Chapitre 5

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La sorcière récupéra les deux armes qu'elle avait utilisées dans son combat, l'une était tachée du sang de Percy. Il lui serait utile plus tard, aussi elle ne l'essuya pas.

Elle se dirigea vers l'habitacle où son ennemi se terrait.

- Qui voulez-vous assassiner ? demanda le sang-mêlé.

- Celui qui sert celui qui me nuit.

- C'est un peu trop énigmatique pour moi.

Le jeune homme lui barrait la route avec son épée.

- On ne va recommencer à se battre, laisse-moi faire mon devoir, s'impatienta la tueuse.

- Alors dites-moi qui vous voulez tuer et pourquoi.

- Lord Gray devient un peu plus une créature de l'obscure au fil des jours, il faut que je l'arrête.

Le Duc et son ami, qui avait entendu les bruits de bataille, étaient sorti de leur cachette.

- Où est donc votre portrait mon cher ? Il serait dommage que vous le perdiez.

- Il est bien à l'abri, merci de vous inquiéter, répondit Dorian en s'inclinant.

- Cela doit être un malentendu, intervint Percy, Lord Gray n'est pas l'être mauvais que vous décrivez.

- Détrompe toi petit, elle a raison. J'ai passé un pacte avec son maître voilà des années, mais j'étais jeune, je ne savais pas ce qu'il m'en coûterait. Il m'a prévenu qu'une de ses adoratrices le haïssait et qu'elle viendrait me tuer. Grimalkin, je ne suis pas votre ennemi mais un esclave de ses mensonges, tout comme vous.

La sorcière détestait celui qu'elle devait servir autant que le mensonge, aussi était-elle passée maîtresse dans l'art de le détecter.

- Montrez-moi à quel point il vous a rendu mauvais, exigea-t-elle.

Voir l'horreur humaine à son paroxysme, voir jusqu'où celui à l'origine du mal pouvait pousser un homme naïf mais surtout, une demande de confiance. Il ne mentait pas alors qu'il lui montre qui il était réellement et elle lui accorderait son amitié.

- Veuillez me suivre, l'invita Dorian, un faible sourire aux lèvres.

Il lui en coutait de montrer ce portrait, cette âme enfermée et noircie mais il le ferait. Elle pouvait peut-être l'aider à tromper sa solitude et à ne plus passer les siècles sans vengeance et sans personne d'assez résistant au concept du temps.

Le Duc et Percy se tenaient à l'écart, le premier avait été mis en garde contre le danger de voir la vérité, quant au deuxième, il était descendu aux Enfers de nombreuses fois, assez pour voir des âmes obscures contenues dans le Tartare.

Grimalkin suivit l'homme sans âge, qui ouvrit un coffre à l'aide de plusieurs clefs et déjoua un mécanisme plus que complexe.

- Admirez son œuvre.

Elle découvrit le portrait d'une bête qui n'avait plus rien d'humain si ce n'est sa ressemblance avec un ivrogne. Sa peau semblait rongée, en décomposition plus qu'avancée. La masse était enchainée et avait un regard avec bien plus de malveillance que la sorcière elle-même. Elle pencha un peu trop le tableau, du sang coula sur ses vêtements.

- Faites attention, la mit en garde le détenteur du portrait, c'est encore chaud. Je crois que vous en avez assez vu pour aujourd'hui.

- Ce portrait est magnifique.

- Oh ! Ce compliment me va droit au cœur, les gens de nos jours ne savent pas reconnaitre la beauté même quand on la leur présente devant les yeux.

Une fois le portrait rangé, il se dirigea vers son ami.

- La tueuse ne tuera pas cette fois, monsieur. Je propose que nous continuions notre route à présent.

Le Duc, qui n'était pas très à l'aise auprès de cette femme aux dents pointues et qui, d'après ses dires remplissait la fonction de tueuse, fut enchanté de cette déclaration. Cependant, Lord Gray s'était trompé, la tueuse tuera.

En effet, des bruits de chevaux se firent entendre. Les galops de plus en plus rapprochés n'annonçaient rien de bon.

- Des huguenots ! cria un colporteur non loin de là. Les huguenots attaquent, que va-t-il se passer ? Découvrez-le dans les nouvelles du jour !

Son acolyte se mit alors à jouer du violon afin d'attirer les badauds aux alentours.

Le Duc d'Anjou monta sur un cheval, étant fils de Roi, il était supérieur, c'était donc son droit d'utiliser le seul cheval à disposition. Lord Gray qui n'aimait pas les batailles, s'accouda au carrosse de façon nonchalante. Percy qui avait toujours son épée à la main se tint près au combat, Grimalkin se mit également en position, une dague de sortie. Elle caressa les pouces qui pendaient à son cou, aspirant leur force.

Les deux guerriers aguerris échangèrent un regard et avant que les attaquants n'arrivent à leur niveau, s'élancèrent d'un seul et même mouvement. Percy ordonna aux chevaux de stopper leur course, les cavaliers se retrouvèrent au sol, terrifiés par le regard de la sorcière. Une seule dague suffit à transpercer deux corps, qui finirent inertes en quelques secondes de combats. Un combattant mourut de peur devant la tueuse. Quatre autres furent abattus par Percy grâce à Turbulence. Une pluie de flèches s'abattit sur lui mais c'était sans compter les pouvoirs de la sorcière qui les retourna à leurs expéditeurs, qui succombèrent.

C'était un vrai lac de sang et de chair refroidie mais les deux combattants n'étaient pas novices et ce paysage macabre était devenu une habitude avec les années. Ils pourchassèrent tous les attaquants sauf un, qui réussit à s'enfuir.

- Laisse-le partir, ordonna Grimalkin.

- Pourquoi ?

- Je l'ai gravé de mes ciseaux, c'était le plus jeune. Ses compères vont le croire quand ils verront les ciseaux et son air terrifié. Ainsi, ils sauront qu'il n'est pas bon de s'attaquer au Duc pour l'instant et nous serons tranquilles.

- Vos stratégies sont presque aussi intelligentes que celles d'Anabeth.

- Je vais tenter de me sentir flattée de n'être que presque.

Ils rangèrent leurs armes et retournèrent vers le fils du Roi, qui n'avait pas bougé depuis qu'il l'avait laissé.

- Fermez la bouche, Monsieur. Votre grandeur se voit affligée par ce geste, se moqua Grimalkin.

- J'aimerais vous dire que votre impertinence n'est pas tolérée face à quelqu'un de mon rang mais il semblerait qu'être de votre côté et s'attirer vos faveurs sont préférables au vu du décor que vous avez... créé. Aussi, je vous accorde ma protection, diplomatique, j'entends. A vous aussi Percy, vous avez combattu avec bravoure afin de me sauver. Je vous en remercie. Venez avec nous à la cour, avec vous deux, peut-être que l'on s'amusera un peu plus des autres et non plus de moi.

Grimalkin accepta, curieuse de voir à quoi ressemblait la noblesse vue de près. Ils montèrent alors tous dans le véhicule, se dirigeant vers la cour et ses désordres.

- Deux combattants ont mis en déroute des huguenots ! Venez découvrir ce combat dans les nouvelles du jour ! criait le colporteur, toujours accompagné du violoniste.

La Princesse de Montpensier IITempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang