Les ennemis éternels

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« You won't escape yourself by turning yourself into a beautiful corpse. »

Auteur inconnu

    -Tiens, de l'argent pour t'acheter tout ce dont tu auras besoin, me dit Elina en me tendant une bourse de cuir.

    Je la regardai, hésitante.

    -Mais... d'où vient tout cet argent ?

    Elle me sourit franchement, ses dents blanches parfaitement alignées.

    -C'est de chacun d'entre nous. Gabriel, Seth, Raphaël, Myriam, Clara, Elvira et moi. Ce sont des Kiplex, notre monnaie, m'expliqua-t-elle, en redevenant sérieuse. Il y en a largement assez pour que tu puisses t'acheter tout ce que tu veux. Tu verras, au Grand Marché, il y a tellement de belles choses qui viennent des quatre coins du monde, je suis sûr que tu trouveras ton bonheur.

    -Je ne sais pas quoi dire... merci, merci beaucoup, mais c'est beaucoup trop !

    Je croisai le regard de Raphaël devant nous qui me regardait avec une chaleur nouvelle dans ses iris bleus.

    Moi qui avais été si riche il y a quelques jours à peine, j'étais maintenant réduite à accepter l'argent d'autre pour pouvoir m'acheter des vêtements chauds.

    Ma gorge se noua et pour la première fois depuis mon arrivée, j'eus envie de laisser libre cours à mes larmes. Je ne regrettais pas d'être partie, non, mais je détestais devoir dépendre ainsi des autres.

    -Dès que je pourrais gagner moi-même mon argent, je vous rembourserais.

    Elina secoua la tête.

    -Tu n'en as nul besoin, vois-le comme un cadeau de bienvenue.

    Je n'osai plus parler pendant tout le reste du trajet. Le sac de pièces pesait lourd dans ma poche, c'était une petite fortune, je l'avais bien compris, même si la monnaie, le Kiplex, m'était complètement étrangère.

    Je jetai un rapide coup d'œil à Elina et Raphaël, et compris qu'ils faisaient probablement partie des plus riches de leur monde. Peut-être tous les dirigeants des Nations, leurs ambassadeurs et chefs des armées, étaient automatiquement riches, sinon, comment auraient-il pu me donner tout cet argent ? Eux qui étaient si jeunes ?

    Il était impossible de ne pas remarquer le changement de paysage annonçant la proximité de notre destination. Les forêts se faisaient moins épaisses, moins vertes et luxuriantes. Le ciel se départit de ses nuages et ne laissait qu'un horizon azuréen. La température augmenta, je sentis ma peau me bruler et il m'était bientôt devenue impossible de regarder devant moi sans que la brulure de ce soleil éclatant ne m'abime les rétines.

    Inspirant profondément, une odeur salée m'envahit, j'ouvris les yeux et, bouillante d'excitation, je hurlai à Elina :

    -Quand arriverons-nous ?

    -Bientôt, me répondit-elle en parlant assez fort pour couvrir le hurlement du vent. Ouvre grand les yeux, Fille d'Ivoire, la Grande bleue n'est plus très loin.

    La Grande bleue. La mer. La méditerranée, comme on l'appelait avant.

    Il me sembla que des heures passèrent avant qu'enfin, je pus voir cette immensité d'eau. Elle était encore loin, mais impossible de ne pas la remarquer. Je ne pus détacher mes yeux de cette tache bleue qui filait vers l'horizon. Qui avait-il de l'autre côté ? Je cherchai dans ma mémoire et retrouvai cette carte du monde datant d'avant la Tour. L'Afrique. Oui, c'était ça, l'Algérie, le Maroc, l'Égypte, les noms défilaient dans ma tête à toute vitesse. J'avais toujours aimé la géographie.

La Tour d'Ivoire - Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant