(♧♧♧) [Promets-moi]

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On ne peut plus vraiment dire Joyeux Anniversaire avec tant de retard, mais c'est quand même pour toi ~

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- Monte dans ce putain de train, Yoongi. Ne te retourne pas pour me faire coucou, ne me regarde pas m'éloigner par la vitre. Tu sors de là, tu prends ton bus, tu rentres à l'internat. Tu acceptes ta punition quelle qu'elle soit, et c'est ta dernière connerie jusqu'à ta majorité. Tu travailles, et tu reviens me voir avec dix-huit bougies et ce putain de diplôme.

- Bus, internat, punition, travail, bougies, diplôme.

Namjoon l'écoute réciter comme un automate et hoche la tête, le cœur en vrac. Ils s'étreignent une dernière fois.

- File.

Yoongi se hisse sur la pointe des pieds. Il cache un baiser d'adieu dans le cou de Namjoon, camouflé par le col de sa veste.

- Appelle-moi, murmure-t-il en prenant discrètement sa main.

Namjoon renoue leurs petits doigts ensemble. Ils scellent encore une fois leurs promesses en silence. Puis leurs mains se détachent. Namjoon fait demi-tour. Yoongi monte dans le train. Pas un ne se retourne.

Ils pensent à la même chose : trois cent quatre-vingt jours, et ils seront libres.

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   Les trois premiers mois sont vivables, on peut même dire qu'ils passent vite. Le secret qu'ils partagent les anime, ils portent leur amour comme des lunettes à verres teintés et toutes leurs pensées sont dirigées vers l'autre. Jour après jour, ils s'aiment.

Le quatrième mois est charnière. Ils s'en rendent compte plus tard. Ce n'est pas tant la souffrance d'être séparés ; c'est l'incompréhension, l'insatisfaction, l'agacement qui en découle. Plus difficile à gérer que la douleur, et bien plus dangereux. Namjoon le réalise rapidement. Il s'est toujours dit capable d'aimer à distance. Il croit fermement que le couple ne doit pas entraver les objectifs personnels, et si sa moitié doit partir travailler quelques mois à l'autre bout du monde, il se dit prêt à l'accepter. Cependant, Namjoon n'avait pas envisagé de construire une relation à distance. Une relation inexistante avant la séparation. Une relation forcément bancale, privée de fondations, où les codes de communication ne sont pas encore acquis, le fonctionnement du couple n'est pas déterminé. Et il ne suffit pas d'établir une liste de règles comme sur un contrat. Il y a des limites indécelables, imprévues, insidieuses, qui surgissent brutalement les soirs de fatigue et se dressent comme autant de murs entre eux. Un mot trop haut, une pique amusante mais mal perçue, la lassitude, aussi, de n'avoir que l'écran, la voix, et non la chair.

Car ce qui manque, ce n'est pas la douceur de la peau, la beauté du sourire, et toutes ces bêtises poétiques. Non, c'est humain, animal, organique. L'odeur primale, avant la douche et le parfum, l'odeur du corps au cœur de la nuit, l'odeur de la nuque au petit matin, juste à la racine des cheveux. La température, le poids, le souffle. Certains soirs d'ailleurs, Yoongi s'endort au téléphone et Namjoon ne raccroche pas, il écoute les bruits de son sommeil, sa respiration calme, ses marmonnements.

L'amour ne flanche pas ; pourtant le couple devient pénible. Sujet à tensions. Source d'angoisses.

Plus d'une fois, Yoongi l'appelle et annonce d'une voix subitement grave qu'il va s'enfuir et le rejoindre. Namjoon refuse, Yoongi s'énerve, il utilise la colère pour masquer son profond chagrin. 

Pas à pas, ils se sont habitués à l'absence. La douleur s'étiole. Elle se change en un regret constant, la frustration de ne pas être ensemble.

Gift Box [Closed]Where stories live. Discover now