Chapitre 3

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Mon arrivée dans le monde onirique ce fait comme à son habitude. En douceur. Je me retrouve dans un décor sombre. Une sorte de troue en terre. J'ai pris possession du corps puissant d'un de mes animaux de pouvoir. Mon corps n'est plus humain, mais panthère. Mon pelage sombre est parfaitement accordé à la noirceur du trou dans lesquels je me trouve. Mes yeux jaunes ce lève sur l'extérieur, là où dehors, le soleil brille, loin derrière un feuillage lointain d'arbres tropicaux. J'ai l'habitude de me retrouver ici. Le schéma se répète à systématiquement quant dans ma vie, je fais face à un choix. L'inertie qui me prend, le temps que je me décide, ressemble à ce piège à fauve, duquel je dois m'extirper. A chaque fois.

Alors sans hésiter je bondis de toute la puissance de mes pattes arrière de panthère. Mes griffes s'accrochent alors à la terre meuble et détrempée qui glisse, grasse et gluante. Mais je ne m'arrête pas. Sans attendre je me propulse encore et encore, escaladant ce mur de boue qui voudrait m'enfermer. Tendus comme un arc, je parviens enfin à poser une patte sur le rebord. Mon corps svelte et puissant d'animal fait la suite sans mal, terminant de m'extirper de cette première épreuve.

Je connais cette routine. C'est pour cela que je ne m'attarde pas et m'élance dans la forêt sans un regard en arrière. Observer de loin l'épreuve passé ne me sert à rien. Je sais que je me dois d'avancer. Très vite, mon corps sombre et agile disparaît sous les feuillages vert et dance de la forêt, avalant mon mystère.

La vision change subitement et je me retrouve brutalement à me réceptionner sur le sol meuble d'une plage. Accroupie, une main à terre, j'ai arrêtée ma chute avec grâce. Mon apparence, de nouveau humaine, est totalement nue. Mes longs cheveux blonds, parsemés de longues tresses flottent paresseusement sous le vent léger qui domine de son silence ici. Des nuages bas et gris donne à la mer devant moi, une teinte envoûtante. On dirais qu'il va pleuvoir. Mais, c'est ici que je vais l'attendre.

Et il ne tarde pas.

Derrière moi, j'entends le sable bruisser sous la réception d'un corps venus des cieux.

- Je t'attendais.

Me dit une voix masculine, que je connais bien. Je me retourne, le sourire déjà aux lèvres et me précipite dans les bras de mon gardien. Celui qui veille sur mon âme. Mon protecteur de toujours.

- Je sais. Lui répondis-je simplement en enfouissant mon nez dans son épaule.

- Beaucoup de choses ce sont passé depuis ta dernière visite. Il va falloir m'écouter avec attention.

- Je t'écoute toujours avec attention.

- Maintenant oui, c'est vrai.

Je m'écarte de lui pour pouvoir relever les yeux et les plonger dans les siens. Toujours aussi bleu cobalts et toujours aussi mystérieusement voilé par quelques mèches blondes et rebelles. C'est grandes ailes blanches nous entourent, protectrice. Sa toge bleu clair sent comme à chaque fois ce mélange diode et de fer. Oui, il est toujours aussi beau et lui-même. Il a sur le coin des lèvres ce petit sourire moqueur qu'il me darde quand il se moque de moi. Mais ça fait longtemps que ça ne m'agace plus. Pourtant, une lueur dans ses yeux a changé. Il semble tourmenté. Inquiet.

- Je t'écoute.

Lui dis-je, soudainement très sérieuse, en m'écartant de lui.

- Il y a trois jours, une prophétie amérindienne a été enclenchée. La porteuse de la Flamme à jouer son rôle et à renvoyer la pierre à son futur protecteur.

- La Flamme ? Demandais-je perplexe par cette nouvelle histoire.

- Oui, une énergie très pure, capable de rendre à l'homme son cœur de soit même. Avec elle, l'être humain pourra enfin enfoncer les limbes de sa peur et s'écouter profondément. Elle brisera tous les vieux encodages posés par vos vieux codes d'humains. Elle brisera les chaines mentales pour que vous puissiez retrouver la paix de l'esprit et du tout.

Je fronce les sourcils. C'est possible tout ça ? Je suppose que oui, car mon gardien ne m'a jamais trompée. Mais imaginer une telle puissance me fait frissonner. Ça résoudrait tous les confits ! Mais... c'est tellement irréel !

- Ou est le hic ? Et que-ce que j'ai à voir là-dedans ?

- Et bien, pour réaliser le septième feu, son porteur actuel devra l'amener jusqu'au Pérou, là où les montagnes touches les esprits et là où l'attendent les sages capables d'ouvrir et de libérer le cœur sacré de la Flamme. Tu vas devoir t'y rendre, car tu as aussi un rôle à y jouer.

Je digère l'information en baissant mes yeux inquiets au sol. Au Pérou... Un si long voyage. En pleins cahot. Oui, oui, facile...

- Que... comment je suis supposée faire ça ? Le monde est fou dehors, tu te souviens ?!

Il posa alors une main réconfortante sur ma poitrine. Attirée par ce geste tendre, je relève les yeux pour les poser dans les siens. Il semble si confiant soudainement. C'est comme si j'avais plongée, sans en être avertis, dans une mer chaude et douce. Apaisante.

- Avec ton courage.

Je poussa un petit soufflement, mis désespéré, mis moqueur.

- Nous sommes avec toi. Tu réussiras.

Continua-t-il d'une voix qui ne laissait pas la place aux doutes.

- Mais... que-ce que j'ai à faire dans tout ça ? Et comment je traverse l'océan ? Et qui est le porteur de la Flamme, je dois le rejoindre ?

Mon gardien a ce petit rire, ce petit rire qu'il a toujours quand je pose trop de question. Ce petit rire qui veut dire qu'il ne répondra pas à mes questions.

- Tu dois avancer pour savoir. Ton cœur connait la réponse. Il reconnaîtra tout de suite le porteur de la Flamme.

Il posa un doigt sur ma poitrine. Qui me pica légèrement le sternum, là où se trouve mon cœur.

- Il te frappera ici et tu n'oublieras jamais cet homme.

Son petit sourire en coin refait surface. Lui, sait déjà ce qu'il va se passer mais ne peut me le dire. Il ne peut que me pointer du doigts la bonne direction. Il ne me reste alors plus que le choix d'affronter mon destin, même si j'ai franchement la trouille. Mais ce petit sourire me fait supposer que quelque chose d'intéressant m'attend. Je le vois dans ces yeux.

- Jamais.

Répétât-il juste pour faire monter ma frustration.

- Pourquoi jamais ? C'est qui ce mec ? Il ressemble à quoi ?

Je n'avais pas fini d'énumérer toutes mes questions qu'il s'approcha de moi, me déposa un baisé léger sur le front et relevât ses longues ailes blanches. Il m'informait ainsi que la discussion n'irait pas plus loin. Il fit quelque pas en arrière sans me quitter des yeux.

- Prend soins de toi Satinka, fille de la Déesse Mère et fait attention aux hommes qui viennent en amis. Ta terre ne recèle plus qu'un seul ami et il marche déjà vers le Pérou et vers toi. Bonne chance ma sœur.

Je leva la main pour le retenir mais il avait déjà rabattu ses ailes sur le sol pour se propulser à plusieurs mètres de moi, haut dans le ciel. Très vite, il ne fut plus qu'un point, puis... plus rien. J'aurais pu sortir les miennes et le suivre. Mais pas expérience, je savais cette poursuite inutile. Les esprits ne nous aident que quand c'est absolument nécessaire. Et quand ils disent non, il est parfaitement inutile d'insister. Un esprit ne cède jamais sous la pression car ils ne ressentent pas de culpabilité. Ils sont droit et sincère. Juste et lumineux. Totalement pur.

Il était temps donc pour moi de retourner sur Terre et de mettre en œuvre ce qui m'a été indiqué. Aussi dur et impossible que ça me semble l'être. 

SatinkaWhere stories live. Discover now