Chapitre 6

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Les derniers jours de vacances s'épuisent trop vite entre les ballades sur la plage, une lettre de Fulgence distribuée par Monsieur Gargon, les jeux de sociétés dans le hall, les courses en balai de Faustinien et de Minervin, les ronchonnements de Naïsse et les ''bonnes blagues'' de Phodore et ses amis.

Le deux septembre, jour de la rentrée, Madame Florville fait distribuer les emplois du temps. Meredith est dépitée en voyant le sien, elle ne termine jamais plus tôt que dix-sept heure et vendredi à dix-huit heures. Monsieur Turimbert est toujours leur professeur principal. Le premier cours de ce lundi est Botanique et le dernier est Français.

Ce jour-là, pendant la pause de midi, Meredith et Hector voient Filéas entrer dans le hall avec Monsieur Raisène. Tous les deux portent d'énormes caisses en bois tamponnées du logo de la boutique Occulus dans leur bras et sont suivis par un escabeau qui sautille comme un cabri.

Sous le regard curieux des apprentis sorciers présents dans le hall, les deux hommes montent ouvrent une boîte de quelques coups de baguette magique en sortent des espèces de bouts de bois tarabiscotés. En s'approchant un peu, Meredith voit qu'il s'agit de rhizocculaires, ces racines cyclopes qu'elle a vu à Solanum. Filéas fait venir l'escabeau dans un coin du hall et commence à l'escalader une fois qu'il est sur a dernière marche, c'est à dire, à deux mètres du sol, il donne un coup de talon sur l'échelle qui déplie une dizaine de marches venues de nul part.

Ces marches suffisent au jeune adulte pour atteindre le plafond et pour accrocher le rhizocculaire dans le coin.

En bas, M. Raisène empoigne l'escabeau et le tire un peu. L'objet commence alors de lents mouvements pour se déplacer vers le prochain coin en évitant de faire tomber Filéas qui s'est assis pour être plus stable.

Il s'arrête dans le prochain coin et accroche la racine. Ensuite, il redescend et prend une poignée complète de racines.

Les deux hommes font plusieurs fois le tour de la pièce pour accrocher les créatures à différents endroits sur le mur du hall.

Suite à cela, Filéas descend de l'échelle et celle-ci les suit, lui et le concierge vers le premier étage. Là-bas encore, même manège, et dans les prochains étages aussi. Certains élèves, curieux et à la langue bien pendue, vont leur demander ce qu'ils font mais aucun des deux n'accepte de répondre sous prétexte qu'ils ont trop de travail et que Madame La Directrice leur expliquera.

Alors, bien entendu, durant les heures qui séparent la pause de midi et le repas du soir, on se fait passer des on dit que et des potins. Certains disent que c'est la nouvelle déco, d'autre que Florville veut éviter une nouvelle disparition, ce qui semble rassurer Philizas, dont la plus grande phobie est de disparaitre à cause de cette « Académie de Sorcellerie de malheur », d'autres racontent que la directrice veut interdire aux élèves de s'embrasser dans les couloirs, d'autre encore qu'elle a vu un intru dans l'établissement dont le but est de tuer les élèves ou de les kidnapper, ce qui fait bien sûr paniquer Philizas qui demande alors à Meredith de l'accompagner à sa salle de classe.

Là où l'ignorance règne, l'imagination est reine.

Heureusement, les cours finissent par prendre fin et Meredith, Hector et Athénaïsse peuvent enfin prendre place dans le réfectoire, accompagné de Philizas, évidement, qui ne semble pas comprendre que sa cousine voudrait passer du temps avec ses amis et que manger avec des gens de son âge est un des moyens de se faire des amis. Le trio de troisième est bien entendu tout aussi fébrile que le reste des élèves quand Hadeltrude Florville se racle la gorge pour commencer son discours.

« Mes chers élèves. J'espère que vous avez passé une bonne rentrée. Si vous avez le moindre problème, Madame Feuilleblatte, notre infirmière, est là pour vous aider. Bien. Aujourd'hui, nous pouvons remercier Monsieur Raisène, notre concierge, et Filéas Murk, un ancien élève qui travaille actuellement dans la boutique Occulus à Solanum. Grâce à eux, nous sommes tous en sécurité. En effet, ils ont tout les deux installés plus d'une centaine de rhizocculaires, des racines qui servent plus ou moins de camera de surveillance chez nous les sorciers, dans le bâtiment. Vous êtes tous au courant, bien entendu, qu'un élève a disparu l'année dernière entre ces murs. Ces rhizocculaires serviront donc d'alarme qui nous préviendront grâce à un cri strident du moindre problème. Pas besoin de me remercier, votre sécurité et votre éducation sont mes priorités. Des questions ? » Madame Hadeltrude scrute les visages dans la salle avec cet air intimidant dont elle a le secret. Cet air qui donne l'impression qu'elle lit en vous comme dans un livre ouvert. Elle s'apprête à reprendre la parole, espérant sans doute que sont regard a découragé les plus curieux mais contre toute attente, Naïsse se lève.

Meredith Clairensac 2Where stories live. Discover now