Chapitre 3

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Le lendemain matin, Meredith se lève de bonne heure. Une douce odeur de café la mène hors de son lit.

Dans la cuisine, sa grand-mère déguste son petit déjeuner en écrivant ce qui semble être une lettre. ''Bonjour !'' Lance elle, sans même lever la tête. D'un coup de baguette, elle dépose une tasse de chocolat chaud sur la table. ''Salut ! Bien dormis ?'' Lui répond l'adolescente en sortant une assiette de l'étagère. Elle s'installe à la table. ''Tu fais quoi ?''

Aucune réponse. Meredith ouvre le pot de miel et tartine une tranche de pain. Elle essaye, en essuyant méticuleusement la cuillère contre le bord de la tartine, de retirer toutes les miettes arrachées par le miel et collées sur le couvert. Peine perdue...

Elle calle la cuillère sur le bord de son assiette de manière à ne pas faire couler de miel sur la nappe. Tout en évitant d'en faire tomber de sa tartine, elle mord dedans avant de lorgner sur la lettre qu'écrit Ernestine.

Elle hésite un peu avant de réitérer sa question.

''Tu fais quoi, Ernestine ?

-Moi ? J'écris une lettre à la section zoologie, au bureau des esprits pour les prévenir de la migration des arbres mouvants. En suivant leur trace, je suis arrivée à l'endroit où ils ont été surpris par le jour. J'ai récupéré leurs cendres dans cette boîte.'' Elle désigne du menton une boîte à biscuit scellées avec du scotch noir. '' D'après mes calculs, un sur les sept a réussi à atteindre le prochain bosquet. Comme c'est des esprits plutôt rares, le Ministère tient à tenir les comptes des individus. D'ailleurs, tes parents m'ont demandé de te renvoyer à Paris. Il n'y avait plus de tickets pour aujourd'hui donc je te propose d'utiliser l'ancien balai de ton père. Il a quelques fissures dans le bois mais c'est réparable. Il y a du scotch sur le plan de travail. À mon avis il faut que tu partes vers onze heures pour arriver avant la nuit chez toi. On se reverra dans une semaine.''

Meredith hoche la tête lentement et débarrasse ses couverts.

Sans un mot elle part se préparer et préparer son sac. Il va bientôt être dix heures quand elle redescend.

Ernestine étant introuvable, elle s'occupe elle-même du vieux Bourdon 53, le balai de son père.

C'est un balai petit et massif, très peu aérodynamique, dont le manche, en bois fendu de toutes parts semble prêt à se briser au moindre mouvement. La brosse aussi est dans un piètre état. Dégarnie comme le crâne de monsieur Raisène, les seules branches restantes sont abimées et effilochées.

Embarquant scotch, ciseaux et balai, elle va s'asseoir sur le perron. Le premier morceau de ruban adhésif sert à consolider le manche puis un deuxième, puis un troisième et ainsi de suite. Elle n'arrête que quand elle juge que le bois, dont on ne voit plus grand chose, est suffisamment solide pour le voyage jusqu'à Paris.

Son regard se pose ensuite sur la maigre brosse. Madame Dubois, la professeure de balai avait bien expliqué que la brosse d'un balai est essentielle à son équilibre.

Pour voire les améliorations qu'elle peut effectuer, Meredith commande au balai de léviter au-dessus de la pelouse. La jeune fille se hisse sur l'objet et bascules-en moins de deux.

Grommelant une injure entre ses dents, elle se relève et se met en tête de ramasser des brindilles de bonne taille pour en garnir le balai. En un petit quart d'heure, l'adolescente en a ramassé une grosse poignée qu'elle accroche à la brosse avec un long morceau de ruban adhésif.

Encore une fois, elle commande au balai de léviter au-dessus de la pelouse. Encore une fois elle se hisse dessus mais cette fois, elle ne retombe pas. Cramponnée au manche, elle commence à voler vers l'autre bout du jardin. Le guidage n'est pas aisé mais c'est largement suffisant, espère Meredith.

Meredith Clairensac 2Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα