T'as chaud cocotte ?

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Rien qu'une danse.

Ce n'était rien qu'une danse.

Alors pourquoi est-ce que j'avais la terrible impression que je m'apprêtais à vendre mon âme en prenant sa main ?

Je réfléchissais trop. J'avais juste à fouler cette piste de quelques déhanchés en sa compagnie et je retrouverais mon bracelet. Ce cher et tendre que je croyais perdu à jamais.

Mais d'un autre côté, j'avais l'impression de me faire avoir à nouveau. C'était comme si encore une fois, je le laissais avoir l'avantage sur moi sans même qu'il ait à fournir le moindre effort. Je le laissais tirer les reines, jouer ses meilleurs cartes, je le laissais me rendre prisonnière de son regard et de ses mots.

Je le laissais m'assujettir à sa propre volonté et contre la mienne.

Il me regardait, imperturbable, sa main toujours tendue m'invitant ainsi à la saisir.

Il n'y avait dans ses pupilles et son attitude aucun signe d'impatience, rien qui n'aurait pu traduire ne serait-ce qu'une once de lassitude. Parce qu'il savait que tôt ou tard, je lui accorderais cette danse.

Je me surpris alors à venir enlacer ses doigts, un par un, avant de finir par totalement posséder sa main.

Et à cet instant, quelque chose me pris de l'intérieur, une sensation d'une extrême intensité, partagée entre un brasier ardent qui vous consume et un froid polaire qui vous gifle.

Il m'attira doucement près de lui et vint glisser son autre main dans le bas de mon dos. Il me fit ensuite tournoyer autour de lui en me dirigeant vers la piste comme si je n'était qu'une de ces danseuses en porcelaine fixée à un socle de boite à musique. Il m'entraînait loin de lui pour mieux me ramener contre son torse la seconde d'après, le tout sans jamais lâcher ma main. J'avais le souffle court. Et je ne pus m'empêcher de penser, que cette danse qui n'avait aucun juste milieu était exactement l'histoire de notre relation, ambiguë et qui oscillait entre distance et proximité, chaleur et froideur.

J'avais oublié le bruit, la foule, la fumée, j'avais même finit par oublier que je ne savais pas danser.

Et nous nous balancions comme ça pendant plusieurs minutes, enlacés puis détachés et ce jusqu'à ce que mes pieds n'en purent plus.

Jusqu'à ce qu'il ne restait plus que nos deux corps pantelants et son souffle dans mon cou.

Il approcha alors ses lèvres de mon oreille.

- On sort un peu ?

Je hochais la tête avant de remarquer qu'il tenait toujours ma main au creux de la sienne.

Il parcourut l'appartement des yeux et finit par localiser une porte-fenêtre non loin de la cuisine, juste derrière le bar de fortune.

Le petit balcon donnait sur la ruelle opposée à la nôtre. La ville était endormie et seuls quelques vrombissements de voitures solitaires résonnaient sur le bitume. Les lampadaires avaient rendu leur lumière depuis belle lurette. Il était déjà trois heures et l'aube s'annonçait florissante. La nuit était calme, paisible, toutefois, il y avait ce petit vent du Nord qui soufflait, comme un murmure dans la nuit étoilée.

Je frissonnais.

- Tu as froid ? me demanda-t-il alors.

Je secouais négativement la tête.

Il rit avant d'enlever son perfecto et de venir le glisser sur mes épaules.

Sa veste me réchauffa instantanément. Elle sentait le paprika, et l'odeur de la nicotine. Elle sentait Zayn.

Red Lightning Strike | Tome 1Where stories live. Discover now