~Chapitre 19: Fantôme du passé~

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L'heure du thé parut durer une éternité autant pour Elizabeth que pour Moon qui avait été contrainte d'y assister. Cependant, le baron y mit enfin un terme pour que sa fille puisse se préparer convenablement à la venue de l'Earl Granville qui avait donc été invité au manoir. En sortant à la suite de sa maîtresse, Moon aperçut Lily, devant l'entrée des appartements des domestiques, semblant l'attendre, une expression qui reflétait sa légère inquiétude sur le visage.

Elizabeth la remarqua également et, d'un signe de tête, autorisa sa servante à aller la rejoindre un bref instant puis la rejoindre dans sa chambre pour l'aider. Cette dernière la remercia en s'inclinant puis alla à la rencontre de son amie pour la rassurer et lui rapporter brièvement la raison de son absence. A peine la plus âgée était arrivée à sa hauteur que sa cadette prit la parole précipitamment :

« -Moon, où étais-tu ? J'ai commencé à imaginer toutes les sortes de péripéties qu'il aurait pu t'arriver.

-J'étais au salon avec les Lytton. Nul besoin de t'inquiéter.

-En effet mais, en ce moment, ne pas te voir là où l'on se voit d'habitude me fait imaginer le pire...

-Je comprends, merci de t'en inquiéter maintenant écoute la raison de cet absence. Figure-toi que le baron m'a ordonné de rester à présent avec eux à cette heure.

-Pourquoi donc ? Ce n'était pas le cas auparavant. S'étonna la jeune fille.

-Justement, c'est la réflexion que je me suis faite. Je pense qu'il veut éviter le plus possible que moi, ou même mademoiselle Elizabeth, ai des contacts avec l'extérieur.

-Je vois. Nous pourrons toujours nous voir aux pauses, lors des cours de ta mademoiselle non ?

-Je l'espère. S'inquiéta Moon. Bien, je dois y aller ; Edward Lytton a invité le Lord Leveson ce soir.

-Oh non... Je vais devoir tout nettoyer de nouveau. Se plaint la plus jeune en faisant la moue »

Moon lui tapota le sommet du crâne en signe d'empathie puis partit rapidement rejoindre la jeune Lytton qui devait probablement l'attendre pour s'apprêter. Elle entra dans la chambre lorsqu'elle y fut invitée et vit que sa protégée l'attendait, devant la fenêtre de sa chambre, regardant à travers comme un prisonnier au-delà des barreaux de sa cellule. La jeune femme était semblable au rossignol qui venait régulièrement se poser sur le rebord de sa fenêtre ; un rossignol enfermé dans une cage où les jours se ressemblaient et s'écoulaient en emportant sa joie et sa liberté.

Voyant sa servante s'approcher d'elle, la rouquine tourna son visage vers elle et lui demanda :

« -Ton amie voulait-elle savoir où tu étais ?

-Oui mademoiselle ; elle était étonnée et inquiète de ne pas me voir à sa pause comme à l'accoutumée.

-Tu as de la chance d'avoir quelqu'un comme elle qui se soucie ainsi de toi.

-Je me soucie de vous mademoiselle et votre mère également, je peux vous l'assurer. Lui affirma l'aînée en lui saisissant la main. »

Elizabeth regarda sa main que Moon venait de saisir avec assurance et délicatesse et reprit :

« -Je ne veux pas voir l'Earl.

-Je sais mademoiselle. »

Suite à ces mots, les deux jeunes femmes se rapprochèrent l'une de l'autre et, souhaitant exprimer leurs sentiments partagés dans le silence au salon, elles scellèrent leurs sentiments d'un baiser doux et passionné, enfermant à double tour le secret de leur amour. Comme les fois d'avant, la sensation des lèvres douces, pures et brûlantes de la jeune femme aux cheveux ardents provoquait chez Moon un sentiment indescriptible. Tous ses sens semblaient en éveil et, pourtant, si à cet instant quelqu'un était entré dans la pièce, elle ne l'aurait pas remarqué. Son cœur palpitait mais était également apaisé par ce contact caressant qui unissait les deux femmes. Elles se séparèrent, le rouge de l'excitation et de l'adrénaline au joues. Ne voulant pas gâcher ce moment avec des mots pouvant le justifier, Moon dit simplement à sa maîtresse de se préparer tandis qu'elle préparerait le bain.

***

Une fois baignée, habillée, coiffée et maquillée, Elizabeth était fin prête à accueillir comme il se devait son fiancé. En réalité, elle se souvenait parfaitement de son comportement à la fin du bal qu'il avait organisé et ce souvenir ne faisait que repousser davantage son envie de le revoir.

Bien assez vite, une servante frappa à la porte et lorsque Moon ouvrit, elle annonça à Elizabeth Lytton que l'Earl était arrivé et l'attendait au salon avec son père et le jeune maître. La brune accompagna sa maîtresse jusqu'au rez-de-chaussée et elles entrèrent dans le salon qu'elles avaient quittées il y a environ une heure. L'Earl était là, assis aux côtés du baron. Il se leva à l'entrée de sa fiancée qui était, encore plus que d'habitude, magnifique dans une robe pourpre, son collier libellule au cou et la moitié de ses cheveux remontés à l'arrière de sa tête à l'aide d'une broche argentée où brillait un rubis.

La jeune femme alla s'assoir face au Lord qui, se remémorant sans doute lui aussi de leur dernière rencontre, paraissait moins à son aise que lors de ses dernières visites. Cette fois-ci, s'agissant d'un dîner, Moon put s'éclipser, légèrement réticente à l'idée de laisser la jeune Lytton. Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre pour de bon Lily, Jehanne vint à sa rencontre, une enveloppe cachetée à la main.

« -Moon, attendez un instant.

-Jehanne, qu'y a-t-il ?

-Je vous cherchais, j'ai ce billet pour vous. Expliqua-t-elle en le lui tendant.

-De quoi s'agit-il ?

-J'avais l'espoir que ce fut un mot de madame la baronne mais ce cachet n'est pas le sien.

-Avez-vous de ses nouvelles ? Interrogea Moon.

-Aucune... Si j'en ai, je vous les transmettrai. »

Elle la quitta sur cette dernière phrase afin de laisser Moon ouvrir sa lettre seule. Celle-ci déchira grossièrement l'enveloppe et entreprit de lire le contenu de la lettre.

« Mademoiselle Moon,

Suite à votre visite à notre Maison de Santé Sainte Katharine, le prénom de votre amie a été recherché dans nos archives. Vous pouvez vous représenter un mercredi lorsque le Docteur sera là pour plus d'informations. »

Ce mot ravit dans un premier temps la jeune servante puis deux choses réfrénèrent sa joie soudaine. En effet, elle n'avait pas donné son prénom lors de sa visite et, de plus, le mot n'était pas signé.

« Comme dit Lily, en ce moment je dois être prudente... Devrais-je y aller ? »

Moon & Elizabeth Lytton [CORRECTION EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant