.
Je n'eus que le temps de saisir le regard froid qu'il me lança et de recevoir ses mots qui tranchèrent mon esprit avec une facilité déconcertante que déjà la porte claquait avec violence, dissimulant à ma vue son corps tendu à l'extrême.


***


On était juste ridicules en fin de compte, moi tout autant que lui si je n'admettais pas l'être davantage encore. J'étais peut-être l'initiateur de toute cette merde mais depuis les récents événements le gentil Harold s'était transformé en véritable con.
J'étais pitoyable à m'emporter de la sorte pour si peu -soit Harry qui snobbe la bouteille d'eau que j'avais ramenée pour lui- mais c'est très probablement dû au contrecoup de la culpabilité qui commençait doucement à me peser.
C'était différent au tout début, ma rancœur contre lui prenait toute la place et suffisait à supplanter les moments de doutes où je ressentais ce manque indescriptible. Et depuis peu tout s'était un peu inversé, la raison de ma colère était toujours présente mais grandement atténuée par l'outrageant comportement qu'Harry semblait volontairement adopter en ma présence.
Aujourd'hui c'était lui qui m'en voulait et à présent il était la source-même de cette distance qui caractérisait notre relation depuis trop longtemps.
Tout avait changé, Harry avait quelque chose à me reprocher, et si quand c'était mon tour de le malmener pour lui faire comprendre que j'avais quelque chose contre lui, me retrouver de l'autre côté m'enfermait dans une humeur morose et penaude la majeure partie de la journée. Il m'en voulait, et je culpabilisais d'avoir pu lui donner une bonne raison de le faire.Le froid dont il faisait preuve en ma présence était totalement inédit, jamais Harry ne s'était comporté d'une telle façon envers qui que ce soit, quand bien même il ne portait pas cette personne dans son cœur... Quoique la question ne se posait même pas, Harry ne détestait personne, Harry ne se comportait mal avec personne.
Il faut croire que chaque généralité possèdait son exception.


En soi, ce n'était pas grand chose si ce n'est une multitude d'agissements détournés dont le significatif manque de considération me montait à la tête. Les seuls affrontements frontaux auxquels il nous arrivait de nous livrer n'avaient d'autre source que ma seule personne. Harry était bien plus subtil, et c'est ce qui était d'autant plus blessant. Alors plutôt que de faire part de mon sentiment croissant de culpabilité ou de quelconques regrets sur des mots qui lui auraient donnés une raison de m'en vouloir, j'optais préférentiellement pour une provocation directe, quitte à ce qu'il ait une raison tangible pour m'insulter et que ce qu'il pensait probablement de moi s'avère vrai: Louis Tomlinson n'était qu'un pauvre con...


***


- Bon les gars on en a assez de vous voir vous comporter comme des gosses.
- C'est pesant votre désintérêt feint auquel personne ne croit.
- Vous avez sérieusement besoin de vous expliquer.

Ils venaient réellement de nous enfermer dans les toilettes... Ces gosses sont définitivement bien plus gravement atteints que je ne le pensais.
J'entendis Niall galérer avec la serrure avant de percevoir enfin le claquement annonciateur de mon enfer personnel. Le soupir de Harry dans mon dos me sembla soudain bien oppressant

- Donc juste parlez, s'élève la voix de Niall au travers du panneau de bois. Réconciliez-vous, j'en sais rien pissez-vous dessus si ça aide, ça fonctionnera peut-être une seconde fois. Mais bordel de merde cessez de faire comme si l'autre n'existait pas alors que vous vous comportiez comme des siamois il y a deux semaines !

Le blond avait la mémoire courte car si notre malentendu ne durait que depuis quinze petit jours je ne serais pas sur le point d'exploser à la moindre contrariété.
Un bruit sourd suivit sa tirade puis j'entendis Liam jurer de douleur avant de percevoir un gémissement plaintif de Niall. Finalement Liam reprit d'une voix basse, mais encore suffisante haute pour que je déchiffre ses paroles:

- Tu fais chier Niall! Laissons-les entre eux.





- Je suis fatigué de notre relation. Ca ne rime à rien de se foutre continuellement sur la gueule comme ça...


Forcément ce n'est pas moi qui initie la conversation, Harry prend les devants alors que je ne parviens toujours pas à lui faire face. Au placard le Louis frondeur qui voulait confronter celui qui un jour a été son meilleur ami, actuellement il ne souhaitait que disparaître sous son sweat trop grand.Une fois de plus Harry trouva un moyen de se dédouanner et de me mettre dans la position du seul fautif, s'empressant de prendre la parole le premier pour par la suite se vanter d'avoir tout fait pour calmer les choses quand bien même il fut l'étincelle qui raviva notre discorde. Parce que on l'aura tous compris à force, Harry est un gentil.Notez mes yeux levés vers le ciel.


- Pff et c'est toi qui dis ca ?
- Louis ! s'exclama-t-il d'une voix bien trop vive pour son calme habituel


Serai-je finalement venu à bout de sa patience et de sa quiétude légendaire? La pointe de fierté mesquine qui eut le temps d'éclore dans mon esprit se dissipa bien trop rapidement lorsque, la seconde suivante, Harry se reprit et enchaîna d'une voix tout à fait posée:


- Je ne t'attaque jamais, je tente seulement de parer tes piques incessantes. Tu es exécrable avec moi et je n'ai absolument aucune foutue idée de la raison pour laquelle tu agis comme le plus grand des salauds avec moi. Tu sembles si vindicatif mais je ne sais toujours pas ce que tu me reproches...


Les muscles de mes épaules se crispèrent brusquement en réponse à ses paroles, sûrement pour mieux encaisser...
Les mots blessants me brûlaient la langue et l'intégralité de mon corps se tendis, en position d'attaque, prêt à dégainer mes meilleures armes: les mots
Le mouvement que j'entrepris alors pour me retourner fut si lent que je m'étonnai qu'Harry ne reprenne pas la parole mais pas un bruit ne s'échappa de lui jusqu'à ce que je lui fasse finalement face, les poings crispés à l'extrême et la mâchoire douloureuse de trop retenir mes paroles.
Le problème était que même une fois les lèvres descellées rien ne m'échappa car tout ce qu'il avait dit était juste... Et la nostalgie que je devinai aisément au fond de ses yeux fit s'envoler les ultimes traces de colère qui pourraient encore habiter mon corps.
Ses yeux ne me quittaient plus et comme dotés d'un étrange pouvoir, mon aveu glissa sur ma langue sous leur inquisition.


- La soirée de clôture... j'indique énigmatiquement.Tout était vraisemblablement parti de là.Comment un seul événement, minime pouvait avoir autant d'impact sur la suite? Une poignée de secondes volé au temps était capable de transformer les mois qui suivront en véritable supplice. Il suffisait de réunir en un combo inaltérable l'action qui créerait l'étincelle et la personne qui rendra le tout important pour tout bousiller.Une fête, quelques gouttes d'alcool comme excès et tout dérapait sans même que nous réalisions que chacun de nos actes ont des conséquences.Il avait suffit d'un instant éphémère et d'un geste guidé par le regain d'enthousiasme d'une consommation imprudente pour précipiter notre amitié aux oubliettes. Un errement de l'esprit et j'avais -il avait- condamné tout ce que nous partagions à être remis en question. Ce qui nous avait pousser à nous comporter comme des étrangers alors que la veille nous voyait aussi lié que des âmes soeurs.
- Qu'est ce qui s'y est passé et que j'ai manqué pour te foutre dans une telle rogne. ... Quoi ? Parle plus fort ! D'ordinaire tu sais donner de la voix !
- T'as oublié....
- Dis-le !
- On s'est embrassé... Tu m'as embrassé et t'as oublié.

Je ne pouvais pas rester là, face à lui, face à son expression stupéfaite. Il avait oublié.
Je me sentais juste mal... Il me fallait m'échapper, me soustraire à ce regard qui commencait à brûler ma peau par son insistance.
Harry ne s'en remettait pas, je devinais les rouages de son cerveau tourner à plein régime derrière ses prunelles vides.
Je crois que ce n'est même pas son oubli qui me procurait cette haute sensation de malaise. Il avait oublié et je suis le seul fautif dans la dégradation de notre amitié. J'ai créé une cause de discorde sur un sujet qui ne le dérangeait aucunement puisqu'il ne s'en souvenait pas, j'ai supposé qu'il avait honte, qu'il m'en voulait ou encore qu'il me tenait responsable quand bien même il ne montrait aucun signe d'un comportement différent envers moi.
Je me suis monté la tête seul. Il n'y a que moi que ça dérangeait en réalité...Je suis l'unique coupable.
Je suis parvenu à le détester sans aucun motif valable si ce n'est mon imagination bien trop fertile pour rester sain d'esprit. Pire j'ai provoqué notre éloignement et notre mésentente sur un quiproquo.
Je me sens étourdi, bouleversé par ma connerie qui a fini par nous pousser bien trop loin...


- Non j'ai...enfin, j'avais rééllement oublié mais... Niall me l'a dit.
- Tu savais ce qui me mettait dans cet état et forcément t'as pas été foutu d'ouvrir ta gueule encore. Toujours cette crainte d'être le fautif, le méchant de l'histoire hein?- Niall me l'a dit il y a une demi-heure. Juste avant de nous enfermer ici.- T'as quand même oublié!Plus rien n'avait de cohérence. Ni mes mots, ni mes pensée. Ma frustration avait seulement besoin de s'exprimer d'être déversée, et la colère semblait une bonne façon de la libérer.
- Louis...c'était rien...
- C'est vrai il ne s'est rien passé, on s'est seulement embrassés !
- Et t'as eu la réaction la plus stupide qui soit en me fuyant
- Je te fuyais pas ! J'étais gêné...- T'aurais dû m'en parler au lieu de te torturer l'esprit comme ça- T'étais censé être au courant figure-toi, et t'es pas venu m'en parler! Pourquoi ça aurait été à moins de le faire, hein?- Merde Louis on n'est pas des gosses, ni des inconnus. On aurait pu en parler, s'excuser puis en rire.
- Tu faisais comme si t'avais oublié...
- J'avais réellement oublié !
- C'est censé être mieux ?
- Je ne comprenais pas ton comportement distant et j'avais pas fait le rapprochement. Putain, souffla-t-il en passant ses mains sur son visage, paraissant à bout.J'étais vraiment con. Il s'était retrouvé mis à l'écart sans raison valable et sans aucune explication, je l'avais fui littéralement et accusé d'actes dont il ne savait rien. Et maintenant que je savais tout ça je trouvais encore le moyen de le blessé. Je ne savais que faire du mal autour de moi.Ce constat me serra le coeur et fit disparaître la moindre trace de colère qui aurait encore pu s'attarder en moi. Je me dégonflai en une seconde. Ca faisait mal de se savoir assez stupide pour réduire à néant une relation aussi solide sans s'en apercevoir.

- Notre proximité me manque...Je le vis acquiescer avec lenteur avant de se figer, ses yeux se durcirent comme s'il prenait brusquement conscience de quelque chose.Il se tenait maintenant de profil, me cachant une partie de son visage. Quand il reposa son regard sur moi après un silence pesant, il se fit dur. Jamais encore ses émeraudes ne m'avaient regardé avec cette expression de totale froideur.- On a évolué, c'est forcément différent maintenant.- Pourquoi ça devrait l'être?
- On doit arrêter nos gamineries Louis, nous ne sommes plus des ados. On a assez joué de Larry, maintenant ça ne veut plus rien dire.
- J'aimais bien notre jeu moi... Et je ne pensais pas que sa fin viendrait si vite, ou qu'elle emporterait notre amitié avec elle...


A la base c'était un jeu, un amusement entre adolescents qui souhaitaient se montrer plus forts que le monde entier. Deux gosses qui pensaient pouvoir tromper la planète sans trébucher sur leurs propres mensonges.
Flashback :

« Louis avait beaucoup de mal à accepter la situation. De l'extérieur tous pouvaient penser qu'il
avait tout gagné en intégrant les One Direction. Et il ne pouvait les blâmer, après tout ce n'était pas
un raisonnement totalement erroné. Pourtant l'autre côté du miroir n'est pas aussi doré qu'on le prétend, on ne se rend absolument pas compte de toute la pression ou de l'ensemble des contraintes qui accompagnent la «célébrité». D'autant plus lorsque vous êtes sous contrat...

En premier lieu, il y a la pression que tout artiste connu a dû apprendre à affronter : La volonté de toujours satisfaire ceux qui vous soutiennent, d'être à la hauteur chaque jour, de s'améliorer continuellement et surtout de coller à l'image que le monde se fait de vous. Ne pas décevoir, répondre présent, être toujours d'une humeur enjouée malgré l'enchaînement éreintant des interviews et des photos avec les fans. Ne pas montrer votre fatigue extrême et enchaîner les accolades tout sourire quand vous ne rêvez que de vingt-quatre heures de sommeil non-stop. Parce que ces marques de soutien vous devez les aimez, et peu importe si ils vous oppressent sur le moment, vous agressent ou vous blessent, car si vous en êtes arrivé là, c'est seulement grâce à eux. Vous
dépendez totalement d'eux. Parfois vous avez même la sensation que ce sont eux qui vous contrôlent, il faut se plier à leurs attentes pour l'image même si votre conscience vous souffle esclavagisme à l'oreille.Vous êtes considéré comme le clown de la bande ? Prenez garde au revers si un beau jour il vous
arrive d'avoir une baisse de forme lors d'une apparition publique, et ainsi de ne pas remplir votre
rôle par une drôlerie bien placée.

La pression médiatique tient une place importante dans votre quotidien. Mais quoi que vous fassiez vous ne pourrez la contrôler ; les médias sont des cannibales assoiffés de rumeurs, ils enjolivent au risque de mentir sans complexe, cela a toujours été ainsi. Mais pensez vos écarts de conduite avec sagesse. Une bribe de vie privée est un appât irrésistible pour chaque citoyen. Il ne faudrait pas que le buzz médiatique vous desserve.
Ainsi, il vous faut user de subterfuges complexes pour faire circuler des images de vous sélectionnées avec soin afin de vous faire de la pub, tout en faisant croire à des souvenirs subtilisés que vous ne souhaitiez en réalité pas divulguer. »

Putain, voilà que je visualisais ma vie comme un foutu documentaire pseudo-dramatique avec
une mention dépressive !Mais bordel, qu'est ce que j'aurais aimé entendre ces avertissements avant qu'on ne me lance dans le grand bain.Les beaux discours de Simon me faisaient toujours ouvrir des yeux ronds, il se servait de notre espoir et des belles images qu'il promettait être notre avenir si nous l'écoutions. Il nous faisait rêver en couleur de cette vie de luxe et de succès, nous parlant de fêtes somptueuses, de reconnaissance, de stades combles et d'argent avec lequel nous pourrions gâter nos familles. Il nous subjuguait en quelques mots: vivre de sa passion.Il est parvenu à ses fins, envoûtés par ces promesses nous avions suivi comme de dociles petits chiots le grand Simon qui a réussi à nous mener jusqu'au sommet de ce monde. Il a certes tenu ses promesses, mais jamais il n'a mentionné le revers de la la médaille et les contraintes d'une vie publique. Inconscient de ce côté consciencieusement dissimulé par tous, m'y percuter aujourd'hui était d'autant plus violent.


Depuis quelques temps, les réseaux ont explosés. Ils sont peuplés de fans se voulant bienveillants, dénonçant des preuves qui témoigneraient du couple que nous formerions, Harry et moi. C'est évidemment faux. Mais cela a pris une telle ampleur, que les journalistes se sont emparés de l'affaire, profitant de chacune de nos interviews pour poser la même question, continuellement:

« Pourriez-vous me dire qui est Larry Stylinson? »

Perpétuellement la même interrogation, encore et encore, passant de bouche en bouche mais toujours avec cette même curiosité malsaine qui trahissait un esprit pollué par l'ampleur médiatique que représente le moindre ragot, la moindre information inédite qui pourrait rapporter gros.
Cela a duré.
Et notre production n'a pas aimé. Nous avons donc reçu des consignes : démentir, s'éloigner l'un de l'autre, s'insurger face aux interprétations faciles... Il fallait tempérer l'affaire; après tout la majorité de notre public était composé d'ados, de jeunes filles fantasmant sur les membres de notre groupe. Une rumeur gay en aurait probablement fait fuir plus d'une.

Peu nous importait en fin de compte, les apparitions publiques ne représentaient qu'un quart de notre temps passé ensemble, alors avec Harry nous avons obéi.
Mais tout cela a continué, chacun de nos gestes durant les interviews, chacune des blagues sur scène
étaient interprétées. Des anciennes vidéos de nos tout-débuts étaient analysées à la seconde près afin de présenter chacun de nos gestes comme preuve certifiée de notre couple. Plus nous démentions et niions les faits, et plus les fans gagnaient en ardeur et en conviction, arguant que la moindre de nos prises de parole était contrôlée et trouvant derrière chaque mot prononcé des indices que nous aurions volontairement glissé pour attester et confirmer la rumeur devenue véritable conspiration.
La production a sévi, nos contacts en public furent davantage surveillés puis radicalement limités.
Ils médiatisaient au maximum les sorties festives auxquelles Harry prenait part, multipliant le moins
subtilement du monde ses rencontres avec les plus belles filles de la ville dans laquelle nous
créchions sur le moment et finalement faisaient en sorte que le maximum de ces "dates" fassent la
une de n'importe quel magazine.

Privé de la seule constante de ma vie qu'Harry représentait, je décidais d'en tirer à mon tour un minimum de satisfaction, et c'est à l'instant où je crus ne plus pouvoir supporter ce deal que je choisis d'y prendre part. Je ne souhaitais plus me cantonner au rôle de simple pion mais prendre part au jeu, cette fois en fixant mes propres règles. J'en informais immédiatement Harry. A ma façon je sifflais le départ de ce que je considérerai longtemps comme un jeu.

- Mon Hazza d'amour ! Donne-moi un doux baiser ou jamais je ne saurais laisser Morphée m'emporter. Mon âme sœur, mon double, le Arry de mon Larry !
- Louis, il faut que tu gardes à l'esprit que tout ceci n'est qu'une conspiration, rétorqua-t-il en entrant dans mon jeu de rôle. On s'amuse bien ensemble, je t'aime beaucoup mais ne brusquons pas les choses. Je serai peiné d'être forcé de te faire souffrir en t'avouant la non-réciprocité de mes sentiments...
- Hazz ?

Je parvins de nouveau à attirer ce regard vert d'eau qui scintillait comme mon unique point de lumière dans
l'obscurité.

- Je suis follement amoureux de toi, Oh mon Harry !
Je prononçai cette déclaration d'une voix suraiguë tentant d'imiter une de nos nombreuses fans hystériques.
Et reçus un objet non identifié, mais néanmoins moelleux, en pleine tête dans les secondes qui
suivirent

- Tu me fatigues Louis. Bonne nuit !

Comme chaque fois, satisfait de ma plaisanterie, Je rabattis les couvertures sur nos deux corps et m'endormis comblé en entendant le léger rire d'Harry qui éteignait les lumières.



Il ne comprit pas mon projet.
Assurément, il accepta derechef de prendre part à cette comédie. La question ne se posait même pas, mon Harry était toujours partant si c'était moi qui proposais, surtout s'il s'agissait d'amusement. C'est ma plainte silencieuse derrière cette requête qu'il ne saisit pas dans son entièreté. En vérité, il s'agissait d'un appel à l'aide déguisé. J'avais besoin de cette proximité, de cette amitié qui m'était devenue si chère, seul élément m'empêchant de m'écrouler. Les clauses récemment mises en place nous avaient déjà tellement éloignés. Je cherchais en réalité un moyen, quel qu'il soit, pour nous rapprocher, je souhaitais que l'on retrouve les Harry et Louis inséparables du début.


Nous, les membres de ce groupe, avions dès le début été très proches, soudés par la solidarité, partageant le même statut, la même place. Nous avons grandi en même temps, ensemble.
Nous avions affrontés les mêmes épreuves dont notre changement de mode de vie fut le point de départ. Nous comptions les uns sur les autres et sans ce soutien nous n'aurions pas résisté. Chacun était et reste indispensable.
Et cela se traduisait au quotidien par des chamailleries et des railleries incessantes ainsi qu'une proximité tactile rare. Après tout, la vie que nous menions était elle-même rare.
Nous étions tous dans le même merdier et chacun se relayait pour rappeler au reste du groupe que même si ce n'était pas toujours aisé, il fallait être reconnaissant de ce qui nous arrivait. Notre moyen : les farces et la déconne.
Les conneries et les attouchements, les cajoleries étaient notre mode de communication.
Néanmoins, Harry et moi partagions quelque chose de plus, indéniablement.

Puis le scandale avait éclaté. Celui qui nous avait définitivement séparé Harry et moi, du moins lorsque l'on était en présence d'une caméra. Fini les conseils, mesures de prévention et autres remontrances dorénavant remplacées par des règles strictes, rédigées légalement et qui menaçaient notre place dans le groupe en cas de non-respect. De plus, dorénavant les caméras représentaient l'essentiel de notre quotidien , nous suivant en permanence et cette distance forcée qui s'éternisait me pesait bien plus que tout le reste.

La situation devenant de jour en jour plus lourde à porter je ressentais le besoin de retrouver mon complice.
J'avouais avoir besoin de ses marques d'affection, sans quoi je menaçais de m'effondrer.
Je n'étais pas effrayé des répercussions possibles, je n'avais pas peur de l'amour que j'avais à donner peu importe que des personnes se fourvoient sur son acception.

A l'idée de passer les jours suivants tenu à l'écart des délires et de la bonne humeur de mon Harry, sans avoir le droit de l'importuner à ma guise, de le rassurer lorsque personne ne voyait ses failles, je me sentais terriblement faible. Je ne le supporterai tout simplement pas. J'avais besoin de lui pour rayonner. Il me comparait
souvent à un soleil. Mais j'étais son soleil, et loin de lui mon éclat se ternissait.

Le retrouver à mes cotés est tout ce dont j'avais besoin pour me redresser et affronter vents et
marées. Avec lui, je serais même capable de redevenir agréable avec Eleanor. Eleanor qui douce comme
toujours ne prononçait jamais un reproche, acceptant d'être le seul réceptacle de la mauvaise
humeur que cette situation greffait à ma peau. Malgré l'injustice de la position dans laquelle je la forçais, la belle Eleanor tolérait et comprenait l'importance que le bouclé avait dans ma vie, elle s'était habituée à ce que ma priorité ne porte pas son nom. Je ne supportais plus cette situation qu'on m'imposait et ne voyais pas comment pire pourrait exister...

Puis, cette période fut définitivement révolue, le pire s'incarna de la plus simple des manières: bien que plus aucune directive officielle ne nous tenait éloignés l'un de l'autre, ni moi ni Harry ne semblions être habité par l'envie de se retrouver....
Tout cela par la faute d'un simple jeu d'ado stupide...


***- Sauf qu'on ne peut plus se comporter comme des gosses comme on avait l'habitude de le faire auparavant. A seize ans les gens trouvent cela adorable et passent outre l'ambiguïté possible. A vingt ans ils ne peuvent concevoir une telle proximité au sein d'une relation entre adultes -entre deux hommes- alors qu'on nie tout ce qui n'est pas purement amical. Tu n'as jamais vu deux adultes se sauter sans cesse dessus pour s'effleurer ou se caresser les cheveux, se prendre constamment la main ou chercher à tout prix un contact physique.Je n'en revenais d'entendre de tels mots prononcés par Harry.Quand je croyais qu'il n'attendait qu'un geste pour retrouver notre relation et que notre quotidien retrouve sa sérénité habituelle l'un à côté de l'autre, son esprit avait fini par conclure que nous étions nocifs l'un pour l'autre?Harry ne se contentait pas de me rejeter aujourd'hui. Il crachait sur tout ce que nous avions partagé les années précédentes, reléguant tout à des souvenirs infantiles et sans importance dans notre présent.Il brûlait notre passé en quelques phrases, et mon âme semblait partir en fumée au rythme de ses lèvres qui énonçaient notre fin d'un ton effroyablement neutre.



***Flashback
- Ton tour Tommo, me souffle-t-il à l'oreille, l'effleurant de ses dents au passage.


Je récupère le bout de ficelle qu'il me tend discrètement derrière son dos et le noue aussitôt à mon poignet gauche sans plus me préoccuper des caméras braquées sur nous et du journaliste qui continue de nous questionner. Une fois cela fait, je me tiens sagement jusqu'à la fin de l'interview, la provocation d'Harry nous garantit déjà une engueulade inoubliable plus tard.La matinée passe rapidement, vers quatorze heures nous sommes enfin libérés pour déjeuner tout en étant
vivement priés d'être au point de rendez-vous quarante-cinq minutes plus tard. Niall fait le con durant le trajet qui nous mène à la salle de restauration et cela me fait brièvement sourire. On s'est levé tôt, j'ai le ventre creux, la fatigue me tombe dessus d'un seul coup et je sens que je vais bientôt être insupportable. Mais Harry se tient juste devant moi et me sourit :

- Alors Tomlinson, on abandonne ?
- On dirait un gosse Haz, sois patient, je ris doucement
- Je me demande ce que tu prépares, tu es plus réactif d'ordinaire, il répond avec un
sourire se voulant lascif accompagné d'un tressaillement des sourcils.

Je me marre, ce qu'il peut être con. Il détourne finalement la tête pour répondre à une question de Liam je crois, alors je profite de son inattention pour lui mordre doucement l'épaule sans véritable raison, mais le regrette aussitôt lorsque je me retrouve contraint de souffler disgracieusement pour retirer une peluche de tissu de ma langue.

La pause déjeuner est brève, déjà il est temps de se présenter à l'équipe de radio suivante. Evidemment notre manager ne manque pas sa mise en garde habituelle qu'il se borne à nommer "récapitulatif technique" quand bien même il sait tout comme nous qu'il s'agit en réalité d'une menace tacite du moindre faux pas.

- Les gars petit récap, vous êtes en Espagne, à Barcelone. La première interview est pour KISS media et ce soir vous chantez à la Sala Apollo. Bon, n'oubliez pas de mentionner les quelques dates où ils restent encore 2-3 places et de placer une référence au prochain album en cours, OK ?

Il n'attend aucune réponse mais s'attarde sur chacun de nos cinq visages comme pour s'assurer que nos cerveaux attardés ont bien tout saisi. Une fois son petit manège achevé, Paul revient à moi et soupire, lasse d'avance :

- Louis...Harry... vous vous asseyez loin l'un de l'autre ! Compris ? marmonne-t-il d'un ton implacable.

Il nous fixe toujours avec austérité lorsque je sens Harry jouer subtilement avec le bracelet de ficelle toujours fermement attaché à mon poignet, comme une provocation, un nouveau défi... Et malgré le regard courroucé de Paul je ne peux empêcher mon sourire de s'étendre. C'est mon tour de jouer...

J'ai envie de faire une connerie, mais déjà les assistants nous poussent hors des coulisses. Tentant d'échafauder un plan démoniaque et perdu dans mes pensées je trébuche sur Niall qui explose de rire en me redressant. Pas le temps de préméditer quoi que ce soit, je vais devoir improviser.

- Bienvenue One Direction, s'exclame une femme avec un micro à la main, prenez place sur le canapé, nous nous sommes procuré cet immense sofa rien que pour vous, rit-t-elle doucement.

Je pénètre le dernier dans la pièce, Je vois les gars prendre place chacun leur tour sur le canapé : Liam, obéissant aux ordres de Paul comme le bon gars qu'il est, se jette aux côtés d'Harry dès que celui-ci a posé ses fesses sur le sofa crème. Les autres s'agglutinent me laissant une place tout au bout entre Zayn et le bras du canapé.

Je m'approche de la journaliste, lui tend la main avec un grand sourire, sourire qui s'élargit lorsque je la vois rougir avant de serrer ma main avec fébrilité. Je me poste face à Liam alors que la voix féminine énumère déjà les dates de notre très prochaine tournée, et comme il fait semblant de ne pas comprendre je le pousse fermement du genou, il ne réagit toujours pas et garde son regard fixe devant lui. Vers Paul je suppose...
J'en profite alors et m'assois directement sur les genoux d'Harry, poussant mes fesses en direction de Liam, le forçant à se décaler contre son gré. Et me retrouve ainsi assis en partie sur le canapé, collé à Harry, une jambe en travers de ses genoux et sa main sur ma cuisse. Je passe un bras en arrière de Liam afin d'adopter une position plus confortable. Et me tourne vers la journaliste en ignorant volontairement Paul, impuissant derrière les caméras désormais braquées sur nous.

*** - C'est juste...plus comme avant.
- C'est juste que... On a évolués Louis. C'est simplement différent aujourd'hui. Mais ce changement est bien antérieur à cette soirée... Et à ce baiser. On a tellement été formatés à se tenir à distance l'un de l'autre en public que ça nous a également éloignés dans le cadre privé. Ça a été progressif je te l'accorde, mais le résultat est le même. Regarde aujourd'hui: c'en est presque devenu bizarre d'être seul auprès de toi...


C'est ce constat qui consume les derniers restes de mon cœur.Et maintenant je suis censé continuer de vivre sans son amitié, sans sa présence? Autant de me demander de survivre sans organes vitaux


#LWDfic



A Long Way DownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant