Chapitre 43

Depuis le début
                                    

Une fois sur le trottoir, Tom lui offre galamment son bras et elle s'en saisit avec bonheur. Accrochés l'un à l'autre, comme deux amis, ils se mettent en route, guillerets. Elle se retient même de sauter, comme ses enfants surexcités. La perspective d'un bon repas la met dans tous ses états.

— Alors, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? s'enquiert-il alors qu'ils sortent de leur quartier résidentiel pour se retrouver dans une zone plus animée.

— J'avoue que je n'ai pas de préférence. Toi, tu as une idée ?

— Je ne dirai pas non à un bon gros hamburger, avoue-t-il. Bien gras.

— C'est compatible avec ton super programme d'entraînement ? le nargue-t-elle.

— Et bien, techniquement, je dois prendre en masse, explique-t-il. Mon coach m'a conseillé de manger de plus grosses quantités que d'habitude et plus caloriques aussi. Donc il s'avère que oui, c'est compatible. Ça fait même partie du processus.

— Moi aussi, j'aimerai pouvoir me gaver de cochonneries pour entretenir ma forme, boude-t-elle.

— Si tu es prête à sacrifier cinq heures de ton temps par jour pour aller à la salle de sport, ne te gêne pas !

— Cinq heures ? s'écrie-t-elle, choquée. Mais c'est inhumain.

— Oui, grimace-t-il. Mais c'est le prix à payer, apparemment.

Il lui offre un sourire contrit, comme résolu à continuer de souffrir. Elle l'admire pour son courage. Elle ne sait pas si elle aurait été capable de faire la même chose. Soudain, elle réalise qu'on lui demandera peut-être un jour de faire ça, aussi. De changer son corps pour rentrer dans une norme imposée pour un rôle. Acceptera-t-elle, si c'est dans le cadre de son rêve de devenir actrice ? Sa réponse n'est pas tranchée. Elle commence à se mordiller la lèvre, prise dans ses réflexions. Comme souvent, Tom l'en arrache en comprenant ce qui la tracasse.

— Non, ce n'est pas toujours comme ça, lui apprend-il, devinant sa question silencieuse. J'ai accepté ce rôle en tout état de cause et parce que... Parce que j'avais envie de me challenger, je crois. Voir si j'en étais capable.

— Ou alors, tu aimes juste te faire souffrir.

— Oui, peut-être aussi, rigole-t-il. Les deux ne sont pas incompatibles.

Après plusieurs minutes de marche, ils finissent par arriver à destination. Le restaurant donne sur la plage et le menu a de quoi les allécher : des hamburgers maisons sont servis à toute heure de la journée et des desserts typiquement américains agrémenteront tout ça. Sans plus tergiverser, ils entrent, Tom laissant encore une fois la priorité à Joanne. Un serveur vient les accueillir puis les conduit à une table, proche de la fenêtre. Ils ont ainsi vu sur l'océan et cela réjouit beaucoup la jeune femme, qui ne se lasse pas de ce paysage. Elle s'en détourne cependant pour observer avec grande attention un objet tout aussi intéressant : la carte. Sourcils froncés, lèvre mordillée, elle paraît en grande réflexion. Elle se sent épiée et remarque qu'en effet, Tom pose sur elle un regard amusé.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle.

Elle a quelque chose sur le nez ? Craintive, elle touche ce dernier, puis ses joues. Il éclate de rire.

— Rien, pardon, s'excuse-t-il. C'est juste que je ne t'avais jamais vu aussi concentrée sur quelque chose. Comme si tu passais ce pauvre menu au crible de tes yeux lasers.

Those Ocean Eyes [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant