Chapitre 2

692 51 37
                                    

When we were young - Adele

- Vous avez plus d'infos sur ce job ? demande-t-elle à la boulangère occupée à préparer sa commande.

- Pas plus que ça, ma puce, lui répond la vieille femme sur son ton maternelle habituelle. Un gars est venu nous voir, mon mari et moi, pour nous demander si ça nous dérangeait d'afficher ça sur la vitrine de notre boutique. Tu penses bien qu'on n'a pas réfléchi longtemps avant d'accepter ! C'est une grosse opportunité pour notre village, déjà que tous nos enfants se barrent de chez nous pour aller dans les grandes villes, non mais je te jure c'est un coup à se retrouver à dépérir chez nous, ça, ils ne se rendent pas compte...

Joanne commence à décrocher un peu de son discours. Elle sort son téléphone portable de sa poche pour prendre l'affiche en photo. Son esprit carbure à cent à l'heure. Est-ce là l'occasion qu'elle avait toujours attendue sans jamais la chercher ? Un signe lui demander de se bouger un peu et d'attendre que tout lui tombe du ciel ? D'arrêter de subir sa vie mais d'enfin commencer à la vivre ? Elle n'en avait aucune idée. Mais elle n'arrêtait pas de penser à cette opportunité folle qu'elle avait devant les yeux. Même le trajet en camionnette ne suffit pas à la faire émerger de ses pensées et elle arrive encore un peu hagarde à la boutique du village.

- Bah dis donc, la mère boulangère met de plus en plus de temps à chaque fois, s'exclame Louise en la voyant arriver. A moins que ça ne soit toi qui te sois perdue en chemin, comme la première fois, tu te rappelles ?

- Hein ? fait Joanne sans comprendre.

- Laisse tomber, soupire son amie avec un sourire.

Elle lui prend les baguettes des mains, se chargeant elle-même de les installer dans leurs paniers de présentation pendant que Joanne regardait une nouvelle fois l'annonce sur son portable.

- Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle avec innocence.

Si Deborah était une femme rude et sans empathie, Louise était quant à elle très douce, toujours souriante, toujours de bonne humeur - et pour de vrai ! Ainsi, elle se faisait l'amie de tout le monde et il était difficile de ne pas se confier à elle, pour quoi que ce soit.

- C'est une annonce que j'ai vu à la boulangerie. Pour un emploi dans la région.

- Ah bon, fait Louise en disposant les viennoiseries dans la vitrine. Je pensais que tu rentrais chez toi après les vacances, pourquoi ça t'intéresse autant ?

- C'est pour travailler sur un tournage.

- C'est pas vrai ?

Cette fois, elle avait vraiment réussi à capter l'attention de son amie, qui s'était tournée vers elle, délaissant ses précieux pains au chocolat pour la regarder. Elle essuie ses mains sur son tablier pour lui prendre le téléphone des mains et regarder par elle-même l'intitulé exact de l'annonce. Quand sa lecture est finie, elle a, à peu de choses près, une réaction similaire à celle de la boulangère.

- C'est étonnant, dit-elle en reprenant la disposition de sa vitrine. Je veux dire, pour notre région.

- Oui, c'est ce qu'on m'a dit.

Louise était une fille de la Provence, au contraire de Joanne. Avec son accent légèrement mélodieux et son teint un peu plus bronzé que le sien, elle avait tout de la vraie Provençale, là où Joanne se promenait avec son épiderme pâle du Nord de la France. Quoiqu'elle avait pris quelques couleurs cet été, ainsi qu'une bonne dizaine de coups de soleil sur sa peau fragile, mais elle ne rivalisait toujours pas avec son amie.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? reprit l'apprentie boulangère en ouvrant les volets de la boutique.

- Je t'avoue que je ne sais pas, répondit Joanne en soupirant. Je veux dire, c'est pas non plus comme si j'avais déjà quelque chose de prévu à la rentrée.

Those Ocean Eyes [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant