Chapitre 4

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Allongée dans son lit dans la pénombre de sa chambre, Meredith étouffe ses larmes dans son oreiller.

Elle s'en veut de pleurer pour quelque chose d'aussi débile, mais ce sentiment d'être tiraillée entre deux partis est trop puissant. D'un côté, ses parents, leur interdiction formelle et la promesse qu'elle leur a faite, et de l'autre Ernestine, la prophétie, le monde des sorciers et la Dame Blanche à libérer.

Hier soir, après leur discussion, son père a rangé les carnets d'Anatolie dans un coffre auquel elle n'a pas accès, pour éviter toute recherches de la part de leur fille.

Elle a l'impression d'avoir perdu la confiance de ses parents et celle d'Ernestine aussi. Cette dernière était si distante ce matin !

Pour retrouver son calme, Meredith inspire tranquillement et ferme les yeux en se promettant d'en parler avec ses amis, Athénaïsse, Fulgence et Hector. Eux pourront la conseiller.

La semaine à Paris passe lentement, Meredith essaye de rattraper le temps perdu avec sa famille et ses amis du collège. À la fin de la semaine, les Clairensac embarquent dans leur voiture pour se rendre au manoir d'Ernestine et y retrouver Ernestine, Sylbert, Émilienne, Nymphodore et Léontien.

Dans le coffre, entre les sac de voyage de chacun des quatre membres de la famille, on trouve l'Étincelle 500 de Meredith, sa valise remplie de ses manuels de quatrième, qu'elle va devoir donner à Philizas à la rentrée, ses jupes et ses chemises d'uniforme, que sa mère a ensorcelées pour qu'elles soient encore à sa taille, des vêtements pour le temps libre, quelques romans, son cartable et sa trousse, des cahiers, les gamelles de Charbon, qui se prélasse sur ses genoux pendant tout le trajet, se réveillant parfois pour miauler, un petit paquet de croquettes, une tenue de sport et une tenue de balai, sa trousse de toilette, son maillot de bain, et quelques autres affaires.

Sur le siège entre elle et son frère, Meredith a calé le terrarium de Wiglaf, son escarchat.

Le voyage se déroula lentement et ils arrivèrent à l'heure du dîner chez Ernestine. En descendant de la voiture, Meredith remarque que la veine noire sur la tourelle a grandie et qu'elle descend maintenant jusqu'à la fenêtre du deuxième étage.

La semaine passe tranquillement, entre les ballades dans la forêt et au bord du ruisseau qui la parcoure avec Phodore, Léontien et Éric et les jeux de société le soir, en famille. Le seul hic dans cette harmonie reste le comportement de la doyenne Clairensac.

Ernestine semble perturbée même si elle n'en parle pas. De temps en temps, sa petite-fille la surprend en train de soliloquer ou de contempler pendant plusieurs minutes le même point invisible à l'horizon. Elle interrompt régulièrement ce qu'elle est en train de faire pour feuilleter un grimoire dans sa bibliothèque. Beaucoup trop souvent, elle griffonne compulsivement dans un petit carnet qu'elle range dans sa poche. De plus en plus souvent, elle paraît lointaine et calme et grave à l'exception de son sourcil qui s'agite alors soubresauts.

Meredith a déjà surpris les adultes en train d'en parler entre eux dans la chambre des parents de Meredith. Ils parlaient de Strasbourg et de médecin, elle a aussi compris qu'ils ont été mis au courant pour la prophétie et que Sylbert et Émilienne partagent l'avis de Louise et Thilbault.

Mais très vite, le moment vient pour Phodore et Meredith de retourner à Pierre Grise.

Les deux cousins prennent leur envol aux alentours de neuf heures et atteignent l'Académie peu avant treize heure.

Là-bas, devant le portail, règne l'effervescence de la rentrée. Les amis se retrouvent bruyamment, les nouveaux angoissent, accrochés comme des arapèdes à leurs rochers à leurs parents.

Meredith Clairensac 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant