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Le son de la cloche du bahut retentit.
C'est la fin des cours.
Heureuse d'être enfin le soir, Jeanne range en deux secondes ses affaires dans son sac, tout comme moi et Tarra.

- N'oubliez pas de lire les pages 113 à 117, elles seront dans le cours ! S'écrit M. Legros.

Personne ne l'écoute et l'ensemble des élèves quittent la classe precipitement, moi y compris.

Il y a foule dans les couloirs ; tout le monde se dit aurevoir et rentrent chez eux, certains partent en groupe pour chasser dans la forêt de simulation de proies, et d'autres, comme moi et mes deux amies, vont dans le simulateur de transformation.

Ce simulateur a été spécialement conçue pour les loups qui ont du mal à se transformer ou ne se sont encore jamais transformé. Comme moi.

Il n'y a pas tant de monde dans cette partie du lycée ; c'est rare qu'un loup ne se transforme pas.
Et puis, ce n'est pas une partie de plaisir, bien au contraire !
Ce simulateur est censé réveiller la rage ou la terreur du loup en nous pour que nous nous transformions.
Parfois, c'est même dangereux.

- Allé, tu vas y arriver ! Me dit Jeanne en me fesant signe d'entrer dans le simulateur.
- J'espère...

J'entre dans la minuscule pièce  (on ne tient pas à deux dedans), et j'appuie sur le bouton.
La pièce devient alors une forêt, et je peux entendre les oiseaux.
Cette forêt paraît s'étendre sur une centaine de kilomètres, alors qu'en réalité elle n'a pas changé de taille.

Une voix de femme robotisée me dit :

- Place tes mains sur chaque plaque derrière toi.

Je le fais.
Les plaques s'enroulent autour de mes doigts, empêchant tout mouvement.

- Appuie tes genoux sur les deux autres plaques, plus basses.

Je m'exécute.
Encore une fois, les plaques s'enroulent autour de mes jambes.
Tout mon corps sauf ma tête est à présent immobilisée.

- La simulation va commencer. Veuillez vous concentrer sur chaque détails de celle-ci.
Première simulation enclenchée.

La voix se tait. La forêt s'assombrit. Je n'entend plus d'oiseaux, seulement le vent dans les feuilles d'arbres.

Et à vingt mètres de moi, une jeune femme apparaît.
Elle a une longue robe de mariée blanche, un chignon, et elle est magnifiquement bien maquillée.
C'est ma mère, vêtue exactement comme hier, lors de son mariage.

- Stelvie, dit-elle tout bas, puis de plus en plus fort. Stelvie... Stelvie !!

Et elle se met a courire vers moi, déchirant sa robe et se décoiffant.
Son visage se déforme et elle se transforme en louve.
Ses poils, normalement chatains, sont noir comme la cendre. Il n'y a que ses yeux verts qui sont reconnaissables, même injectés de sang.

Elle court alors encore plus vite, me fonçant dessus.
Mais alors que ses crocs ne sont qu'à un centimètre de ma gorge, elle s'arrête net.
Elle me crache du sang au visage, puis s'effondre.

C'est là que j'aperçois un loup-chasseur, l'eventrant.

Je crie de toute mes forces, mais le loup continue. J'ai envie de vomir, de m'evanouir, et surtout d'aller tuer ce loup et sauver ma mère, mais les plaques autours de moi m'en empêche.

Ma tête tourne. Je n'en peux plus.

- STOP ! Je crie. Arrêtez la simulation ! STOOOOP !!

Rien ne fait. Et le cauchemar continu.
Je pleure et je crie, impuissante.

Transforme toi ! Me dis-je. Allé !!

Soudain, tout devient noir.
Et en face de moi, une fille que je connais très bien embrasse langoureusement un garçon que je connais aussi.

Tarra et Lucas.

Je me sens plus triste qu'en colère.
Mais je rage aussi intérieurement contre ma "meilleure amie"...

Quelle connasse !!

Mes larmes coulent abondamment.
Aucune émotion ne pourrait décrire ce que je ressens tant c'est douloureux.

Puis la pièce redevient telle qu'elle était quand je suis entré.
La voix robotisée me dit en même temps que les plaques me libèrent :

- Simulation échouée.

C'est la 54ème fois...

Lune de brume, T2.Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang