La porteuse de Flamme

16 0 0
                                    

Le monde des esprits est vague, tellement vague. Plus grand encore que l'esprit humain. Mais elle en connait chaque recoin, chaque merveille et chaque piège. Enfin... C'est ce qu'elle se prête à croire.

Ses grandes ailes noires battent furieusement dans l'air cotonneux, chargé de nuages humide et blanc. Elle sent les gouttelettes alourdir ses plumes. Rendant son déplacement moins fluide, plus laborieux. Mais ici, tout est suggestion, rien n'est vrais mais rien n'est faux non plus. D'ordinaire elle se serait concentrée pour faire naître un soleil salvateur et ainsi laisser disparaître ces nuages qui l'ennuies, qui la ralentisse. Mais là... Namaelle à terriblement peurs. Elle se sent seule et en danger. Elle serre contre sa poitrine son précieux trésor. Celui capable de sauver l'humanité. Pourquoi elle ? Elle l'ignore. Mais elle sent derrière elle le souffle de centaines de démons assoiffée de posséder cette lumineuse bille qui pulse de pouvoir vital. Pur et tellement abondante qu'elle n'a pas de fin.

Sous elle un océan d'eau salé défile de couleurs et de vagues douces et calme. Elle est coincée. Son esprit fatigue et elle se fait rattraper.

- Donne nous la Flamme fillette et nous laisseront ton âme en paix.

C'était une voix profonde qui avait parlée. Une voix inquiétante, qui semblait venir de toute part. Qui te traverse les os et vibres en ton intérieur sur la corde sensible de la peur. Une voix qui te glace le sang. Qui te transperce et te fait claquer des dents.

Les griffes d'un démon, créature sombre, aux ailes décharnée et à la gueule béante de fureur, lui frôle un mollet en essayant de s'en saisir. Le cœur de la jeune femme bondit dans sa poitrine en même temps que la peur et lui donne le courage de fournir de furieux coup d'aile pour s'éloigner de cette chose si effrayante. Elle n'a jamais vu autant d'âme égarées que ce soir-là. Ça fait un moment pourtant qu'ils la poursuivent. Depuis qu'ils l'ont trouvée lors d'un songe et savent qu'elle porte la flamme pour la mener aux sages de l'Ascension. Ascension qu'elle cherche désespérément. C'est pour ça que chaque soir elle y retourne. Presque mécaniquement. Chaque soir elle rallume ses bougies, croise ses jambes et entres-en une profonde méditation. Chaque soir... elle craignait qu'il n'arrive ce qui est justement en train de lui arriver. Au fond d'elle-même, elle savait que ça allait ce réaliser. Ce n'était qu'une question de temps. Ses gardiens lui avaient pourtant bien dit que ce n'était pas à elle de l'apporter aux sages. Qu'elle n'était que la sixième flamme, celle qui devait transmettre. Non pas celle qui devait réaliser le septième vœu.

Une deuxième griffure l'oblige à regrouper ses ailes en arrière, tel une flèche parfaite et piquer vers l'onde bleu nuit de l'océan. Le vent lui siffle aux oreilles. Elle ne se retourne pas, mais elle sait que derrière elle le nuages noirs et avide de créatures la suit en une trajectoire parfaite. Elle entend très bien le bourdonnement de leurs millets d'ailes noirs et troués. Elle sait même qu'en leur centre vole une dragonne noir, tel une reine et sa ruche. Elle sait que c'est elle qui l'a menacée de sa voix sans âge. Et elle sait aussi que c'est elle qui peut attraper et broyer son âme.

On ne revient pas toujours d'une méditation. Et si par malheurs quelqu'un venait à la déranger dans le monde physique et la sortir de sa transe... elle se ferait immédiatement attraper et dévorer dans le monde onirique. On ne rigole pas avec les dimensions. Ce n'est pas comme un film avec lequel on peut faire Play ou Pause. Non. Ça ne marche pas comme ça.

Namaelle sait aussi qu'elle devrait renvoyer la flamme, immédiatement, mais elle s'y accroche comme elle nourrit son ego. Elle aimerait tellement être celle qui réalise la septième flamme ! L'héroïne des deux mondes. Elle le pourrait ! Et si elle l'a renvois, son rôle s'arrêtera là et elle retournera à ses médiations sans autres buts que le développement de soit même. Elle estime ne plus en avoir besoin... Et ceux même si ces gardiens lui disent qu'elle manque cruellement  d'entrainement. Pour être un guerrier de lumière, il faut vaincre son ego disent-ils. Son double sombre. Et Namaelle semble visiblement ne pas l'avoir encore fait...

- Aidez-moi s'il vous plait. Je vous en conjure ! Suppliât-elle en levant fugacement les yeux au ciel.

Un homme apparut alors subitement à côté d'elle, sculpté comme l'idéal, magnifique, dardé de deux ailes blanches et puissantes. A sa ceinture, seule chose qui soutient une unique étoffe couleur nuit cachant son intimité, brille une épée aux reflets bleu. Il semble voler à côté d'elle sans peine. Comme si pour lui tout était plus facile.

- Namaelle. Renvois la Flamme, participe au bien en suivant la prophétie. En refusant de la retransmettre tu laisses le monde s'envenimer encore un peu plus. Il ne nous reste que très peu de temps. Renvois là et je t'aiderais. Nous t'aiderons tous.

Les yeux bleues gris de l'ange, presque caché sous de longue mèche blonde observent avec tristesse le visage de Namaelle se froisser par la contradiction. Il sait qu'en le cœur de la jeune femme se déroule une guerre. Une guerre qu'elle va perdre. En démontre les énergies qui l'entourent. Il connait son destin et attend qu'elle veuille bien en prendre le chemin.

- Namaelle. Ne te détourne pas de nous. Tu sais ce que tu dois faire.

Les ailes de la jeune femme redoublent de force alors que des larmes de frustration coule sur ses joues bombées et belle. Elle se voyait si bien changer le monde. Elle en avait tellement envie ! Elle ne peut même plus parler car son souffle cris entre ses dents serrée. Elle sait qu'elle n'a plus le choix. Si même son gardien se refuse à l'aider, c'est qu'elle est incontestablement sur la mauvaise route. Mais il faut parfois du temps pour l'accepter. Pour acquérir la sagesse nécessaire à l'amour universel et non uniquement de soit même.

Mais cette fois-ci, la patte griffue du démon s'enroulât sur sa cheville, lui tirant un cri effrayant. D'un coup sec l'âme sombre le tira à lui et coupa sa trajectoire droite et filante pour la faire virevolter en arrière. En un instant elle était cernée par les ailes noirs, les serres et les bruits effrayants des gueules béantes des âmes perdus qui l'entouraient maintenant de toute part. Comme un funeste nuage aux tristes présages. La dernière chose qu'elle vit fut les yeux rougeoyant de la dragonne, ainsi que sa gueule béante pleines de crocs cauchemardesque. Dans un dernier effort, Namaelle s'enveloppa de ses longues ailes noires, ultime et dernier rempart. Ce laissant tomber tel une pierre dans les cieux. En son sein, elle approchât sa bouche duveteuse de la pierre de Flamme, si belle et si précieuse.

- Ô mère des mères salvatrice, énergie sans ombres, d'amour, couleurs de vie et de paix, je te demande de rejoindre ta future âme. Merci pour ton passage dans ma vie. Que ta route soit victorieuse. Ainsi soit-il, merci, merci, merci.

Une lumière vive, aux intensités sans pareils traversa la jeune femme aussi vite que la dernière syllabe de son incantassions avait traversée ses lèvres. Elle expulsât les démons loin de Namaelle et disparut en même temps que la pierre qui se trouvait entre ses mains. Une grande déflagration fit onduler le monde des esprits et laissa les démons fous de rage, perdu et sans but. Un grand bourdonnement se laissa alors entendre. Mais Namaelle ne regardait plus. Rouler en boule entre ses ailes qui la protégeaient, elle chutait, chutait, chutait. Complètement étanche à ce qui pouvait bien se passer maintenant.

Si elle avait ouvert les yeux, elle aurait vu de grandes lumières apparaître, tel des rayons d'or projeté par le ciel. Ils étaient là. Des milliers d'hommes et de femmes ailées, tous équipé d'une arme qui leurs est propre. Une arme d'orée aux reflets blanc et pur. Une armée d'ange qui percuta sans hésiter la ruche et sa reine sombre.

Des bras puissants l'attrapèrent, arrêtant sa course. C'était doux et agréable. Mais ça n'arrêta pas ses larmes.

- Merci Namaelle. Tu viens de donner au monde une nouvelle chance. Nous te protégeront. Rien ne t'arrivera plus à présent.

Dépliant ses longues ailes noirs, elle croisât le fer du regard clair de son gradient qui le tenait fermement dans ses bras avant de revenir à elle. Transportent son âme du monde des esprits à son corps physique que l'on nomme ici, sur cette terre, Natacha. Revenus alors sur son lit à fleurs, dans son appartement simple et sans fioritures, elle s'écroula sur ses draps en pleurant. Elle se rendit alors compte qu'elle avait voulus garder à elle seule la Flamme, cette énergie si pure d'amour qu'elle ne reçoit pas ici. Dans ce monde de dualité et d'apprentissage difficile. Elle se sentait triste de ne plus la sentir en elle. Triste et vide.

Mais elle avait rempli sa part dans la grande guerre qui régit ce monde. 

SatinkaWhere stories live. Discover now